L'Expression

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Gravité du candidat indépendant

C'est parti pour 21 jours de campagne. Une scène prise au vol lors du meeting du candidat du FFS, Aouchiche Youcef: «Nous rendrons son autorité (hiba) à l'État.» Raté Monsieur, le candidat! Il fallait trouver un autre angle d'attaque. S'il y a une période historique - hormis celle de Boumediène - où l'autorité de l'État a été restaurée en Algérie, c'est bien celle que nous vivons sous Abdelmadjid Tebboune. Comme en témoigne cette scène prise sur le vif, mais alors là vraiment, de la vie quotidienne. J'étais chez un marchand de fruits et légumes quand un grand gaillard, un mur quoi, s'amène. Un mur ai-je dit? Oui, mais un mur lézardé de toutes parts: béquilles, plâtre tout au long de la jambe. Un mur ne fait pas de peine; pourtant, pour la première fois de ma vie, j'ai eu quelque peine en pensant que ce jeune homme devait être rudement fort avant son grave accident de la route. Je le voyais bien dans une grosse moto se fracasser sur un virage. À l'instar de tant de jeunes imprudents. Comme il était handicapé, je lui cédais volontiers mon tour. Il ne me remercia pas, pas même d'un regard. Ou d'un grognement. Il acheta juste une banane et partit cahin-caha. Stupéfaction: le marchand de fruits et de légumes jubilait. On dirait qu'il était heureux d'avoir vu cet homme en piteux état. Quoi, le marchand avait à la place du coeur un portefeuille? Mais voilà, sans que je l'y invite, il me raconta l'histoire du gaillard. «C'est un voyou, vous savez, une grande gueule qui semait la terreur dans le quartier. Personne n'osait rien lui refuser. Un chenapan, vous dis-je, un sans coeur et sans pitié! Un jour, il voulut se payer un policier en tenue avec qui il avait un contentieux. Il le guetta et l'attaqua, mais il n'avait pas vu - ou Dieu l'a aveuglé - qu'il y avait juste au tournant un fourgon plein d'agents de la police qui vinrent prêter main forte à leur collègue. Ils lui donnèrent une bonne tannée. El Hamdoulillah, tout le quartier était content et soulagé. Depuis, cet énergumène s'est un peu calmé. Cet homme qui nous empoisonnait la vie pensait qu'il pouvait attaquer impunément, comme ça se faisait il y a quelques années, un représentant de l'autorité de l'État. Dieu merci, l'Autorité est restaurée, et chacun paye selon ses faits ou ses méfaits. Aderbou yaâraf maderbou!» que l'on pourrait traduire par «frappe-le, il connaîtra sa place!» Voilà la réponse à Aouchiche. Elle sort de la bouche d'un homme qui pourrait être son père, qui vit au milieu du peuple et qui sait que le peuple accepte mieux l'ordre et l'autorité qu'un laxisme populiste.
Restons avec Aouchiche pour dire que son slogan, Vision, n'en est pas un car il ne porte en lui aucun bénéfice consommateur qui pourrait inciter un électeur à voter pour lui. D'ailleurs, on ne vote pas pour une vision mais pour un homme. Mais là aussi, il a un déficit flagrant en matière de notoriété. Rares sont ceux qui le connaissent. Se réclamant de la gauche populaire et non populiste, sociale démocratie quoi, on verra le jour du scrutin s'il y a encore des Algériens qui croient en la gauche, qui n'a jamais vraiment été incarnée dans notre pays. S'il y a une qualité dont il ne manque pas, c'est bien la fougue. Jeune, il a tout l'avenir devant lui. Pour peu qu'il sache tenir la bride courte à son généreux tempérament qui pourrait le pousser à l'excès. En tout cas, on remarque tout de suite que c'est un bagarreur qui a eu le courage de se jeter dans la bataille même si l'expérience lui fait défaut. Quoi qu'il en soit, c'est tout bénéfice pour lui: il sortira gagnant en... expérience.
Le candidat MSP a déjà un avantage par rapport à son prédécesseur Abderrazak Makri: la voix, une voix posée alors que Makri avait une voix haut perchée aux résonances agaçantes, irritantes pour l'ouïe, ce qui lui avait certainement fait perdre beaucoup de voix. On connaît l'importance de la voix dans le charisme d'une personne depuis les ouvrages du phoniatre Jean Abibtol: les voix basses, les voix graves, les voix profondes ont une emprise directe sur l'auditoire.
Ce sont des voix qui rassurent. Et qui assurent. Abdelaali Hassani Cherif, au même titre d'ailleurs qu'Abdelmadjid Tebboune, font partie de ces chanceux à la voix réconfortante. La voix, c'est la signature vocale. Sans elle, on ne peut rien. Avec elle, on peut tout. C'est l'atout maître de l'orateur.
Quant au programme de Hassani Cherif, rien de nouveau sous le soleil brûlant de ce mois d'août. Des promesses à n'en plus finir. Son programme, intitulé Forsa, qu'on peut traduire par opportunité, n'est pas un programme d'un parti conservateur mais celui d'un parti social-démocrate. Pas une seule idée forte qui pourrait pousser l'électeur indécis à voter pour lui. Rien que des promesses du juste milieu. Il ne promet pas la lune. C'est sa force. Et, paradoxalement, sa faiblesse car l'électeur a besoin de rêve. Et dans ce domaine, Hassani Cherif ne fait pas rêver. Lui aussi, son principal ennemi est son déficit en notoriété. Ni vu, ni connu. Mais cela se soigne avec le temps et une bonne stratégie média.
Venons-en au candidat indépendant Abdelmadjid Tebboune dont la prestation à l'émission «Expression directe» à la télévision a montré un homme modeste, plein d'humilité et déterminé. Il aurait pu, fort d'un bilan positif, égrener toutes les réalisations de son mandat.
Il ne l'a pas fait, voulant presque signifier qu'il partait sur la même ligne de départ que les autres candidats et qu'il lui restait à concrétiser les objectifs de son nouveau mandat, en poursuivant, d'une part, «les réalisations accomplies dans les volets économique et financier» et, d'autre part, «la politique de soutien aux jeunes, la préservation du caractère social de l'État et la réalisation des projets d'habitat, toutes formules confondues». Il faut revenir sur un point. Celui de la gravité de l'intervention d'Abdelmadjid Tebboune. Comme l'est la gravité de la situation internationale où Gaza brûle et le monde regarde ailleurs. Le monde, pas l'Algérie, le Qatar, l'Afsud et quelques autres pays épris de justice. C'est vrai que devant ce spectacle déchirant, on est déchiré humainement. Et la gravité traduit souvent le déchirement intérieur. Sous cet angle, on comprend mieux la gravité du candidat indépendant, Abdelmadjid Tebboune.

De Quoi j'me Mêle

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