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HAMIDOU MESSAOUDI, COMMISSAIRE DU SILA, À L'EXPRESSION

L'heure du bilan du Salon du livre a sonné

Un mois après la clôture de la 23ème édition du Salon international du livre, le commissaire du Sila revient sur les objectifs d'un tel évènement, les tenants et aboutissants de cette édition, sans parler des résultats concrets retenus à l'issue de cet évènement littéraire.

L'Expression: Est-il possible de dire que vous êtes heureux à l'issue de la 23ème édition du Salon international du livre d'Alger?
Hamidou Messaoudi:
Très heureux même, compte tenu des résultats remarquables réalisés cette année. En effet, la fréquentation record du public et la participation sans égale des exposants ont fait que la 23ème édition du Sila a été exceptionnelle. Depuis quelques années, le Sila est devenu une espèce de phénomène de société, je dirai, tant il représente, par la force des choses, un rendez-vous annuel très attendu tant par le public que par les professionnels du livre, qu'ils soient nationaux ou étrangers. C'est aussi et il faut le dire, le fruit d'une gestion laborieuse, requérant des efforts considérables et soutenus pendant des mois durant. Pour celle-ci, huit mois, précisément, et une pléthore d'effectifs ont été nécessaires à même d'assurer une édition de cette envergure et dans la qualité des standards internationaux.

Au-delà de la participation massive des citoyens, avez-vous le sentiment d'avoir atteint vos objectifs, tous vos objectifs?
Nos objectifs ont été atteints, en effet, dans la mesure où, en termes de fréquentation, nous avons dépassé la barre des deux millions de visiteurs fixée pour atteindre les 2300.000 entrées, cette année. De même que pour la participation, sachant qu'on a enregistré 1018 exposants issus de quatre coins du globe, contre 973 participants l'an dernier. En marge de l'exposition-vente de livres s'étalant sur une surface de plus de 20.000 m², un programme d'animation culturelle riche et divers a été mis en place et a connu un franc succès en drainant un public fort nombreux et ce, pendant dix jours durant.

Ces chiffres confirment-ils pour autant le positionnement revendiqué par le Sila?
Ces chiffres record confirment, une fois de plus, le positionnement du Sila en le classant comme le premier évènement national tous secteurs confondus et le plus grand Salon du livre en Méditerranée, en Afrique et dans le Monde arabe, mais aussi l'un des plus importants au monde, de par la fréquentation et la participation des professionnels. C'est vous dire l'envergure de cet événement, désormais inscrit dans l'agenda international des Salons du livre et qui est devenu à présent une véritable vitrine ouverte de notre pays sur le monde et qui gagnerait à être consolidé et soutenu davantage par les pouvoirs publics.

Quel bilan faites-vous de la participation des maisons d'édition?
Un bilan positif et de bon augure pour l'édition nationale. Pour illustrer cela, j'évoquerai les efforts consentis, cette année, par les éditeurs nationaux qui ont fait preuve d'une certaine dynamique en créant de l'animation dans leurs stands sous forme de séances -dédicaces et rencontres, contribuant ainsi à enrichir le programme d'animation officielle. De même, en construisant et aménageant des stands personnalisés en boostant leurs images de marque et maximisant leur visibilité, mais également en participant à consolider l'image d'un salon orienté vers la créativité et la modernité. Cela dénote si preuve en est, que les éditeurs nationaux gagnent ainsi en professionnalisme et compétence et ce, d'année en année.

Ont-elles été à la hauteur de l'événement?
L'édition nationale, en général, gagne en qualité et professionnalisme et, certains éditeurs n'ont franchement rien à envier à ce qui se fait ailleurs, notamment en Occident. Ces derniers, par la qualité et la pertinence de leurs publications ont fini par asseoir une notoriété désormais bien établie. A l'image de leurs stands accueillant une forte fréquentation durant toute la période du salon, ceux-là témoignent, en effet, d'une participation fort réussie au Sila.

Que dire alors de l'événement créé par la remarquable participation de la Chine?
Sans aucun doute, la participation de la Chine en qualité d'invité d'honneur, cette année, a donné une ampleur considérable à la 23ème édition. Ce pays «Empire des lettres» a suscité la curiosité des Algériens qui sont venus fort nombreux pour visiter le stand de cette puissance éditoriale. De par son design, son achalandage et la qualité de son agencement, le stand a accueilli des milliers d'admirateurs et des curieux toutes tranches d'âges et catégories socioculturelles confondues. Par la présence chinoise, le Sila a accueilli un des plus grands écrivains actuels du nom de Mo Yan - prix Nobel de littérature en 2012. Pour la première fois de son histoire, le Sila reçoit un écrivain de cette distinction et ce n'est pas rien. Ainsi, la remarquable participation de la Chine, cette année, a fait de cet évènement une édition exceptionnelle.
Par ailleurs, il y a lieu de noter que la demande de participation étrangère sans cesse croissante et la limite d'espaces disponibles au niveau du Palais des expositions nous contraint, hélas, à limiter la participation aux éditeurs portant l'intérêt de nos concitoyens et de nos lecteurs. La priorité du salon étant la littérature, la création littéraire, le livre scientifique, technique et universitaire, nous exhortons les exposants étrangers à favoriser ces genres littéraires dans leurs étals pour répondre ainsi aux besoins accrus de nos étudiants, chercheurs et universitaires en général.

