L'Expression

{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

Rencontre des critiques du grand écran en Algérie

Quel avenir pour les salles de cinéma?

«Télévision, plates-formes de diffusion en continu. Smartphones et tablettes. La technologie a-t-elle rendu le cinéma hors de propos?»

Toujours dans le cadre de «Jil Cilima», les premières rencontres de critiques de cinéma en Algérie, un panel de discussion a eu lieu jeudi sur Zoom portant sur une thématique assez intéressante, à savoir «Le futur du cinéma?», cette rencontre a réuni quatre personnes du domaine: Ian Haydn Smith, critique et écrivain britannique (UK) leads, Andrea Chimento (IT) - Baptist Pepin (SE)-Driffa Mezner (DZ)- Nabila Rezaig (DZ). «Télévision, plates-formes de diffusion en continu. Smartphones et tablettes. La technologie a-t-elle rendu le cinéma hors de propos? Quel avenir pour un média qui contribue à façonner le XXe siècle?». C'est à partir de ce postulat que tout ce beau monde a donné son avis. Le premier à prendre la parole a été le critique Haydn Smith qui parlera un peu du cinéma algérien.
Le critique britannique jouait,en fait le rôle de médiateur entre les intervenants et la première question posée au panel invité a été: «Que représente pour vous le cinéma?». Répondant à la question, Driffa Mezner qui est la responsable de la plateforme «Tahia Cinema», mais aussi cinéaste, a commencé par dérouler son parcours, en évoquant les films réalisés à l'instar du court métrage documentaire J'ai habité l'absence deux fois. «Ce film parlait de la mémoire et de l'absence. C'était écrit d'un point de vue très personnel. J'ai essayé d'explorer la thématique de l'absence à travers une personne qui est très chère à mon coeur, qui est mon frère, qui a quitté l'Algérie en 1992 pour aller en Angleterre et l'absence de mémoire de cette époque. À partir de ce film j'ai compris que faire des films c'est un témoignage. C'est être un témoin de son temps et ou il y a ce miroir qui révèle qui nous sommes..»
Tahia cinéma!
Et de poursuivre: « à partir de là j'ai commencé à travailler sur mon premier long métrage». Pour la responsable de Cadc, Nabila Rezaig « le cinéma c'est l'amour, c'est l'émotion et c'est le rêve. Tout l'instant de ma vie professionnelle consistait à courir derrière le cinéma en étant à la base une simple journaliste culturelle. J'ai touché à tous les domaines de l'art, mais j'ai toujours eu un penchant pour le cinéma. On a toujours voulu me coller l'étiquette de critique de cinéma, alors que moi je me voyais comme une amoureuse du cinéma. Car pour moi, le cinéma permet d'aimer, de rêver et d'avoir de l'émotion. Pour moi, c'était ces trois ingrédients-là qui m'intéressaient. C'est comme ca que je suis passé du journalisme à l'organisation d'événements de cinéma, participer ensuite à plusieurs festivals de cinéma à l'échelle nationale et internationale jusqu'à arriver à être chef de département cinéma au sein de l'Aarc sans avoir rien demandé. Et c'est là ou j'ai découvert l'autre côté de l'iceberg qui est l'administration et la gestion.».
Et de poursuivre: «De 2010 à 2016, quand j'ai été à l'Aarc, j'ai toujours essayé d'équilibrer entre le coeur et la gestion administrative. Ça ne gagnait pas toujours, mais on essayait de faire comme on pouvait. Par la suite, j'ai été dans un autre poste ou j'ai été mise au coeur de l'administratif, autrement dit, au poste de sous - directrice de la culture où j'assurai l'aspect technique et administratif du seul fonds d'aide au cinéma, qui existe en Algérie, qui est le Fdatic. Depuis mars 2021 je suis à la tête de l'établissement du Centre de la cinématographie, le Cadc. Je suis passé de voir des films, à faire exister des films et les promouvoir notamment...» Pour sa part, l'Italien Andrea Chimento dira,d'emblée, que le cinéma est d'abord une passion rappelant que c'est une chance de voir des films dans une salle de cinéma affirmant avoir de belles expériences dans les festivals de cinéma.
De la passion à la gestion des films
Pour Baptist Pepin « le cinéma c'est bien sùr une passion qui nous anime et qu'on a envie de défendre. C'est peut- être la meilleure façon de voyager, surtout en ces temps difficiles où on a eu du mal à partir de chez nous. Enfant, j'habitais dans un village. Le cinéma m'a permis de découvrir autre chose de ce qu'il y avait, autour de chez moi. Le cinéma c'est aussi pour moi la salle, le lieu. J'espère qu'en parlant de futur de cinéma on parlera de salles et que ce n'est pas quelque chose qui relève du passé car c'est avant tout une expérience collective. Le cinéma pour moi est le lieu. J'ai du mal à dissocier les deux».»À propos de salles de cinéma justement, Nabila Rezaig s'est félicitée du retour du public grâce au film Héliopolis de Djaâfar Gacem arguant qu'il y a des jeunes qui n'ont pas mi les pieds depuis 20 ans dans une salle de cinéma. «Je pense que l'espace physique est important pour que le cinéma existe.
