L'Expression

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La salle n°3 du tribunal

Naima K. est une vieille femme handicapée qui ne s’attendait nullement à des poursuites en criminelle, elle, qui, ne s’était aperçue de rien, jusqu’à la convocation, de Dame justice.

La salle n°3 du deuxième étage du tribunal de Dar El Beida (cour d'Alger) était pratiquement déserte vers les 11 heures lorsque la présidente du tribunal criminel (1ère instance) était entrée, suivie de ses deux conseillers, du greffier et de la jeune procureure générale, prête à casser du délinquant, dans le strict respect de la loi.
La cérémonie d'installation du tribunal criminel, avec son chapelet de tirage des quatre jurés qui doivent impérativement prêter serment de se conformer aux règles de la magistrature, dont le secret des délibérations, le greffier allait se farcir la fastidieuse et ennuyeuse (pour les non-initiés), lecture de l'arrêt de renvoi qui évoque les péripéties de l'accusation laquelle repose essentiellement sur l'atteinte aux biens immeubles, article 386 (article 60 de la loi 06-23 du 20 décembre 2006), qui prévoit «une peine d'emprisonnement ferme d'un à 5 ans, et peut aller jusqu'à
10 ans, et une amende de
2000 à 20000 DA, par surprise ou fraude, dépossède autrui d'un bien immeuble. Si la dépossession a lieu la nuit, soit avec menaces, ou violences, soit à l'aide d'escalade ou effraction, soit par plusieurs personnes, soit avec un port d'arme apparente ou cachée par l'un ou plusieurs des auteurs, l'emprisonnement est de 2 ans au moins à 10 ans, et d'une amende de 10000 à
30000 DA». À cela s'ajoute le faux avec ses redoutables articles 216 et 218 du Code pénal, qui punissent sévèrement les auteurs de faux et d'usage de faux de 10 à 20 ans, des faux en écriture authentique ou publique. Pour bien comprendre ce que risquait la pauvre dame, dont les enfants étaient dans la salle, abattus et humiliés de voir celle qui les a enfantés, à la barre sous les tirs nourris de la partis civile et de la représentante du ministère public!
L'article 216, avec ses quatre alinéas, peut envoyer l'accusée pour un bon moment à l'ombre à Chaïba (Koléa) ou aux «Quatre Ha» d'El Harrach (Alger)! Pour l'article 218, «dans les cas visés à la présente section, celui qui fait usage de la pièce qu'il savait fausse, est puni de la réclusion de 5 à 10 ans». Et c'est autour de ces fameux articles, que Me Amine Benkraouda, le conseil de l'accusée Naïma, a élaboré sa longue et détaillée plaidoirie laquelle a été jusqu'au summum de l'émotion, qui a vu les quelques personnes présentes, éclater en larmes «d'argent» pour cette malheureuse «victime» d'une injustice criarde. Et pour enfoncer le clou, comme le criera au milieu de son admirable intervention, l'avocat qui dira que «Naima a été doublement victime d'une machination diabolique, avant de la traîner devant les juridictions, avec tous les désagréments possibles et inimaginables!»
L'expression du plaideur l'a été pour contrecarrer la rude plaidoirie de Me Attouchi, l'avocate de la partie civile, qui a plaidé en droite ligne de la parquetière.
Les deux femmes de loi n'ont pas lésiné sur les qualificatifs pour tenter d'enfoncer Naïma, cette accusée, déjà «enfoncée» dans son fauteuil roulant, le regard hagard, parfois fixé sur Me Benkraouda, qu'elle a choisi comme son sauveur in extrémis de la peine imméritée. Elle est apeurée, effarouchée parce qu'elle n'a absolument rien fait. Elle craint pour tout ce qui se dit hors tribunaux, à savoir que notre justice n'en est pas une!
Les membres du tribunal criminel formé moitié-femmes, moitié-hommes, suit assidûment surtout que la présidente du tribunal criminel fait preuve de beaucoup d'indulgence, écoutant avec beaucoup d'attention les réponses de l'accusée, qui finalement n'a pas trop parlé, laissant le soin, à son défenseur de «défoncer» l'accusation!
Le conseil a fait mieux que défoncer l'accusation, il se permit le luxe de l'abattre, avant de l'effacer grâce à sa percutante et émotive intervention! Il le fit avec maestria en rappelant que «c'est Hakima B. qui a vendu à Fifi B. Med Laounès a fait le faux!»
Les dés étaient ainsi jetés sur le tapis de la justice et des jurés qui ont alors opté pour l'acquittement pur et simple de Naïma K. non détenue, née en 1959 à Bouzaréah (Alger), qui aura alors passé la nuit du 29 janvier 2021, la plus calme depuis... 2017!

De Quoi j'me Mêle

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