Des accords collaboratifs ont-ils vu le jour à l'issue des travaux ayant réuni Chinois et Algériens autour d'une coopération en matière d'édition et d'industries graphiques?
En effet, et comme attendu, les rencontres ayant réuni les professionnels chinois et algériens ont vu les signatures de plusieurs contrats en matière d'édition et de distribution du livre à l'occasion du Sila. Nous espérons avoir ainsi contribué à la mise en lien d'affaires de nos compatriotes professionnels du livre (éditeur, libraire, distributeur ou imprimeur) avec leurs homologues chinois dont le potentiel en matière d'édition et d'industrie du livre est plus qu'avéré quand on sait que plus de 257.000 titres sont édités et 8 milliards de livres vendus, annuellement, dans ce pays.

Avez-vous tiré quelques enseignements de la participation de qualité du prix Nobel chinois de littérature?
C'est certain que l'accueil d'un prix Nobel à un Salon du livre requiert des mesures particulières et des moyens pour y parvenir. A cet égard, l'accompagnement du ministère de la Culture a été d'un appoint nécessaire et efficient à la réussite de cet évènement. A l'ensemble des cadres de la tutelle et au ministre en tête, nous adressons nos vifs remerciements. Qu'ils trouvent ici l'expression de notre profonde reconnaissance. Les enseignements de cette participation de qualité sont nombreux et appellent à des appoints de manière à consolider les acquis et améliorer ce qui devait l'être de façon à maintenir ce niveau de qualité et de prestige.

Que pensez-vous de sa rencontre avec Kaddour M'Hamsadji, une rencontre qui ne figurait pourtant pas au programme officiel?
La rencontre de Kaddour M'Hamsadji avec Mo Yan à la séance d'ouverture des activités culturelles a été bel et bien programmée. C'était le fruit de la décision prise par le comité d'organisation en toute sérénité et pendant la programmation. La rencontre entre ces deux grands écrivains a été un moment fort et de découverte pour l'un comme pour l'autre, à mon sens. Le premier accueillant dans son pays un prix Nobel avec lequel il procède, symboliquement, à l'ouverture du programme culturel du salon en compagnie des ministres de la Culture algérien et chinois, a été un moment intense et mémorable, je pense. Pour le deuxième, ému des honneurs qui lui ont été faits, ajoutée à cela la rencontre du doyen des écrivains algériens et le premier auteur algérien à avoir été traduit en chinois en 1976, M.Mo Yan nous a confié qu'il en a été subjugué et sa visite de l'Algérie en sera inoubliable.

N'avez-vous pas l'impression que ce salon manque quelque peu de dimension humaine?
Pas le moins du monde. Au contraire, la dimension humaine était au coeur de l'évènement et la chaleur y était de manière palpable. Et pour cause, les innombrables regrets qu'émettent les exposants, le public et le personnel organisateur à l'approche de la clôture du Sila. C'est extraordinaire ce que les gens prêtent comme affectivité à cet évènement. D'aucuns disaient qu'ils ne voulaient pas que le salon se termine tant la chaleur humaine y était présente. Cela démontre que cette manifestation est un espace synonyme de liens, de rencontres et d'échanges entre les individus qu'ils soient professionnels du livre ou autres. Ces affirmations ainsi que d'autres éléments d'appréciation ont été recueillis par une société de sondage engagée à l'occasion.

Entendez-vous normaliser les rapports quelque peu tendus caractérisant les relations entre le Syndical national des éditeurs de livres et le Sila?
Je tiens à préciser qu'il n'y a jamais eu d'animosité entre le commissariat du Sila et le Snel. Au contraire, les rapports ont toujours été cordiaux entre les deux entités. Il en est de même avec l'Onel, d'ailleurs. Par votre question, je pense que vous faites allusion aux deux sorties médiatiques précédent l'ouverture du Sila par lesquelles le Snel fustigeait d'une part, l'augmentation (de 1000 DA) du prix du m² par rapport à l'an dernier et d'autre part, l'application par la Safex d'une certaine taxe appelée «droits d'intervention» sur les exposants. Pour rappel, nous étions les premiers à récuser cela en le criant haut et fort devant les instances dirigeantes de l'entreprise suscitée et ce, en invoquant la précarité du secteur de l'édition d'un côté et la pénalisation des exposants désireux de construire et personnaliser leurs stands, de l'autre. Mais, en vain.

Comptez-vous opter pour une nouvelle stratégie en relation avec la construction de l'image de l'auteur consacré comme faisant ses premiers pas dans ce monde fascinant de l'écriture et des rencontres avec le public?
Une considération et une part non négligeable ont toujours été réservées aux nouvelles plumes et cela à chaque édition du Sila. A titre d'exemple, cette année, nous avons consacré à ces jeunes talents une rencontre intitulée «prix littéraires, tremplins ou consécrations?», l'après-midi du mardi 6 novembre. En réunissant quelques-uns et quelques-unes de ces jeunes écrivain(e)s, parfois, lauréat(e)s de prix nationaux et internationaux, cette rencontre se voulait une mise en valeur de cette avancée et une occasion d'aborder leurs expériences en matière d'écriture.

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