L'Expression

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Les malheurs d'une femme répudiée

L'ouverture des portes démontrait, à elle seule, toute la cassure morale de la pauvre mère dans un environnement hostile.

Ces martèlements, qu'elle subit depuis plus d'un semestre, peuvent donner une idée des dégâts sur l'avenir d'une maman sans ressources, qui a, ô comble de tristesse, une fille de 12 ans sur les bras. Sa énième présence devant l'entrée du portail du tribunal dès les 1ères minutes, prouve combien les traces de la profonde blessure sont là!
L'ouverture des portes, démontrait, à elle seule, toute la cassure morale de la pauvre mère dans un environnement hostile. Il était
9 heures tapantes, lorsque la jeune juge du siège fit son entrée devant un public apparemment connaisseur puisque debout, comme l'exige la coutume. Djaghmouma E. S'appuyant solidement sur une canne orthopédique, le visage blème, comme au jour de ses funérailles, des cernes aussi larges que les joues creuses, la mine défaite et catastrophée, la pauvre femme attendait, avant de se lever et passer à la barre. Elle est venue au tribunal, sans conseil, le moral plus que bas, demander les «dinars» de sa fille unique.
Le non-paiement de la pension alimentaire reste, malgré les trouvailles de l'État, un os dur à ronger pour les divorcées seules.
À l'audience, elle va parler, parler, parler, histoire de faire entendre son récit, une triste fable où la haine, la trahison, la bêtise humaine, le malentendu et le désaccord perpétuel ont pris le pas sur l'amour, la rectitude, l'affection, l'arrangement et l'entente cordiale. Plus tard, vers les 11 heures 38, elle va, à travers son misérable récit catastrophique, immobiliser l'assistance, magistrats compris, sauf le président de séance, ligoté qu'il est, par le sacro-saint devoir de réserve. Elle s'exprime lentement, comme si elle s'attendait à ce que la foudre d'hiver allait s'abattre sur elle et ses proches. Elle articule bien, comme pour se faire entendre et surtout se faire comprendre par cette foule ramassée sur elle-même. «Il m'a trahie, humiliée, frappée, violemment battue, perturbée jusqu'à ce je contracte une méchante et douloureuse crise de nerfs, qui m'a littéralement «coupée» en deux, le côté droit ne ressentant plus rien. Je m'attendais honnêtement aux réparations morales du père de ma fille, mais j'ai perdu non seulement tout contrôle, mais, et c'est très grave, je suis en train de perdre la raison. Je ne peux plus résister à l'envie de crier lorsqu'on veut me raisonner. Je ne veux plus d'ailleurs que l'on vienne me refiler des conseils, car j'ai compris la vie après mon divorce et je ne fais plus confiance à personne.
La seule personne qui me rassurait était mon père, disparu avant mon mariage. Quant à ma pauvre mère, elle est dans un coin, paralysée après la disparition de papa».
Le juge tambourine à l'aide de ses doigts, juste pour attirer l'attention de la victime. Or, l'application de la loi ne peut être efficace que si la plaignante obtient de la justice, réparations vivifiantes, avec en sus, des espèces sonnantes et trébuchantes!
Entre-temps, la victime a dérapé en évoquant l'ex-époux, elle l'appelait «l'âne»!
Après un bref sec rappel à l'ordre de la juge, qui a appelé vivement au respect des us et coutumes propres aux juridictions, elle déclara qu'il n'y avait qu'une seule manière de faire comprendre au tribunal les desiderata de la victime: c'est de laisser de côté impérativement l'invective, la rancune et les injures de part et d'autre! Alors il faut cesser de mettre sur le dos de l'inculpé des maux qui n'intéressent pas la justice!
Pour sa part, Djemâi C., inculpé dans ce dossier, se défend en assurant avoir payé complètement la pension alimentaire de sa fille. «Je le confirme ici, mais tous mes mandats me revenaient tels quels.
Je ne vois pas de raison particulière aux pratiques de Djaghmouma E.!»
-C'est faux, je renvoie les mandats qui sont incomplets. Tous les deux mois, je reçois 5000 dinars au lieu des 18000. Et puis depuis quand cites-tu mon prénom? C'est nouveau. Tu oses me regarder en face! Il a tout fait pour que je contracte une maladie grave, et finir mes jours à «courir» d'un hôpital à l'autre. Où étais-tu passé lorsque je me trouvais à l'étranger, grâce à l'aide de papa, pour y être opérée? Hein? Oui, où étais-tu? Réponds!»
La juge lui demanda de se calmer, car elle avait compris que Djaghmouma E. était partie pour ne plus s'arrêter, même après la dernière insulte proférée à l'encontre de l'ex, en le traitant pour la seconde fois, de h'mar («âne»). Elle décida, après avoir pris acte des demandes du procureur (six mois d'emprisonnement ferme et une amende aussi ferme), alors de mettre fin aux débats, en annonçant la mise en examen sous huitaine, du dossier. 

De Quoi j'me Mêle

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