La salle restera malgré toutes les évolutions technologiques engendrées. Le cinéma c'est d'abord la salle obscure. Chacun doit assumer sa responsabilité. Il faut les rouvrir.» À propos de la production des films, Nabila Rezaig fera remarquer: «Nous sommes impliqués dans la production. Nous sommes la niche par laquelle le ministère de la Culture gère l'argent du Fdatic. Nous sommes aussi responsables de la distribution de films. Nous savons pertinemment que le peu de salles qui existent ne suffiront pas pour faire revenir le public vers les salles de cinéma. Il y a une volonté politique et gouvernementale de faire revivre les salles de cinéma. Il y a l'ancien parc, mais il y a aussi la nécessité d'ouvrir des multiplexes qui sont d'une nécessité importante, qui devraient exister en Algérie.». Abordant la question de la fréquentation des salles Baptis Pepin s'est félicité du nombre croissant et le bon rapport qui existe entre les Français et les salles de cinéma. La question est de savoir comment les salles vont pouvoir survire après cette pandémie? L'intervenant relèvera aussi cette inquiétude de voir les gens? à la longue? ne pas retourner dans les salles car ils s'habituent à le voir depuis chez eux. À propos du visionnage des films en ligne, Drifa Mezner parlant de son expérience dans ce sens, dira que «dans le système actuel on a besoin de beaucoup de choses, notamment l'activation du e.payement, la création d'un cadre juridique qui facilite la création....» et de renchérir: « Nous avons aussi besoin de régler la question des droits d'auteurs, c'est ce qui retarde un peu ce genre de plateforme. Sur le plan technique ce n'est pas compliqué d'ouvrir une plateforme.
Le plus difficile c'est que tous les acteurs du secteur puissent trouver leur compte et que les porteurs de projets, en premier lieu, puissent faire leurs films. Chez nous, il faudrait trouver des sources de financement diversifiées et que ces plates-formes deviennent un moyen de diffusion, démocratiser l'accès aux films de manière à offrir au public une vraie diversité qui pourrait contrecarrer toutes ces problématiques de financement de diffusion.».
La plateforme entre besoin et nécessité
Parlant du futur du cinéma en Algérie, Nabila Rzaigi estimera que les plates-formes vont devenir une nécessité que personne ne pourra éviter. Reste l'aspect juridique qui doit être instauré pour tout légaliser.
En Algérie vous aurez remarqué qu'il y a des jeunes qui sont assez connectés sur le cinéma du monde.» Parlant du cinéma d'aujourd'hui, on abordera aussi la question des festivals et de l'utilité des critiques. «Il existe une mythologie du cinéma qui servira les plates-formes car elles se nourrissent aussi de tout ça aussi» dira Baptist Pepin. Evoquant les festivals qui l'ont marqué, Nabila Rezaig saluera les rencontres cinématographiques de Béjaïa, mais aussi le festival d'Oran du film arabe. Soulignant l'importance des festivals, elle ajoutera aussi que c'est grâce aux plates-formes,aujourd'hui, que le cinéma a pu exister ou résister à la Covid.
«La plateforme doit exister. Il faut trouver le juste milieu pour que le digital serve le cinéma et vice versa. Il faut savoir en tirer le meilleur de chaque.» Evoquant le sujet de «la liberté de création», Nabila Rezaig dira qu' «elle émane du porteur de projet» arguant toutefois, qu'il y a quelques lignes rouges à ne pas franchir, comme insulter par exemple l'État algérien ou la religion. Elle estimera qu'il existe aussi un cinéma algérien indépendant, du fait que certains réalisateurs ne veulent pas déposer leur projet au Fdatic, mais leurs films restent algériens de par la nationalité du réalisateur. Et d'estimer:
«Regardez le cinéma iranien, malgré toutes les barrières politiques et religieuses, c'est un cinéma qui éblouit le monde. Pour mo,i la censure émane du porteur de projet lui -même..»
Enfin, Nabila Rezaig dira être convaincue par le fait que les gens continuent à fréquenter à l'avenir les salles de cinéma malgré tout ce qui s'offre comme facilités à côtés.
Un voeu pieux qui coïncide avec la reprise des projections de films en salles en Algérie...

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré