Poker menteur en Syrie
La chute du régime de Bachar al-Assad, tel un château de cartes, a ébranlé davantage la région instable du Moyen-Orient. D'aucuns parlent du scénario libyen, mais les données sont différentes, compte tenu du fait qu'en Syrie les communautés confessionnelles sont diverses et les enjeux contradictoires. Le pays est, sans aucun doute, menacé par l'anarchie et le chaos, mais certains prétendent que rien ne pourrait être pire que le règne de la famille al-Assad. La «promenade» des factions rebelles, partis d'Idlib, au nord-ouest de la Syrie, sous la conduite du groupe Hayat Tahrir al-Sham, en direction de Damas, la capitale, avait tout l'air d'une campagne la fleur au fusil. Du coup, elle pose bien plus de questions qu'elle n'apporte de réponses. Les nouveaux maîtres du pays sont déterminés à aller vite, très vite dans la métamorphose du régime institutionnel. Ils ont ouvert les prisons, rivalisé de démonstrations bienveillantes en matière de tolérance religieuse et de vivre-ensemble, envers les différentes communautés. Cela suffira-t-il à apaiser les sourdes rivalités qui agitent la mosaïque syrienne? Rien n'est moins sûr. Comme en Afghanistan, lors du retour des Talibans en 2021, l'ambiance bon enfant pourrait être de courte durée. Au moment où l'administration Biden avait opéré le retrait de l'Afghanistan, le régime inféodé est, lui aussi, tombé en moins de quarante-huit heures. Il se trouve que, dans le cas du régime al-Assad, la Russie comme l'Iran n'avaient plus les moyens, ou peut-être la volonté, de voler à son secours, tandis que, de son côté, la Turquie a saisi la balle tant attendue pour une revanche après les soubresauts de 2015. Le syndrome libyen écarté, il semble que la Syrie s'inscrit dans le tourbillon du Printemps arabe qui avait secoué plusieurs autres pays arabes dont l'Égypte et l'Irak. Mais un autre paramètre a eu son impact, plus ou moins décisif: celui du conflit en Ukraine. Le régime al-Assad est tombé sous l'effet d'un dommage collatéral, devenu possible avec la défaite de l'axe de la résistance soutenu par l'Iran.
C'est ainsi que les pièces du puzzle moyen-oriental sont en pleine recomposition, au seul profit de l'entité sioniste et de son allié inconditionnel, les États-Unis qui ont opportunément composé avec les revendications de la Russie et de la Turquie pour renforcer la présence et l'expansionnisme de leur base dans un Moyen-Orient explosif. Sans tarder, l'armée sioniste a attaqué l'ensemble des infrastructures militaires syriennes, occupé la zone-tampon du Golan, prétendument annexé, et montré ses intentions voraces envers les territoires arabes les plus vulnérables.