Le prix du relâchement

Depuis de nombreuses semaines, le constat était aussi unanime que le relâchement observé dans l'application des mesures destinées à restreindre la propagation du Covid dans le pays. Très vite, les réflexes ont cédé place à une joyeuse insouciance et dans les transports publics, les espaces commerciaux et les administrations, les personnes qui affichaient encore quelque attachement au port du masque et à la distanciation devenaient de plus en plus isolées. Il arrivait même qu'elles fassent l'objet de remarques ironiques. Fatalement, les mises en garde ont fini par devenir des constats et la pandémie a redémarré de plus belle, surtout qu'un nouveau variant Delta s'est invité à la hâte. Donné comme plus rapide dans la propagation et plus féroce dans la contamination, il n'a pas tardé à faire retentir les sonnettes d'alarme. Ainsi, la réunion du Comité scientifique de suivi de l'évolution du Covid-19, présidée par le président de la République, a opté pour une «réactivation ferme des mesures de prévention, prises depuis le début de la pandémie, à l'instar du port de masques, la distanciation physique, la généralisation de l'usage de solutions hydro-alcooliques». En outre, le Comité scientifique a décidé l'accélération de la vaccination, l'exploitation optimale des lits-Covid dans les hôpitaux des grandes villes concernées avec une augmentation des capacités de 7 à 15%. Ces décisions doivent permettre la relance des dispositifs initiaux que le relâchement généralisé a fini par contraindre. A condition que l'application en soit immédiate et contrôlée. Ce n'est, malheureusement, pas le cas. Pour s'en convaincre, il suffit de faire un tour dans les principales artères du pays ou de jeter un coup d'oeil distant aux moyens de transport urbain pour se rendre compte que la population est revenue à ses habitudes d'antan et que les administrations, toutes institutions confondues, peinent à exercer leur mission, pourtant clairement définie dans les dispositions réglementaires à l'origine du dispositif de prévention. Laquelle incombe aux commissions de wilaya qui sont censées poursuivre l'opération sectorielle de prévention et de lutte contre la pandémie de Covid-19, quitte à contrôler et sanctionner les manquements éventuels. De la théorie à la pratique, il existe un large fossé qui explique, sans pour autant la justifier, la dérive constatée, au cours des derniers mois, de telle sorte que toutes les craintes sont permises à la veille de l'Aïd al-Adha.