L'Expression

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Autopsie d’une violence sahélienne

Voilà bientôt dix ans que le Sahel est secoué par une tempête terroriste de plus en plus violente, comme l'indique le bilan établi depuis 2019, à savoir plus de 4000 morts, ce qui représente une multiplication par cinq du nombre de victimes en un peu moins de trois ans! Initialement limitée au nord du Mali, l'insécurité s'est progressivement étendue jusqu'au centre du pays, puis elle a affecté les pays voisins comme le Niger et le Burkina Faso qui, depuis 2020, paient un lourd tribut à l'extrémisme sous toutes ses formes, avec près de 2000 personnes tuées. Point focal de cette montée du terrorisme dans le ventre mou du Sahel, la région du Liptako-Gurma dite aussi région des Trois-Frontières parce que les trois pays précités partagent cette zone sinistrée, accapare désormais l'essentiel des inquiétudes et des stratégies de lutte, plus ou moins efficaces. Longtemps dominée par les factions qui se revendiquent d'Al Qaïda et sont regroupées dans le Jamaat Nasr al-Islam wal Mouslimine (JNIM ou GSIM), cette partie du Sahel a basculé, début 2019, dans le giron du groupe autoproclamé Etat islamique (Daesh). Vaincu et chassé d'Irak et de Syrie, celui-ci a trouvé refuge, d'abord, en Libye, et plus particulièrement à Syrte où il fut terrassé par les milices de Misrata. Ignorée jusqu'alors, la menace terroriste dans le Sahel devint synonyme d'un risque majeur de voir Daesh y renaître de ses cendres. Pour contraindre l'improbable phoenix, la communauté internationale et, surtout, les puissances occidentales telle que la France dont les intérêts stratégiques sont trop évidents pour qu'il soit nécessaire de les exposer ont déployé leur arsenal contre un groupe censé constituer un danger permanent pour la sécurité mondiale. Instabilité chronique, faible gouvernance, espace dimensionnel bien au-delà des capacités intrinsèques de contrôle par les Etats concernés, les ingrédients étaient réunis pour une montée en puissance de Daesh, réduisant le risque des groupuscules d'Al Qaïda à une portée anecdotique. L'émergence de l'Etat islamique du Grand Sahara (EIGS) fut le prétexte pour le sommet de Pau, en 2020, de renforcer les instruments de lutte avec l'entrée en lice de plusieurs forces multinationales (Barkhane, Minusma, G5 Sahel, corps expéditionnaire tchadien, etc). Entre-temps, l'EIGS a rivalisé avec toutes les mécaniques d'Al Qaïda, comme El Mourabitoune, Ansar Eddine, la Katiba Macina ou, encore, le MUJAO, instrumentalisé par le royaume du Maroc. Depuis 2019, il affiche, à lui seul, des séries d'attaques meurtrières visant, à la fois, soldats et civils. A ce jour, les deux ogres du terrorisme se testent et rivalisent en nombre d'attaques sanglantes, sans chercher à croiser le fer. Signe que le Sahel n'en a pas fini avec la douleur et le deuil. 

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