L'Expression

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Zohra Aoudia, écrivaine Amazighophone

«La femme résiste par l’écriture»

Elle a décidé d’écrire un roman très audacieux avec un style littéraire et poétique qui subjugue tout lecteur féru de la variante kabyle de la langue Amazighe.

Une femme qui écrit vaut son pesant de poudre, disait l'immense Kateb Yacine, auteur de l'inénarrable et immortel « Nedjma». Dans une société comme la nôtre, le mérite d'une femme qui écrit des romans est incommensurable. Il s'agit d'un défi, un véritable challenge! Et quand la femme écrit, de surcroit en langue amazighe, le défi n'est que plus grand car il s'agit d'investir un terrain qui n'est pas encore propice à ce genre d'exercice, la littérature amazighe écrite étant à peine en train de connaître ses premiers balbutiements.
La littérature amazighe, principalement la poésie, ayant été pendant longtemps l'apanage de l'oralité. L'écrivaine Zohra Aoudia fait partie de cette frange de femmes rares qui sont en avance sur leur temps.
Elle a décidé d'écrire un roman très audacieux avec un style littéraire et poétique qui subjugue tout lecteur féru de la variante kabyle de la langue amazighe et ce, de bout en bout. Son roman, intitulé «Tiziri», paru il y a quelques mois, a obtenu un succès retentissant au moment où l'on parle de plus en plus d'absence de lectorat pour le roman de manière générale et pour le livre amazigh plus particulièrement.
L'engouement des lecteurs et des lectrices en faveur du roman «Tiziri» de Zohra Aoudia dément les informations pessimistes visant à faire du livre le parent pauvre de la culture. Le succès de «Tiziri» de Zohra Aoudia n'est guère fortuit. Zohra Aoudia a réussi à écrire un roman qui sort des sentiers battus. Elle a abordé les thèmes qui fâchent, les sujets tabous, des questions qu'aucun autre auteur amazighophone n'a effleurées avant elle.
Le tout habillé dans un style d'écriture métaphorique débordant d'émotion. Quand nous interrogeons Zohra Aoudia sur comment vivent les femmes qui publient des romans avec leur nouveau statut d'écrivaine, dans une société qui demeure traditionnelle en dépit de tout, elle répond d'emblée qu'elle ne peut pas parler des écrivaines algériennes en général car chacune a ses conditions, ses idées et ses objectifs. «Je ne peux que vous parler de moi-même», avertit-elle. À la question qu'est-ce qu'être une femme écrivaine en Algérie?
Zohra Aoudia répond presque spontanément qu'il s'agit tout simplement d'une résistance. C'est, dit-elle, un combat contre les multiples dominations dont elles sont victimes hier et aujourd'hui. «Ma plume est la porte-parole des femmes qui souffrent dans le silence, qui pleurent le manque d'amour, d'affection et de respect avec toutes leurs forces, qui sont assassinées sauvagement sans aucune pitié», ajoute-t-elle.
Bien sûr, le mot assassinat, ici, est à prendre au sens figuré, même si le sens propre n'est pas à éluder entièrement. Car, pour Zohra Aoudia, le mal qu'on fait aux femmes est tellement dévastateur dans la majorité des cas, qu'il équivaut parfois à un assassinat qui ne dit pas son nom. Et à notre question de savoir s'il y a une certaine pression à subir et à devoir gérer du fait que l'on soit femme écrivaine dans la société algérienne, notre interlocutrice souligne que depuis la rédaction de son premier texte intitulé «Jida?emmu» qui a été publié dans la revue Tasghunt n Uselmad jusqu'à la publication de son premier roman «Tiziri», elle ne reçoit que des encouragements et des félicitations, que ce soit au sein de sa famille, de ses amis et de ses lecteurs. «C'est ce qui m'a encouragée, d'ailleurs, à entrer dans le bain de la lecture et de l'écriture encore et encore», renchérit-elle.
La vie de la femme écrivaine avant d'être publiée et après, change-t-elle? Zohra Aoudia reconnaît que depuis son apparition dans le domaine littéraire, les gens la valorisent plus. «Et puis, j'ai constaté que beaucoup de personnes ont besoin de quelqu'un à qui parler», enchaîne-t-elle.
En plus de ce combat qu'elle mène avec sa plume en tant qu'écrivaine, qui peut aller très loin pour peu qu'elle persévère sur cette voie, car elle a toutes les capacités pour ce faire, Zohra Aoudia mène un autre combat, également noble. Il s'agit du combat de l'enseignement de la langue amazighe. Elle est enseignante de tamazight dans un lycée de Tizi Ouzou depuis plusieurs années. Zohra Aoudia contribue donc à la promotion de la langue amazighe à travers l'enseignement, mais aussi à travers l'écriture romanesque dont la langue de Massinissa a tant besoin.

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