Perpétuité pour le beau-frère ingrat

Le tribunal criminel de Boumerdès a eu à examiner récemment une très grave affaire de «meurtre, avec guet-apens et préméditation». La composition criminelle était emmenée par ce sacré juge, Fouad Brahimi, très bien assisté par le duo en or, Najoua Delhoum et Hayet Mekaci, qui passeront vite à la formation du tribunal criminel de la 1ère instance, après le tirage au sort des quatre jurés. Le siège du ministère public était occupé par l’élégant, compétent et expérimenté Yassine Bensari. étaient également présents le père et l’époux de la victime. Les faits ? Simples, mais très graves. B.S.,l’accusé, un malheureux émigré de 55 ans, avait décidé de s’installer définitivement au pays, en 2022, à Baghlia (wilaya de Boumerdès) où il n’avait pas, malheureusement, un toit. Son frangin a décidé de lui assurer provisoirement le gîte, chez eux, dans la maison familiale du défunt père. La cohabitation se déroula plus qu’apparemment assez bien, jusqu’au jour où les relations avec la belle-sœur se détériorèrent. Madame, qui trouvait anormal que la cohabitation continuât, et ce jusqu’au 1er mai 2023, les services de police de Baghlia, informés de la découverte d’un corps, sans vie, dans une mare de sang, à l’intérieur de la maison familiale, au village agricole de Baghlia, Un peu plus loin on découvrit, aux abords de la mosquée, un gros bâton avec beaucoup de sang. Peu après, le suspect fera longtemps courir les flics, qui finiront bien par l’avoir. Le jour des débats, en janvier 2024, soit 20 mois après les faits, l’assistance suivait religieusement le procès, par ailleurs prenant. Les émotions étaient fortes quand l’accusé, un type balèze, recroquevillé sur lui-même, racontait, par bribes, son forfait. L’accusé étant «soumis» à la volonté de Dame justice, il ne restait plus au parquetier qu’à prendre le taureau par les cornes, et tomber, en conformité avec la loi évidemment, sur lui, comme jamais il ne l’avait probablement fait. En aucun cas, en 28 ans d’exercice, le procureur général n’avait ressenti une telle émotion, tant il avait été frappé par l’acte sauvage et prémédité. Il l’avait évoqué en termes pas doux du tout, loin s’en faut. Sa voisine a affirmé qu’elle le suppliait de cesser, mais non, il s’acharnera sur elle, même une fois inerte.» Il faudrait peut être signaler que l’accusé s’était mal défendu, tant l’évidence était là, durant des débats royalement menés par le serein président du tribunal criminel, excellemment assisté d’un exemplaire duo, assidu, attentif et accrocheur. Ce jour là, ou peut-être des jours auparavant, il avait déjà pris sa décision, les éléments de l’enquête sont clairs et tout porte à croire que le forfait n’a pas été commis sous l’effet de la colère, ou d’un différend soudain. Il est vrai qu’en ne parlant que peu, l’accusé avait dit, entre autres, que depuis son retour au bled, il n’entendait que le claquement des portes ou la fermeture du salon, et «faisaient toujours, preuve d’une telle indifférence, en vue de me faire dégoûter et partir. Mais où ? C’est tout de même la maison familiale ! C’est alors qu’exaspéré, j’avais rejoint la cuisine, pour me venger de cette dame qui voulait à tout prix que je m’en aille de la maison familiale. Je ne l’ai pas frappée ave le gourdin pour la tuer !» Il faut dire que le juge posait les bonnes questions. Les jurés eux, gardent parfois, un silence assourdissant, peut-être qu’ils avaient une bonne idée sur ces débats, préférant les prochaines délibérations, à huis clos. Grâce au procureur général, qui n’y était pas allé avec le dos de la cuillère, la composition avait suivi le cheminement de l’affaire. Elle a surtout appris que l’effroi ressenti par la victime, lorsqu’elle sut qu’elle n’avait aucune issue, piégée qu’elle était, par un individu qu’elle considérait comme un parent proche. Pis encore, Il ne lui avait laissé aucune chance, ni, d’ailleurs, de se défendre ou de s’enfuir, non il ne l’a jamais fait Evidemment, Il ne montrera, non seulement, aucune hésitation, mais encore, aucun regret ni remords ! Son calme bizarre, et son sang-froid glaçant, témoignent, à eux seuls, d’un mépris total de la vie humaine. Il a frappé, frappé frappé et s’est acharné sur un corps frêle et menu ! Il y eut aussi beaucoup à dire sur cette poursuite. «Mais pourquoi donc cette poursuite ? Il a diaboliquement transformé le domicile, qui lui avait tendu la main, en scène de crime !», avait susurré le magistrat, debout». Il termine par annoncer que la vie est sacrée et que le meurtre est considéré comme l’un des les crimes les plus graves contre l’humanité, comme le dicte, avec beaucoup d’insistance, le Coran qui énonce clairement : «Quiconque tue une personne, sauf en représailles pour meurtre ou corruption sur terre, est comme s’il avait supprimé tous les gens. Je vous demande donc, en toute fermeté, de déclarer l’accusé coupable des chefs d’inculpation d’homicide volontaire, avec préméditation, et guet-apens, conformément, aux articles 254, 255,257 et 261 / 01 du Code pénal de prononcer à son encontre, la peine de mort, qui est la peine maximum.» Auparavant, pour la partie civile, Me Rachida Houadef, la jeune avocate, ne s’est pas tellement, égosillée, préférant laisser le beau rôle au spécialiste des poursuites du parquet général. «Mesdames et messieurs, les éléments constitutifs du crime sont réunis.
En conséquence, nous attendons une lourde condamnation. Pour la partie civile, nous réclamons 200 millions de dinars pour le papa et la maman de la victime.», a –t-elle marmonné devant une assistance moyenne. Après les délibérations, le tribunal criminel de Boumerdès revint, solennellement, dans la salle d’audiences : «Réclusion perpétuelle ! L’ambiance était si glaciale que personne ne souffla mot.