L'Expression

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Le linceul comme ultime viatique

La minuscule salle d’audience du vieux tribunal de Miliana (cour d’Aïn Defla) a connu, mardi dernier, une grave affaire d’atteinte aux biens immeubles!

C'est dire que l'inculpation concernait un vieillard de près de 70 ans, venu à la barre répondre du grave délit d'atteinte aux biens immeubles de sa voisine Mme Kenza K.B. Une excellente mère de deux très belles jeunes filles, dont la cadette passait le bac blanc, jeudi dernier, mais surtout, une convalescente qui a besoin beaucoup plus d'attention, de soins, et d'affection dans son entourage, y compris le voisinage. Les propos des uns et des autres, se signalaient par les mensonges, émanant d'Abdelkader l'inculpé, entendus par la présidente, et ceux de la vérité débités par la victime! La dame a adressé le 21-05-2020, au président de l'APC de Ben- Allel, un message l'invitant à stopper les travaux sur son terrain sans permis de construire, en vain! D'ailleurs, Me Amine Benkraouda, l'avocat de la partie civile, entamera son admirable et émouvante intervention par des mots très durs et secs! Oui, le conseil de la cité «Saïd Hamdine» d'Alger avait le coeur gros, à la suite du mauvais comportement du vieil inculpé, qui allia mensonges et histoires à dormir debout, puisqu'il lancera sans détour, «Qu'il avait honte à la place de l'inculpé qui n'a jamais dit la vérité, comme vient de le faire ma cliente! Oui, madame la présidente, on ne peut aller jusqu'au mensonge, à cet âge-là! Il a été incapable de fournir la moindre preuve, qu'il n'avait affaire qu'à son bien, qu'il n'a pas de papiers valables, pour étayer ses assertions! Car, ne l'oublions pas, si demain, le jour des funérailles, était organisé, il partirait, avec comme compagnon, le linceul, en laissant les murs qu'il a dressés illicitement, tels quels!»
Le défenseur était visiblement ému et surtout révolté par ce qui arrive à la victime dont l'époux suivait, depuis le banc réservé au public, douloureusement et religieusement, les pointes lancées par Abdelkader, l'inculpé, pointes dénoncées vigoureusement par Mme Kenza! C'est surtout l'article 386. (loi n° 82-04 du 13 février 1982) qui a été retenu par le procureur qui devait sincèrement penser aux rigoureux termes dudit article. En effet, cet article dispose qu': «Est puni d'un emprisonnement d'un an à 5 ans et d'une amende de 2 000 DA à 20 000 DA, quiconque, par surprise ou par fraude, dépossède autrui d'un bien immeuble. Si la dépossession a lieu, soit la nuit, soit avec menaces ou violences, soit à l'aide d'escalade ou d'effraction, soit par plusieurs personnes, soit avec un port d'arme apparente ou cachée par l'un ou plusieurs des auteurs, l'emprisonnement est de 2 ans à 10 ans et l'amende de 10 000 DA à 30 000 DA.» Disons simplement, qu'un vieux citoyen ordinaire qui croit surtout en Allah, ne vienne pas, en l'espace de quelques années, aménager une cage d'escalier, une autre pour le chauffage central, et bien plus encore, si la justice ne s'en était mêlée, même avec du retard. Toutes ces fraudes ont été réalisées au nez et à la barbe des autorités locales, dépassées, il y a de cela six années, période durant laquelle, «le mulet avait enfourché son propriétaire», et quand le «dinar était devenu le prophète et le dollar (ou l'Euro) son Dieu!» Oui, l'inculpé, alors un «généreux» entrepreneur connu et surtout craint dans la région, par ses relations douteuses, avait pris la résolution de s'en prendre à l'habitation voisine érigée dans la petite localité de Ben Allel (banlieue de Miliana- wilaya d'Aïn Defla). La propriétaire concernée par le délit, Mme Kenza, qui revenait de très loin, sur le plan de la santé, était surprise, par l'attitude de ce monsieur qui était, il y a de cela plus de 40 ans, le propre élève de sa maman, lorsque celle-ci était enseignante. Abdelkader, l'inculpé reçut élégamment son ancienne prof, mais refusa tout dialogue avec sa fille, la victime de ses vieux rêves d'expansion!
En 2015, tout était permis. N'était-ce pas à cette même date que Belgacem Zeghmati, l'actuel ministre de la Justice, garde des Sceaux, ex-puissant et craint procureur général d'Alger fut dégommé et exécuté «assis», sans autre forme de procès? Ce fut alors l'année de tous les abus et l'impunité gagna tous les secteurs de la société. Abdelkader T. fonça droit sur l'illicite et gare à celui qui se mettait en travers de sa route!
L'affaire fut introduite en «référé», mais l'entrepreneur continuait à construire sur ce qui ne lui appartenait pas! Très fort de ses appuis, il étendit son influence à tous les niveaux, sauf au secteur de la justice. Kenza et son valeureux époux tinrent bon et attendirent leur heure, pour réaborder la justice, surtout qu'ils avaient appris qu'Aziz Benziane, le nouveau président du tribunal de Miliana, était muni d'un doctorat en foncier!
Elle constitua ses avocats et le dossier atterrit sur le rôle de la présidente! Une juge qui était déjà passée par les tribunaux de Bir Mourad Raïs et Bab El Oued, (cour d'Alger)! Elle le prouvera ce mardi en menant avec une rare maestria les débats d'où étaient exclus tous les débordements. Comme par exemple, au moment où il était lancé, Me Benkraouda, faillit être désarçonné par l'inculpé qui tentait vainement de le perturber. Tout comme Me Saâdi, la seconde avocate de la victime, demandera quant à elle, 100 millions de centimes, en attendant de plus gros dommages et intérêts, au cours de l'audience de la section «foncier»!
«Et pourtant, elle pouvait bien expliquer l'absence de plan cadastral, et autre livret foncier! Celui qui ne possède rien, ne peut rien offrir!» a articulé la victime à la barre.
C'est dans cet esprit, que le procureur réclamera, la peine d'emprisonnement ferme d'un an.

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