L'Expression

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Na Ouardia

La dame qui tissait les mots

Née pour partager son toit avec la poésie qu’elle adopte comme un destin. Elle évoque les sentiments des uns et des autres, qu’elle tisse avec des mots.

Très jeune, bercée par les airs anciens de la poésie de l'époque, l'enfant d'Aghouni Ahmed d'Ath Yenni ressentait déjà le besoin pressant de s'exprimer, d'agir, de s'affirmer, de dire très haut et fort ses peines et ceux des autres. Na Ouardia zalane n Ath Amar devait alors vivre le ressenti des uns et des autres pendant toute la période de la guerre d'Algérie. Bercée par le rythme de Isfra de sa grand-mère, puisés du patrimoine de Kabylie depuis la nuit des temps Ainsi, elle admire ses femmes autour d'elle qui ne cessent de lui inculquer le savoir-vivre, les principes, et les valeurs bien de chez nous. Et c'est dans les jupons de sa grand-mère et le large burnous blanc de son grand_ père, qu'elle grandit heureuse sous le toit familial si parfumé où se tissent les odeurs des traditions et repères où se tissent également les règles ancestrales sur lesquelles elle fera ses premiers pas.
À 14 ans elle le quitte pour rejoindre le toit conjugal chargée de souvenirs et d'émotions, elle va alors affronter son destin comme toutes les filles de l'époque. Épouse, la poésie grandit en elle encore et encore, comme pour confier ses douleurs, ses joies, ses confidences et plus encore. Elle relate le vécu des villageois, et la vie si rude dans ces somptueuses montagnes qui abritent les maquis et leurs enfants en quête de liberté. Na Ouardia, comme toutes les femmes s'attelle à l'éducation des siens, aux travaux des champs, aux travaux domestiques, tout en composant ses poésies recherchés, aux thématiques relatant les conditions des années cinquante en pleine période coloniale. Dans l'un de ses poèmes, elle exprime sa douleur en disant: «Oh, ma mère, si tu avais assisté à l'attaque qui a eu lieu entre les toits de ces vieilles bâtisses, où un jeune moudjahid inconnu a trouvé la mort. France, tu peux t'en aller...l'Algérie a ses propres enfants.» De par sa langue maternelle maîtrisée, une langue si riche où les mots se conjuguent avec la vie. Une langue si riche qui traverse les sentiments pour faire naître l'amour, la fierté, la force, et enfin la liberté. Une langue de nos aïeux depuis l'Aantiquité, depuis le poète errant si Mohand Ou Mhand, et Ahmed Oumeri, et bien d'autres encore. Na Ouardia, comme beaucoup de femmes de sa génération ont porté très fort leur voix au droit de vivre sur cette noble terre de nos ancêtres. Elle ajoute: «Nous qui attendions la mort, on s'inquiète toujours au lendemain. Celui qui veut faire du bien, qu'il le fasse, car demain se sera trop tard» Na Ouardia, profil d'une battante dans le silence, un silence écrit en lettres d'or dans la mémoire de l'histoire de l'Algérie indépendante. Na Ouardia... Tu resteras à jamais, notre lumière éternelle.»

 

Malika Bareche

De Quoi j'me Mêle

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