Les voisins-bagarreurs
À cause d’une banale dispute, suivie d’une petite rixe opposant leurs enfants, Rouibah.F. et Salihou. G. Les papas, ont frôlé les foudres de l’article de loi 264, menant droit à la dure correctionnelle…
La petite salle d'audience du tribunal a servi durant le 20ème jour de Ramadhan 1445, de procès de deux voisins qui s'étaient pris à la gorge, le mardi 2 avril 2024, au pied du bâtiment 97 de la cité des «mimosas» de la ville.
À la barre, en toute innocence, les deux inculpés de coups et blessures volontaires et réciproques, ne se sont pas gênés pour tout mettre sur le dos des leurs garnements mineurs, bien entendu, absents ce jour!
La juge, une très jeune magistrate, probablement fraichement sortie de l'Éécole nationale de la magistrature, n'a pas eu beaucoup de difficultés à mener des débats farouches, mais maitrisables, grâce au sang de lézard vert de la présidente, dont il faut tout de suite, saluer le doigté. «Alors, MM. les inculpés, passibles de l'article 264, êtes invités à vous défendre sans pousse-pousse, ni chamailleries. Je vous préviens de suite, surtout que vous n'avez pas voulu être représentés par des avocats, que le tribunal n'a pas de temps à perdre, ni prêt, à écouter des sornettes!» Elle va même s'amuser, en regardant le jeune procureur, à lire carrément un long passage de l'article 264 du code pénal qui dispose que: «Quiconque, volontairement, fait des blessures ou porte des coups à autrui ou commet toute autre violence ou voie de fait, et s'il résulte de ces sortes de violence une maladie ou une incapacité totale de travail pendant plus de quinze jours, est puni d'un emprisonnement d'un (1) an à cinq (5) ans et d' une amende de cent mille (100 000) DA à cinq cent mille (500 000) DA...»
Cette lecture qui a pris moins d'une minute, a fait l'effet d'une douche froide, puisqu'au moment d'arriver aux termes: «... est puni d'un emprisonnement d'un (1) an à cinq (5) ans et d' une amende de cent mille (100 000) DA à cinq cent mille (500 000) DA... les nombreux curieux ne se souciaient guère de cet article inconnu, pour certains d'entre eux, jusque-_ là!
Les inculpés non détenus, eux, durent ressentir alors un froid «glacial», certainement éloquent, quant à leurs probables intentions de courber les échines, en pensant aux futures punitions. Ils étaient debout côte à côte, adversaires, le temps du jugement.
«Allons, donc, inculpés, vous êtes priés de nous faire entendre vos différents sons de cloche. Soyez brefs, car le tribunal a d'autres dossiers plus épineux et nous n'aurons pas le temps, de nous égarer e n contradictions. Ce sera Rouibah. F. 51 ans tout ronds, qui sera le 1er inculpé à narrer les faits.
Il dira de suite que «c'est en voyant mon fils Djalil, onze ans, entrer à la maison, en pleurs, que je le questionnais sur son état. Il lança timidement que c'était Wassim. G. 14 ans, le fils de notre voisin de palier, qui l'avait agressé, et blessé.
Je n'ai même pas cherché à connaître les raisons des coups, en sautant presque les marches des escaliers, pour arriver plus tôt sur le lieu de l'agression de mon fils, et corriger le coupable. Mais, en arrivant j'ai vu l'agresseur de mon enfant, tenir la main de son papa. J'ai vu rouge, en voyant la «parade» du père et de son fils.
J'ai sauté au cou de mon voisin, et la bagarre fut générale, jusqu'à l'arrivée de notre voisin, le retraité Si Salah.D.ici présent. Il vous confirmera mes dires.»
Le 1er inculpé avait terminé ses propos en lançant un regard de feu à son adversaire, qui est appelé à son tour pour donner sa version des faits: «Salihou. G. vous venez d'entendre votre adversaire raconter ce qui s'est passé entre vous quatre.
Êtes-vous oui ou non d'accord?»»ança la juge qui eut pour toute réponse un «oui» catégorique, avec, cependant, une toute petite réserve: «Je tiens seulement à vous signaler que mon fils a tenté de nous séparer, et jamais il n'a agressé personne.
D'ailleurs, il n'y a pas de certificats médicaux pour les enfants.»
La magistrate parut se satisfaire des versions. Elle pria le procureur de requérir. «Application de la loi!» se contenta le parquetier, préférant la seule juge décidéer du sort de ces mauvais papas. Elle demanda au deux inculpés de dire le dernier mot et sur le siège, condamna les deux adversaires à une forte amende.