L'Expression

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Voir Londres et y rester...

«J’ai un besoin pressant de fric, de beaucoup de fric.» Ainsi, il ramasserait rapidement et salement la somme visée, quitter le pays et éviter les nombreux créanciers.

Rachid M. et Mohamed C. sont deux amis d’enfance qui, une fois parvenus à l’âge adulte, se sont tournés vers le commerce informel. C’était, à l’époque, la mode : qui ferait plus d’«affaires» que l’autre. ? Ils ont pris le soin de ne pas jouer avec le feu. Ni trafic de drogue ni  contrefaçon de  billets de banque, rien qui puisse leur attirer des ennuis. Hélas, ce qu’ignorait Rachid M., c’est que son «associé» et meilleur copain, le blond et rusé Mohamed C., s’adonnait à l’escroquerie tous azimuts ! Néanmoins et Rachid s’apercevra plus tard du revirement de son associé (pour les méfaits) et « meilleur ami », le jour où ils furent convoqués par le tribunal d’El Harrach (cour d’Alger) pour être accusés d’émission d’un chèque sans provision. Le comble, c’est que Rachid M. n’avait rien signé. Il le saura, après coup, lorsque son acolyte lui annonça, avec une cynique froideur, en aparté, qu’il comptait s’installer en Angleterre. «C’est pourquoi j’ai un besoin pressant de fric, de beaucoup de fric.» Ainsi, il ramasserait rapidement et salement la somme visée, quitter le pays et éviter les nombreux créanciers. Le scandale aura lieu lorsqu’une dame, proche de Mohamed C., déposera plainte pour un chèque en bois signé par les deux soi-disant meilleurs amis. Or, Rachid M. criait à l’adresse de qui voulait l’entendre qu’il était innocent. Il était ainsi parti pour cinq ans d’ennuis, de gros ennuis, surtout avec une infime catégorie de juges du siège qui ne lisent pas, ou peu, les dossiers. En effet, il est insupportable, pour un prévenu, de traîner une inculpation «bidon» par la faute de la juge, «out» le jour du procès. Nous étions le 14 décembre 2014. Ensuite en, appel, le 9 avril 2015, la chambre pénale d’Alger dont les juges n’ont probablement pas parcouru le dossier. C’était l’époque où le cheval enfourchait son cavalier. C’est ainsi que le verdict a été sans pitié pour le  malheureux inculpé, qui écopa d’une peine d’emprisonnement ferme de 18 mois, outre une amende de 460 000 dinars et des dommages et intérêts de 600 millions de centimes. Croyant dur comme fer en la justice, le condamné interjeta appel et, là aussi, madame la présidente de la chambre correctionnelle, fit comme sa jeune consœur du tribunal d’El Harrach. Sinon, comment expliquer qu’une reconnaissance de la part de la victime, Fatima-Ezzahra R., qui a affirmé, devant le juge d’instruction, que c’est bien Mohamed. C. qui a traité l’affaire avec elle et non Rachid M., qu’elle ne connaissait même pas ! C’est dire que c’est bien Mohamed C. qui a été le seul auteur des deux signatures. Pourquoi le juge d’instruction n’a-t-il pas été clair dans ses conclusions ? Le dossier est le cœur de toute affaire judiciaire. Si Madame la juge du siège avait bien pris la peine de ne faire que son boulot, en feuilletant et en parcourant le dossier où une vieille femme poursuivait un boulanger pour escroquerie, elle aurait lu un feuillet capital, émanant du juge d’instruction, et alors elle aurait su au bon moment que la vieille femme poursuivait Mohamed C. et non son ami de 30 ans, et associé Rachid M., qui sera condamné au même titre que l’escroc. Nous nagions en pleine erreur judiciaire. Le malheureux Rachid M. verra le ciel lui tomber sur la tête. Il n’arrivait pas à comprendre ce qui se tramait dans les juridictions, surtout après la fuite à l’étranger de son «traître» d’associé et ami qui l’a jeté dans la gueule du loup pour ensuite « prendre ses jambes à son cou », traverser la Méditerranée et la Manche pour, confortablement, s’installer impunément et paisiblement, au pays de Shakespeare. Entre-temps, à «Tamourth», le pauvre condamné, injustement, au bord de la dépression, introduisit, le 7 mai 2015, un pourvoi en cassation. La Cour suprême, elle, lut comme il faut le dossier et via ses trois juges, expérimentés, donnera le feu vert à la révision du procès, par une autre version, avec le légendaire concept : «casse et renvoi». Le 31 janvier 2018, après 30 mois d’attente et d’angoisse, le dossier redescendit du Val d’Hydra au «Ruisseau», à la cour d’Alger qui, à travers ses greffiers, programma l’affaire à septembre 2019. 
Après deux renvois, Rachid M. se présenta devant le trio, présidé par l’excellent et flegmatique Brahimi, qui écouta avec beaucoup d’attention le prévenu dont Me Djamila Djahmoune étala un savoir–faire inégalable et inégalé. Elle fera en sorte que le trio des juges du siège soit en droite ligne de ses arguments, disons-le, tranchants. Une semaine après, après une fouillée mise en examen, Rachid M. fut enfin relaxé.

De Quoi j'me Mêle

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