Après quatre ans de galère, il retrouve la Maison-Blanche
Et si Trump avait changé?
Trump a déjà donné quelques indications qui méritent d'être entendues, même si on ne peut exclure le fait que certaines promesses ne furent que des éclairs dans une campagne présidentielle. Le monde devrait découvrir, durant son exercice, la différence entre ce mandat et le précédent.
La spectaculaire victoire de Donald Trump intervient dans un contexte international bien différent de celui qu’il affrontait en 2016, lors de son premier mandat, et plus encore durant les années qui ont suivi l’échec de sa tentative de remporter un second mandat consécutif. Mais l’homme a le mérite de n’avoir jamais renoncé, ni même douté de revenir à la Maison-Blanche. Pour cela, il fait front face à une forte adversité, résistant à l’«impeachment», aux poursuites judiciaires, aux détracteurs dans le camp républicain et au-delà, et au bras de fer avec Kamala Harris qui incarnait tout ce que Trump rejette avec une constance féroce. Pour toucher la corde sensible de l’électorat, son slogan «L’Amérique d’abord» aura été usé jusqu’à la lie, dénonçant une économie «exsangue» et une «immigration» déferlante.
Il a aussi beaucoup mis l’accent sur les milliards de dollars dépensés pour soutenir l’Ukraine, affirmant que cet argent devait revenir aux Américains et à eux seuls. Le premier constat à retenir, c’est que Trump aujourd’hui n’a rien à voir avec Trump de 2016. Les Américains l’ont choisi parce qu’ils veulent du changement, lassés d’une politique démocrate qui a plongé les États-Unis dans un marasme profond. Ironie du destin, ils ont élu pour effectuer ce changement celui-là même qui prétend l’incarner et qui fut le prédécesseur de Joe Biden et de son administration. Preuve que Donald Trump pourrait bien avoir changé, tant il y a de nombreuses différences entre les époques et entre le nouveau Président et l’ancien qui a rué dans les brancards en 2020. Au pouvoir en 2016, Trump était un novice politique, sinon un outsider et c’est pourquoi il s’était entouré de conseillers politiques et de collaborateurs expérimentés pour mener à bien sa barque dans les eaux internationales, certains d’entre eux ayant altéré ses ambitions. Il semble que tel n’est plus le cas aujourd’hui et qu’il cherchera à imposer d’autres règles du jeu après que plusieurs de ses conseillers et collaborateurs l’ont qualifié de «menteur», de «fasciste» et de Président «inapte» ! Plus que de loyalistes, il a besoin désormais de gens convaincus par son propre programme et engagés pour sa mise en œuvre. Pour cela, Trump a déjà donné quelques indications qui méritent d’être entendues, même si on ne peut exclure le fait que certaines promesses ne furent que des éclairs dans la campagne présidentielle.
Le monde devrait découvrir, au cours de son exercice, la différence entre ce mandat et le précédent, Trump ayant déjà annoncé des droits de douane de 20% sur les importations américaines ainsi qu’un coup d’arrêt effectif aux guerres en Ukraine et au Moyen-Orient dont il considère qu’elles ont un coût énorme pour le peuple américain et auxquelles il s’est engagé à mettre fin au plus vite.
Reste l’enjeu primordial avec la Chine qui est, d’abord et surtout, économique tant la rivalité entre les deux superpuissances est propulsée par l’ambition de Pékin de devenir la première puissance mondiale dans quelques années. Plus que la question de Taiwan, c’est cet enjeu qui constitue une obsession majeure pour Donald Trump, prêt de ce fait à larguer une Europe occidentale vieillissante et dont le fardeau serait devenu, selon lui, insupportable pour les États-Unis.
Pour cette raison, il est clair que son intention d’en finir avec la guerre en Ukraine va occuper ses premières actions à la Maison-Blanche, avant qu’il ne se tourne vers le Moyen-Orient où il pourrait imposer à Netanyahu le cessez-le-feu auquel Biden et son équipe n’ont pu parvenir. Trump a les arguments pour cela, sachant que l’opinion israélienne et sans doute sioniste est largement hostile au Premier ministre israélien et lasse de cette sale guerre dont le coût est, lui aussi, prohibitif et entache le discours sioniste et son corollaire des Accords d’Abraham. Des accords qui resteraient toujours incomplets sans un règlement total et durable de la question palestinienne, conformément à l’offre de paix de la Ligue arabe.
À la base de cette nouvelle donne qui verrait Trump opérer une rupture profonde par rapport à son programme de 2016, il y a cette exigence des familles américaines qui ne veulent plus voir leurs enfants mourir dans des conflits qui ne concernent pas les États-Unis, comme au Vietnam, en Afghanistan, en Irak et sous d’autres cieux. En outre, pour son second et dernier mandat, Donald Trump aura une puissante motivation : celle de laisser dans l’histoire américaine et internationale l’image d’un homme faiseur de paix et de prospérité, quitte à surprendre le monde.