Une caravane vers l’Oasis rouge

Sous le haut patronage du président de la République, la caravane culturelle dédiée à Yennayer, le Nouvel An amazigh, a achevé son long périple ce jeudi soir en arrivant à Timimoun, l’Oasis rouge située dans le Gourara et récemment érigée en wilaya. Organisée par le Haut-Commissariat à l’amazighité (HCA), cette initiative a permis de célébrer l’identité et le patrimoine amazighs à travers un parcours de plus de 1 300 km qui a traversé six wilayas, tout en mettant en avant les trésors culturels et naturels du pays. Partie mercredi matin depuis la Grande Poste d’Alger, la caravane était composée de trois fourgons et d’un grand bus aux couleurs vives. Ce dernier, véritable symbole de cette aventure, attirait l’attention par ses inscriptions célébrant Yennayer et son contenu riche et varié. Des livres publiés récemment par le HCA y côtoyaient des objets d’artisanat qui reflétaient le patrimoine culturel amazigh. Mais ce bus ne fascinait pas seulement par son apparence ou son contenu. Tout au long du trajet, il avançait à un rythme modéré, rarement au-delà de 60 ou 80 km à l’heure, transformant ce voyage en une véritable ode à la contemplation et à la découverte. Le périple a marqué une première halte à Ghardaïa où la caravane a passé la nuit avant de reprendre la route jeudi matin. Tout au long du trajet, les participants ont été émerveillés par les paysages grandioses et diversifiés qu’offre le Sahara algérien. Les vastes dunes de sable doré, les palmeraies luxuriantes, les chotts scintillants et les imposants monts granitiques formaient un décor qui a captivé tous les regards. Chaque lever et coucher de soleil était un spectacle inoubliable, comme ce moment où, à plus de 150 km de Timimoun, le ciel s’est embrasé dans des teintes d’or et de pourpre, laissant une empreinte indélébile dans l’esprit des voyageurs. L’arrivée à Timimoun a été marquée par un accueil chaleureux des autorités locales et des habitants. Après un long voyage, la caravane s’est arrêtée devant le siège de la wilaya et de l’Assemblée populaire de wilaya où elle a été reçue par des officiels. La cérémonie d’ouverture des festivités nationales du Nouvel An amazigh, placées sous le thème «Yennayer... l’authenticité de l’Algérie triomphante, tissée par les ksour du Gourara» a donné le ton à trois jours de célébrations riches et variées. Parmi les personnalités présentes figuraient le secrétaire général du HCA, Si El Hachemi Assad, accompagné du conseiller auprès du président de la République, chargé des organisations non gouvernementales et des droits de l’homme, Hamid Lounaouci. Des responsables tels que le président du Conseil supérieur de la langue arabe, Dr Salah Belaid, ou encore le président de l’Observatoire national de la société civile, Noureddine Benbraham, ont également participé à cette manifestation culturelle. Plusieurs députés, experts et représentants d’organismes nationaux ont pris part à l’événement, témoignant de l’importance accordée à la valorisation de l’identité amazighe. Les festivités ont été marquées par des moments forts, comme l’inauguration du fronton de l’aéroport de Timimoun, désormais transcrit en arabe et en tamazight, ou encore le lancement d’une campagne de boisement près de l’aéroport. L’entrée principale de la ville, arborant fièrement des inscriptions dans les deux langues nationales, a également été inaugurée. Ces symboles rappellent l’importance de l’intégration de la langue amazighe dans la vie quotidienne et dans les espaces publics. Le programme élaboré par le HCA pour cette édition des festivités de Yennayer est riche et diversifié. Il comprend un grand défilé au centre-ville de Timimoun, où différents secteurs représentés dans la caravane exposent leur savoir-faire. Des ateliers sur la préservation du patrimoine culturel amazigh permettent aux visiteurs d’en apprendre davantage sur l’artisanat et les traditions ancestrales. Une journée d’études animée par des experts nationaux explore les référents identitaires de la nation algérienne, mettant en lumière la place centrale de Yennayer dans la culture nationale. Une rencontre académique est également organisée pour retracer la dimension historique et civilisationnelle de Yennayer, en lien avec le calendrier agraire. Des universitaires et chercheurs y participent, apportant un éclairage sur les origines et les significations de cette fête ancestrale. Les soirées artistiques, quant à elles, résonnent des chants ahellil, inscrits au patrimoine immatériel de l’humanité par l’Unesco. Ces mélodies traditionnelles, véritables trésors du Gourara, plongent les participants dans l’authenticité de la région. L’événement sera couronné par la remise du prix du Président de la République de littérature et langue amazighes, un moment attendu qui récompense les efforts pour la promotion de la langue et de la culture amazighes. Un timbre-poste commémoratif sera également émis à cette occasion, marquant la cinquième édition de ce prix prestigieux. Ce périple, bien qu’éprouvant pour certains en raison de la lenteur imposée par la caravane, a offert une expérience unique et enrichissante. Il a mis en lumière la diversité et la richesse du patrimoine algérien tout en valorisant l’importance de Yennayer en tant qu’élément central de l’identité nationale. Timimoun, souvent décrite comme un musée à ciel ouvert, est devenue le cœur de cette célébration, rappelant l’attachement profond des Algériens à leur histoire et à leurs traditions. En parcourant les routes du Sahara, la caravane Yennayer a tissé un lien entre passé et présent, entre mémoire et modernité…