L'Expression

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Les ministres, les vieux et le Ramadhan

De quoi ont besoin nos vieilles et nos vieux toute l'année? D'être «sensibilisés» un mois sur douze...

Cycles. S'intéresser aux conditions de vie de nos personnes âgées peut paraître incongru quand la société a un autre souci: celui des préparatifs du Ramadhan. C'est une activité ministérielle, lundi dernier, consacrée au «lancement officiel d'une campagne de sensibilisation aux orientations sanitaires à l'adresse des personnes âgées durant le mois de Ramadhan» qui a attiré notre attention sur le sujet. Pour vous dire franchement que nous n'avons rien compris au contenu de cette activité. Il y est question de «sensibiliser les personnes âgées sur les gestes barrières» une année et demie après l'apparition de la pandémie. Il paraît que des médecins et des psychologues seront mobilisés pour l'opération qui devra durer tout le mois de Ramadhan. Après les gestes barrières on s'en fiche. En plus, la délégation officielle «s'est félicitée des mesures préventives prises...contre la pandémie au niveau des établissements spécialisés, tels que les foyers pour personnes âgées, à l'effet de préserver leur santé». Charité bien ordonnée...Notons pour ceux qui ne le savent pas qu'il y a 31 centres de vieillesse répartis sur 26 wilayas et qui comptent au total 1597 vieux pensionnaires. C'est lourd à gérer ces vieux «chanceux» pris dans une catégorie de la population qui compte pas moins de 3 millions de personnes. Statistiques de la CNR. Malgré tout, ces futilités ont été utiles. Elles ont fait remonter à la surface le sujet des conditions de vie des personnes âgées dans notre pays et pas seulement dans les centres de vieillesse. Pas seulement au cours du mois de Ramadhan, ce qui n'a aucun sens. Quant à leurs maladies chroniques évoquées par la délégation ministérielle, il faut juste rappeler que la gériatrie n'existe pas encore dans notre pays. Il y a plus d'une année, s'est tenue à Oran, une journée de l'éthique médicale. Au cours de cette journée «le professeur Khaled Layadi, chef de service de médecine physique au CHU d'Oran, a indiqué que la gériatrie, la médecine de la vieillesse et de ses maladies, est encore inexistante en Algérie, soulignant la nécessité de son lancement». C'était le 25 janvier 2020. Savez-vous qu'une de leurs maladies chroniques qui est l'hypertrophie de la prostate n'est considérée par la Cnas comme telle que si elle se cancérise. C'est-à-dire à l'article de la mort. Voilà les vrais problèmes dont souffrent les personnes âgées dans notre pays. Qui sont ces médecins qui vont «sensibiliser» les vieux sur leurs maladies chroniques? Quand une même personne «traîne» deux ou trois maladies chroniques à la fois, à quelle spécialité médicale faut-il faire appel? Il faut arrêter les discours creux dont font usage certains officiels. Hormis les 1597 vieilles personnes dans les centres, comment sont pris en charge les 2 millions 998 mille autres qui sont dans la nature? On a souvent avancé que mettre nos vieux dans des centres était contraire à nos valeurs et à nos traditions. Certes, cela est vrai, mais peut-on aller contre les mutations que subissent les sociétés? L'Algérie d'hier n'est plus celle d'aujourd'hui. La famille algérienne s'est «atomisée». Emigration du rural vers l'urbain et du pays vers l'étranger. En plus de la médecine spécifique qui manque à nos vieux, rien dans leur accompagnement spécifique n'existe. Où est la formation des aides sociales? Où est la priorité qui leur est due dans l'espace public (guichets, transports publics, etc.) pour leur éviter la contamination? La procuration pour le retrait de la pension qui part d'une bonne intention, crée cependant, un autre problème lié à la sécurité du vieux. Les vieilles et les vieux esseulés chez eux (surtout au centre des villes), comment sont-ils suivis par les services publics? Qui se soucie de savoir comment ils s'approvisionnent quand ils habitent en hauteur? On ne peut pas, on ne doit pas demander à n'importe quelle personne de se transformer du jour au lendemain en aide sociale. Et l'envoyer visiter et aider des vieilles personnes chez elles. Un seul hôpital, celui de Birtraria, à Alger, a créé un service de consultations et de soins à domicile. Il ne peut pas répondre à toutes les demandes. Pourquoi les autres hôpitaux ne suivent pas? «L'Etat oeuvre à garantir aux personnes âgées aide et protection» article 71 alinéa 6 de la Constitution. La volonté politique aussi existe. Il suffit de se rappeler le rejet absolu par le chef de l'Etat de la politique dite de «l'immunité collective». Et cela dès le début de la pandémie. Malheureusement, les «wagons» ne suivent pas la «locomotive». Et c'est là qu'intervient l'enfumage!


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