L'Expression

{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

Ennahdha et le chaos

En activant l'article 80 de la Constitution de 2014, le président tunisien Kaïs Saïed a laissé entendre que le message des manifestants, partout dans le pays, a été reçu cinq sur cinq. Les milliers de jeunes, descendus pour clamer leur colère contre le parti islamiste Ennahdha, ont ainsi obtenu satisfaction puisque le chef de l'Etat a, quelques heures à peine après les cortèges hostiles aux partis et à la gestion gouvernementale d'une crise insupportable, gelé les activités du Parlement, dissous le gouvernement Mechichi et promis d'engager les procédures nécessaires pour réformer le système politique, ouvrant la voie à la troisième République que le peuple appelle de ses voeux.
Malgré un impressionnant dispositif policier devant le siège de l'ARP, au Bardo, et une chaleur suffocante, les Tunisiens avaient été nombreux à crier leur ras-le-bol, face à une dégradation des conditions de vie que la pandémie de Covid-19 a rendu encore plus dramatique. Hasard du calendrier ou signe révélateur, ces manifestations ont eu lieu le 25 juillet, date de commémoration de la naissance de la première République, sous la conduite de Habib Bourguiba, en 1957. Elles revêtent, par-là même, la symbolique d'une volonté populaire de reprendre une souveraineté que les partis, issus des conclaves de 2014, ont mis à mal, donnant du grain à moudre à Ennahdha. Après dix ans d'instabilité chronique, les évènements du 25 juillet ont, clairement, signifié la fin de la deuxième République, bâtie en 2014, pour un règne de gabegie et d'instabilité politique, les conflits au sommet de l'Etat ayant culminé au point de bloquer le fonctionnement même du régime. De plus, la gravité de la propagation du Covid a placé la Tunisie au centre des préoccupations des autorités sanitaires internationales qui suivent avec attention le blocage des institutions du pays.
Les révoltes exprimées, dimanche dernier, visent, certes, le parti Ennahdha et ses dirigeants, «symboles d'incompétence et de prédation, durant la décennie écoulée», affirmaient les manifestants, mais elles n'épargnent guère les autres formations, plus ou moins complices. Si la colère des foules s'est concentrée sur les sièges locaux du parti islamiste, elle n'en accuse pas moins les partis alliés. L'histoire enseigne que, dans de tels soubresauts politiques, ces partis, loin de tirer des leçons profitables, s'engagent toujours dans des bras de fer bardés de chaos, au risque de plonger leur pays dans un tourbillon qui pourrait être fatal.

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré

Les + Populaires

(*) Période 7 derniers jours