L'Expression

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Un gouvernement 2.0, pourquoi pas?

Curriculum Vitae. L'impact des réseaux sociaux sur le quotidien des Algériens est réel. Il est tellement réel qu'il est rare de trouver un seul Algérien qui vit sans son smartphone. Ce micro de poche dont il ne se sépare jamais. Soit pour communiquer gratuitement en audio et vidéo, via des applications, avec des proches établis sur tous les continents, soit pour intégrer des groupes de personnes partageant ses mêmes centres d'intérêt sans aucune limite des distances, soit pour faire des recherches documentaires pour sa scolarité ou son travail. De là à dire que les Algériens sont tous branchés, il n'y a qu'un pas. Pourtant, cette frénésie des nouvelles technologies évolue dans notre pays en boitant. Sur un seul pied oserait-on dire. Alors que les pays avancés fonctionnent totalement ou presque au digital, la dernière application étant le pass sanitaire qui permet d'entrer dans un pays ou des lieux qui imposent des règles de protection contre la pandémie, alors que leurs administrations sont entièrement numérisées, chez nous il y a d'un côté un peuple connecté et de l'autre une administration complètement archaïque qui essaye de se moderniser par à-coups sans parvenir à se mettre au diapason de la révolution numérique qui bat son plein dans le monde. La première raison est d'ordre générationnel. Tous les responsables de l'administration algérienne, à commencer par nos ministres, avaient un certain âge. Au-dessus de la moyenne d'âge nationale. La plupart d'entre eux ont passé leur enfance et leur jeunesse à l'ère du papier et du stylo. De ce fait, non seulement leur intégration aux nouvelles technologies est difficile, mais en plus ils se sentent menacés dans leur plan de carrière par cette poussée digitale. Le résultat est facile à deviner. Détenteurs de la décision, ils freinent à mort toute reconversion de leur travail au nouveau règne, appelons-le «2.0». Leurs subalternes, plus jeunes et branchés, deviennent de sérieuses menaces pour leur maintien aux postes de décision. Ce qui engendre fatalement des conflits préfabriqués entre les uns et les autres défendant chacun son avenir professionnel. Il est impossible de faire cohabiter deux méthodes complètement différentes. La méthode «papier» doit céder la place au digital. Malheureusement, la version «papier» a un grand allié qui est la bureaucratie avec ses avantages et profits illicites. C'est l'une des principales raisons qui font pencher le conflit générationnel au profit des plus âgés. Les plus jeunes et plus branchés ne voulant pas rater l'occasion de se «sucrer» comme leurs aînés. Sans généraliser, il y a tout de même une forte proportion qui rentre dans ce «moule». On ne va pas se voiler la face. Il n'est pas rare de rentrer dans un bureau de responsable et trouver un micro éteint ou s'il est allumé, la poussière sur le clavier prouve qu'il fait partie du décor au même titre que les autres bibelots. De toute manière, il ne faut pas aller très loin pour s'en persuader. Il suffit de visiter les sites Web des ministères et de constater la date de leur dernière mise à jour pour s'en convaincre. Ceci quand le site Web existe. Ne parlons pas de leur réactivité. Ou plus simplement la fenêtre «contacts» qui, toujours quand elle existe, est complètement «rouillée». Et l'on se demande légitimement pourquoi le Premier ministre n'oblige pas ses ministres à doter leurs ministères respectifs d'un site performant et interactif? C'est facile à vérifier au quotidien sauf si soi-même on est contre la digitalisation. Ceci pour dire que notre retard dans la numérisation qui est le seul remède contre la bureaucratie qui empêche tout développement du pays est dû essentiellement aux premiers décideurs que sont les ministres. C'est pourquoi et alors que se prépare la formation du prochain gouvernement, il est plus qu'impératif d'ajouter le critère «digital» au profil des candidats au poste de ministre. Sinon, l'Algérie n'avancera jamais. Dans cinq ans, dans dix ans, on se retrouvera encore à tourner en rond autour des moyens à mettre en oeuvre pour la numérisation. Alors que le monde sera au 5.0. Si ce n'est plus. Il n'y a pas d'autres secrets à notre retard sur ce plan. Il est même possible d'envisager pour les ministres qui possèdent beaucoup de qualités, mais qui sont sans connaissances digitales, de leur permettre (plutôt de les obliger) de recruter un «interprète» en informatique. Comme cela existe pour les langues étrangères. Les sténographes ont bien existé pour assister des ministres qui ignoraient tout des signes de cette technique. Nous sommes aux portes d'une occasion en or pour espérer donner un nouveau souffle à la généralisation des nouvelles technologies dans notre pays. Il serait dommage de la rater!

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