L'Expression

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L'alcool, l'inculpé et l'anecdote

Un juge peut très bien être attentif aux arguments de la défense en vue de redresser une fâcheuse situation et aller en direction d'un injuste verdict.

Craignant le genre d'incidents comme celui qu'avait connu la semaine dernière, le juge, ce dernier avait averti l'assistance que le tribunal serait dans l'obligation de faire évacuer la salle si jamais un incident similaire à celui de mardi dernier, se produisait. En effet, la veuve d'un mort par accident de la circulation avait fait un grand tapage, demandant à ce que le chauffeur qui avait «tué» son époux soit condamné et immédiatement incarcéré! Le magistrat se rassit après le sévère avertissement, et commença les débats du jour. Voilà un gars qui, après avoir pris quelques pots d'alcool dans un bar de la localité, reprit le volant, malgré l'état d'ivresse manifeste. Et comme la loi ne punit que le coupable de conduite en état d'ébriété, les policiers passeront au pauvre type d'ivrogne, les menottes, direction le poste. Là, le constat est consigné, avant de présenter le bonhomme, dessoulé, au procureur du coin. Puis, c'est la comparution immédiate. Le juge est un jeune inexpérimenté qui a, ce jour, le privilège d'avoir comme représentant du ministère public, un ancien et rusé parquetier, qui a dans sa gibecière, plus d'un tour, pour faire parler le plus coriace des détenus. Après avoir entendu une quinzaine d'inculpés - libres, le magistrat lèvera l'audience, le temps pour les détenus fraichement débarqués du fourgon cellulaire, de s'installer dans le sous-sol de la bâtisse. Il reprendra l'audience par appeler le 1er inculpé à la barre, avec la grave inculpation d'homicide involontaire, mais, en état d'ivresse manifeste. Un léger brouhaha se fit sentir au milieu d'une salle bondée comme jamais! Avant d'annoncer solennellement l'inculpation, le président avait tenu à prévenir encore une fois, l'ensemble de l'assistance, qu'il s'agissait de mort d'homme, et que ce n'était, par conséquent, qu'un accident, rien d'autre. Ce petit rappel à l'ordre avait été effectué, car la semaine d'avant, un sérieux incident avait secoué les présents ce jeudi. En effet, la veuve s'était emportée durant les débats, s'égosillant à faire entendre que Abdessmad. L. l'inculpé d'homicide involontaire, avait «tué» son mari. La manière de poser la problématique du «décès de Djillani. E. Qui a succombé à ses blessures suite au traumatisme crânien, à la suite du choc avec l'auto d'Abdesssmad L. un fonctionnaire exerçant dans une institutionéloignée du lieu du sinistre, donc n'ayant aucun lien avec le défunt.» dira, en guise d'apaisement et d'éclaircissement, le juge, à l‘inconsolable veuve, qui finira par accepter le sort que lui avait réservé le destin. Les faits s'étaient déroulés si vite que le long cortège de véhicules qui venaient en sens inverse, n'avait pas eu le temps de réaliser ce qui venait de se passer. La collision qui ne pardonnait jamais, dans ces cas. Le «maktoub» venait de rappeler Garmi.T. 51ans. L'enquête fut si bâclée, que le juge dut reprendre tous les témoignages d'accord au moins sur un point important: la victime roulait à vive allure et avait perdu le contrôle de la voiture. «En voyant le conducteur fonçant droit sur moi, j'ai braqué violemment le volant, à telle enseigne qu'il avait fini sa course, dans le fossé sans bobo, en ce qui me concernait.» a raconté le chauffeur-inculpé d'homicide involontaire. Les débats feront paraitre énormément de vices de forme relevés au cours de l'enquête préliminaire. «M.le président, le tribunal a la capacité d'effacer les bêtises constatées jusque-là, en appliquant simplement la loi.» relèvera le conseil qui aura tout tenté, afin de tirer son client du bourbier dans lequel l'abus d'alcool, l'aura jeté.». L'avocat dit alors au magistrat que juger nécessite surtout une large culture générale. En effet, Me Med Djediat se permit de demander respectueusement la permission au tribunal de raconter rapidement, une anecdote qui permettra vite aux présents, dont les magistrats, de mieux saisir la portée. «Mais faites donc Me, à condition de permettre au tribunal d'avancer dans la réflexion de ce que vous allez avancer, et surtout, que l'anecdote ait un solide lien inébranlable avec l'inculpation du moment: «Trouble en état d'ivresse manifeste!» Le défenseur avança vers le pupitre du juge, la tête tournée vers le siège du représentant du ministère public, comme pour lui signifier qu'il était lui aussi invité à tendre l'ouïe, et dit les lèvres mi-ouvertes: «M. le président, prendre des pots d'alcool, n'a jamais été interdit officiellement, alors qu'il est extrêmement interdit de conduire en état d'ivresse. Ce qui me permet de faire appel aux larges circonstances atténuantes, dans ce triste dossier.»
Et l'avocat d'Alger-Centre de conclure par une métaphore qui ne laisse pas indifférent: «L'affaire du jour a permis aux gens de prendre conscience qu'il y a des défenseurs qui peuvent vous faire retourner une sensible situation, qui peut coûter cher, et même très cher aux inculpés qui avaient trouvé le moyen de se mettre en danger face à la justice, qui a, comme la tradition le perpétue, le bras très, très long».

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