Les fables du voleur

Le procureur de la République fut la dernière personnalité de la magistrature locala, à entrer dans une salle bondée plus qu'à l'accoutumée.
Le greffier, lui, comme d'habitude était sur son 31 et ne semblait pas du tout sonné par la soirée de la veille, au cours de laquelle son team préféré avait succombé sous les coups de boutoir du Mouloudia local.
Le 1er détenu à comparaître fut Ismaïl. C. vingt deux ans, un frêle et brun apprenti-cafetier, garnement habitué aux délits et emprisonnements répétés à la suite de ses larcins de gamin pas encore mûr, et victime expiatoire des mauvaises fréquentations du voisinage. Comme il n'en était pas à son 1er méfait, il savait très bien à quoi s'en tenir. Il avait appris par coeur les termes de l'article 350 du code pénal.
Le texte de cette redoutable est presque une table de multiplication, pour les voleurs - récidivistes, et ne va pas plus loin que les peines infligées. Heureusement pour les condamnés, il y a ces «sacrées» fêtes religieuses et nationales qui vont avec leurs cortèges d'effacements de l'emprisonnement né d'inévitables légales remises de peines.
La juge entra directement dans le vif du sujet: «Ismail, vous revoilà encore une fois en cette pré-fin d'année 2024, impliqué dans une sombre histoire de vol.
-NN'êtes-vous pas fatigué de toutes ces arrestations, et tous ces fréquents emprisonnements, qui vous éloignent de votre famille, de vos camarades et de la société, en général?» marmonna, sans ton, le front perlant sous le fort taux d'humidité, qui enveloppait ce matin la localité, la jeune présidente de la section correctionnelle du tribunal. L'inculpé serra très fort ses grosses mâchoires, et répondit effrontément et sans complexe: «Mme la présidente, vous me connaissez bien, selon vous. Alors pourquoi me poser des questions dont vous connaissez à l'avance les réponses?» la magistrate eut son plus beau sourire de la journée, et rétorqua: «Non, aujourd'hui, vous allez nous raconter le plus juste possible, vos frasques les plus fraiches, qui n'ont rien à voir avec vos pratiques habituelles.Alors, allons-y, si vous voulez bien, et sans détour, svp!» Ismail souffla très fort en direction du pupitre de la présidente et se rassit. «Qu'avez-vous fait pur être ici?»déclara d'un seul trait la présidente: «Mme la juge, je reconnais avoir arraché deux colliers fac au lycée de filles, deux sacs à main- aux environs du marché, deux boucles d'oreilles près des nouvelles galeries, et enfin, deux porte-monnaies à deux vieilles personnes assises dans le jardin public.» Un gros rire bruyant, parcourra la salle d'audience, à la fin de la dictée du malfaiteur. Pourquoi, donc? Probablement, parce ce que ce malfaiteur n'a volé des objets, uniquement par... deux! Mystère et boule de gomme! nous ne saurons vous expliquer cette situation.
Ainsi, donc, ce bandit à quatre centimes, ne vole que des femmes et des vieillards, sagement assis dans les jardins publics, probablement, en train de goûter à une médiocre retraite, en attendant des jours meilleurs. «Inculpé, n'y a -t-il pas ici un sentiment de manque de courage de votre part, en ne vous attaquant qu'aux faibles démunis? Est-ce là une attitude d'homme? Répondez le plus honnêtement possible.»
Le détenu leva très haut la tête, se leva et rétorqua: «Mme la présidente, avant que je sois un homme, il faudrait d'abord que je sois un être humain. Je sui né dans la misère, dans un quartier misérable, d'une ville plus misérable, où les zones d'ombre sont plus nombreuses que les pierres qui jonchent anarchiquement nos boulevards, avenues, rues et ruelles, qui datent de plus de cent ans!
La juge toussota car il y avait beaucoup de vérités dans la réponse de l'inculpé, mais qui ne blanchissent pas pour autant, l'auteur de ces lâches délits. «Nous n'essayerons pas de blanchir les autorités locales de ces dérives, mais nous ne voyons pas exactement le rapport qu'il a dans vos citations et le vol. Alors soyons raisonnables. Vous êtes passé du statut d'Ali Baba, à celui de «Robin des bois!» lança la juge qui demanda au parquetier de requérir, avant de s'adresser à l'inculpé en vue d'énoncer le traditionnel dernier mot.
Le détenu ne dira pas un mot, mais bien plus. Ce qui poussera la magistrate à commenter: «Hé, inculpé, nous avons, depuis un bon bout de temps, fini, avec vous. Nous avons bien saisi le sens de ce que vous aviez commis. Alors, avant d'aller à l'examen de votre affaire, veuillez, s'il vous plait dire un mot au tribunal, et le mot que la loi permet!» tonne la juge qui transcrira, en effet, l'unique mot, dit par le détenu: «Relaxe!» Et quoi encore? Plus audacieux, tu irais aussi vite, en taule, pour moins que cela.
A. T.bien plus. Ce qui poussera la magistrate à commenter: «Hé, inculpé, nous avons, depuis un bon bout de temps, fini, avec vous. Nous avons bien saisi le sens de ce que vous aviez commis. Alors, avant d'aller à l'examen de votre affaire, veuillez, s'il vous plait dire un mot au tribunal, et le mot que la loi permet!» tonne la juge qui transcrira, en effet, l'unique mot, dit par le détenu: «Relaxe!» Et quoi encore? Plus audacieux, tu irais aussi vite, en taule, pour moins que cela.