Main d'acier dans un gant de cuivre!
La vie de tous les jours, dans notre société, est faite de bonnes et mauvaises actions. Le vol reste l'un des fléaux les plus combattus par les magistrats.
La juge du tribunal était arrivée très tôt ce dimanche dans une salle d'audience pleine à craquer. Elle était entrée très tôt au boulot pour liquider, proprement, les inculpés-non détenus, avant de passer aux détenus qui ne seront aux geôles de la bâtisse qu'aux environs de dix heures, circulation oblige. Après avoir renvoyé une bonne vingtaine d'affaires à la demande des parties en présence, la présidente de la section correctionnelle du tribunal, aura entendu des inculpés poursuivis par les éternelles histoires qui reviennent un peu trop souvent devant cette courageuse juge du siège, à savoir, les délits de non-paiement de la pension alimentaire, de non-affichage des prix, de regrettables accrochages entre voisins, d'émissions de chèques en bois, et il y en a, nous vous l'assurons, elle leva l'audience, le temps pour le brigadier de la Dgsn de ramener au box les inculpés détenus. Puis, après une bonne dizaine de minutes de récupération, elle revint à son siège, fraiche et disposée à casser la baraque du jour. Ce dossier relève de la comparution, immédiate, nouvelle procédure qui a remplacé depuis un bon bout de temps, le «flagrant délit»!
«Bien, voyons de quoi retourne ce fâcheux délit, qui ne veut point voir le déclin. Ashraf. D. et Abdesmad. G. vous avez intérêt à ne raconter que la vérité. Alors, par où allez-vous commencer, Ashraf. D.?» articule très doucement la magistrate qui lance un oeil en direction du parquetier, lequel tient jalousement ouvert, le code pénal, qui contient, probablement, et même certainement, les termes forts, qui condamnent le méfait.
Le détenu, démonté par sa musclée interpellation de la veille, a de la peine à se mettre à table, tant les faits lui semblaient maintenant, très très graves: «Je tiens avant tout à présenter mes excuses à la victime à qui j'ai fait une peur bleue en brandissant bêtement un revolver factice en... caoutchouc! Ensuite, je voudrais demander pardon aux policiers qui ont couru derrière nous, lorsque nous les avions vus arriver. C'était sans compter sans leur persévérance à nous poursuivre et à nous maîtriser. Pour ce qui est du délit, l'idée était de mon ami d'enfance, Abdesmad. D. qui a eu l'idée de s'attaquer au commerçant du coin, un commerçant habitué deux fois par semaine à se rendre à la banque de la cité, et revenir chez lui, avec de fortes sommes sur lui. Ce jour- là, il était revenu, mais sans rien sur lui! Nous nous étions trompés sur le jour de la semaine. D'ailleurs, l'opération n'aura duré que quelques secondes, le temps que la victime ne lève haut les bras qu'Abdesmad le fouille de fond en comble. Je regrette mon fâcheux geste... Dira, en guise de repentance, l'inculpé qui sera interrompu par la juge qui annoncera ne pas être tout à fait en accord avec lui, lorsqu'il soulignera que le geste fut «fâcheux»: «Moi, j'ai plutôt tendance à affirmer que le geste fut «dangereux! Oui, dangereux, car n'oubliez surtout pas que vous l'avez mis en joue, même si c'était avec un «jouet»! Heureusement que vous n'êtes pas allés au bout de votre funeste geste.» La présidente venait de terminer ainsi, son «réquisitoire», se passera du mea-culpa d'Abdesamad, qui aurait pu redire le propos de con compère, et de suite passera la parole au procureur qui se fera un réel plaisir d'enfoncer les deux «égarés»:
«Mme la présidente, je ne crois pas ajouter autre chose de plus logique, que ce que vous venez de dire. Je flétris ce genre de délit et réclame le maximum de ce que prévoit l'article 350 du code pénal. Les méfaits répétés des jeunes égarés des cités et villages de notre très beau pays, font que les éléments de la police judiciaire ont du mal à juguler les innombrables actions nocives qui pullulent dans la société.
Sans tenir compte des foudres de cet article de loi dont n'ont, sans doute, jamais entendu parler, les deux «égarés» qui s'entêtèrent, et s'accrochèrent à mener tout de même, leur abject, et condamnable forfait. Les faits en eux- mêmes étaient très graves, puisque le vol s'est effectué à mains armées. A priori, car les armes étaient de pacotille. Mais au moment du délit, les deux gars étaient bel et bien armés, et il aura suffi d'un flic à la gâchette facile, ils auraient connu le cimetière, plutôt, que les sombres geôles!