Wassyla Tamzali à Tizi Ouzou
Une éducation et une identité algériennes
«Pour nous, la guerre d'Algérie était une Révolution pour la liberté et pas seulement pour la libération: la liberté des hommes et des femmes..» a fait savoir l'invitée de la librairie Cheikh.
Wassyla Tamzali, qui a été l'invitée de la librairie «Cheikh multi livres» de Tizi Ouzou, samedi dernier, a affirmé que l'écriture n'est pas sa profession: «J'ai écrit quelques livres qui sont des témoins d'un parcours de vie plutôt qu'une oeuvre littéraire. Je n'écris pas de romans. Je raconte des événements qui se sont réellement déroulés»: c'est ainsi que s'est présentée Wassyla Tamzali qui a dédicacé deux de ses livres lors de sa recentre avec le public de la wilaya de Tizi Ouzou.
D'abord «Une éducation algérienne» qui a été publié en 2007 chez Gallimard en France et chez Chihab en Algérie.
Du rêve à l'utopie
L'auteure a exprimé sa satisfaction quant au succès qu'a obtenu et que continue d'obtenir son livre qui a été d'ailleurs réédité dans la collection Folio en mai 2023. Wassyla Tamzali a reconnu qu'il s'agit de l'histoire de sa propre vie, dans ce livre. C'est donc un récit autobiographique. Mais, avertit l'auteure, il ne s'agit pas d'une autobiographie intime ni intimiste. «C'est un livre qui essaye de situer une histoire personnelle dans son articulation avec l'histoire générale. C'est la raison pour laquelle le livre porte pour titre «Une éducation algérienne», souligne Wassila Tamzali.
«Les émotions exilées», était le titre qu'avait choisi l'auteure quand elle avait décidé d'éditer ce livre. C'est son éditeur, Gallimard, qui a suggéré de choisir un autre titre, d'où l'idée de Wassyla Tamzali s'intituler son ouvrage «Une éducation algérienne». Dans ce contexte le mot éducation est employé dans le sens d'apprentissage, a encore expliqué l'écrivaine. En résumé, «Une éducation algérienne» est l'apprentissage d'une génération qui avait vingt ans à l'indépendance de notre pays. Le titre du livre de Tamzali est un clin d'oeil au roman de Gustave Flaubert «Une éducation sentimentale», a reconnu l'auteure. Dans cet ouvrage, réédité plusieurs fois en France et en Algérie, l'auteure relate les événements de la vie qui ont contribué à sa formation et à celle de sa génération.
Il s'agit des événements de la vie qui ont forgé une identité algérienne, a encore expliqué l'ancienne avocate. «L'identité n'est pas quelque chose qui est donnée au départ», souligne l'auteure.
L'identité est à la fois influencée par la grande histoire, l'histoire familiale et l'histoire sentimentale. Tamzali précise que son ouvrage autobiographie livre énormément d'informations sur une période de l'Algérie qui n'est pas fortement documentée par la littérature qui est la période des années 60.
Identité, valeurs et héritage
«Il s'est passé un moment extrêmement important dans les années 60.
Il y avait une utopie qui était nourrie par les valeurs et l'héritage de la Révolution algérienne comme la liberté et le projet pour l'Algérie post-indépendance, qui nous a formés en tant que jeunesse à l'époque», a affirmé Wassila Tamzali tout en avertissant que «l'utopie n'est pas un rêve creux: l'utopie c'est quelque chose qui se construit sur la réalité». L'écrivaine a rappelé qu'entre 62 et 70, il y avait un pays qui était en train de se construire sur la base d'un héritage.
«Pour nous, la guerre d'Algérie était une Révolution pour la liberté et pas seulement pour la libération: la liberté des hommes et des femmes. Nous avons rêvé de l'Algérie de la liberté, de la gaité, de l'amour, de la poésie, de la beauté...», a rappelé Tamzali.
Le deuxième livre dédicacé par cette dernière est «En attendant Omar Getlato».
Ce livre est en quelque sorte un prolongement du premier car l'auteure y dépeint l'influence du cinéma algérien de la même période sur la jeunesse de la même époque, celle à laquelle a appartenu Wassyla Tamzali.