Le foulard de Khalida
La tenue vestimentaire de Khalida Toumi ne laisse pas les gens indifférents, puisque le président Bouteflila en avait fait l´un de ses thèmes de prédilection, promettant de concilier la minijupe de Khalida Toumi et le kamis de Abassi Madani. C´était une belle image pour donner corps au thème de la réconciliation nationale.
Et puis en devenant ministre, Khalida s´est essayée à d´autres costumes féminins qui vont avec ses nouvelles fonctions ministérielles: des ensembles, des tailleurs, en choisissant les couleurs pastels qui vont avec son teint. Lors de la visite d´Etat du président de la République en France, Khalida était apparue en tenues de soirée qui se signalaient pas leur raffinement, et qui ont fait d´elle l´ambassadrice de l´élégance à l´algérienne. Le fait nouveau semble-t-il, vient du fait que Khalida s´est prise d´un engouement soudain pour les mausolées et les zaouias.
En tant que ministre de la Culture chargée de promouvoir et de protéger les monuments historiques et les sites religieux, elle a eu donc à visiter dernièrement, dans la wilaya de Biskra, le chantier d´aménagement et d´extension du complexe islamique, un projet qui comprend une salle de prière pour 5000 personnes, une école coranique de 12 classes, un internat de 150 lits, une bibliothèque et une salle polyvalente. Elle a également rendu visite, au cours de la même tournée, au chantier de réhabilitation de Dechra El Hamra, - appelé également le village rouge, et qui est le noyau originel de la ville d´El Kantara, ainsi que le tombeau de Sidi Mohamed Ben Moussa dans la commune de Haouch et la mosquée de Sidi Khaled. Et puis tout récemment encore, Madame la ministre, dans une virée dans la wilaya de Tipaza, n´a pas manqué de rendre visite à Cherchell au mausolée de Sidi Mhamed Ghobrini. «Le mausolée fait partie du patrimoine culturel et historique de notre pays» a-t-elle déclaré pour commenter le sens de sa visite. Ayant fait une bonne partie de sa carrière politique sous les couleurs du «laïcisme», Khalida Toumi prouve par là qu´elle sait faire la part des choses et qu´elle reste attachée au patrimoine culturel et religieux. Ce dont on ne doutait pas.
Nous apprenons par ailleurs, qu´à l´occasion de ces visites aux lieux de culte, elle a mis sa tenue vestimentaire au goût du jour, revêtant un foulard pour la circonstance, dans certains endroits, et même un hidjab dans d´autres. C´est-à-dire que ministre ou pas, une femme est tenue d´adapter son costume à l´endroit et à la conjoncture. L´avantage avec Khalida, pourrait-on dire, c´est qu´elle se prête à ce jeu avec grâce. On a beau dire que l´habit ne fait pas le moine, il fait au moins la femme. On ne sait pourtant pas si Khalida a remisé son combat pour la femme aux vestiaires, en même temps que sa minijupe, ou si son silence correspond à sa nouvelle fonction, devoir de réserve oblige. Mais c´est vrai que l´émancipation de la femme ne se mesure pas à la longueur de sa minijupe. En tout cas, l´évolution vestimentaire de Khalida est différent de celui de la présentatrice vedette de la chaîne El Djazira: cette dernière a voulu afficher clairement ses nouvelles idées religieuses. Jusqu´à preuve du contraire, Khalida est restée fidèle à ses propres idées, même si ses nouvelles responsabilités l´amènent à aborder les choses différemment.