Kassaman
Hasard de l'Histoire! Kaylia Nemour a remporté la médaille d'or au moment où l'Algérie, son pays, célébrait la Journée nationale de l'Armée nationale populaire (ANP). Les deux événements se sont télescopés. Les «mauvaises langues» y verront un parallèle qui, à leurs yeux, n'a pas lieu d'être. Les barres asymétriques que notre Kaylia nationale a domptées de façon magistrale en ont décidé autrement. Elles ont remis les pendules à l'heure. La jeune prodige algérienne a fait coup double. Elle a pris sa revanche sur le sort. La France l'avait rejetée. L'Algérie lui a tendu la main et l'a prise dans ses bras. Un geste qu'elle lui a rendu. Et de quelle manière! Elle a remporté cette médaille d'or dont elle rêvait, dont l'Algérie rêvait. Cette médaille d'or qui hantait ses nuits et a fait retentir Kassaman, l'hymne national le jour où le pays, son pays, fêtait son armée, digne héritière de l'Armée de libération nationale, constituée d'adolescentes et d'adolescents, comme elle, qui ont libéré l'Algérie. Fait don de leur vie pour que leur peuple vive dans la dignité. Un esprit, un message qu'elle a fait siens pour rendre fier ce peuple auquel elle avait juré de se battre pour arracher ce titre historique. «Au concours général, j'ai tourné avec les plus grandes, les plus fortes. Donc, je suis fière de moi et l'objectif reste dimanche (hier Ndlr). Je vais vraiment me battre pour aller chercher cette médaille», avait promis la jeune pépite algérienne. C'est désormais chose faite. Du coup, elle offre sa première médaille d'or à la gymnastique algérienne et à l'Afrique. Elle est ainsi devenue la troisième femme, après Hassiba Boulmerka (1 500 m aux Jeux olympiques de 1992 de Barcelone) et Nouria Benida-Merah le 30 septembre 2000, lors des Jeux olympiques d'été de Sydney, sur 1 500 m également, à faire retentir Kassaman. À hisser l'emblème national plus haut que celui de ses concurrentes, chinoise et américaine, représentantes de la seconde et de la première puissance mondiale qui, de surcroît, dominent ces Jeux olympiques de Paris au classement général des médailles. L'appétit a été ouvert la veille par sa compatriote Imane Khelif, tout aussi talentueuse. La native de Tiaret, qui a assuré au moins une médaille de bronze à son pays, ne jure désormais que par l'or dont s'est déjà parée notre étoile montante, notre Nedjma nationale. Princesse drapée d'or, de l'emblème national qui a fait retentir le son d'un des plus émouvants hymnes de la planète: Kassaman. L'Algérie te sera éternellement reconnaissante.