Libye
L’ONU fait écho aux appels à la libération d’un journaliste détenu
Selon des proches et des confrères, M. Sanussi a été interpellé chez lui jeudi à son arrivée de Tunis où il réside, et conduit vers un lieu inconnu.

La Mission d'appui des Nations unies en Libye (Manul) a appelé samedi à la libération «immédiate» d'un journaliste arrêté jeudi à Tripoli, faisant écho aux multiples appels et condamnations d'organisation et de personnalités libyennes et étrangères. La Manul, qui a dit être «profondément préoccupée par l'arrestation et la détention arbitraires du journaliste Ahmed Sanussi le 11 juillet à Tripoli», a appelé à sa «libération immédiate», selon un communiqué sur X.»La répression du journalisme entretient un climat de peur et compromet l'environnement nécessaire à la transition démocratique en Libye», a-t-elle souligné, rappelant la nécessité d'un «espace civique prospère où les Libyens peuvent s'engager dans un débat et un dialogue ouverts et sûrs en exerçant leur droit à la liberté d'expression». Il faut que «toutes les autorités libyennes protègent les journalistes et les professionnels des médias», a-t-elle exhorté. Selon des proches et des confrères, M. Sanussi a été interpellé chez lui jeudi à son arrivée de Tunis où il réside, et conduit vers un lieu inconnu. Le journaliste, qui dirige le site d'information économique «Sada» et présente l'émission «Flousna» (notre argent, ndlr) sur la chaîne indépendante al-Wasat, s'est fait connaître ces dernières années comme lanceur d'alerte, pointant régulièrement les autorités et organismes publics de tout bord pour des faits de malversations et d'abus, le dernier en date étant le ministère de l'économie. Selon al-Wasat, il serait détenu dans les locaux des services de sécurité intérieure de Tripoli. Depuis l'annonce sur les réseaux sociaux de l'interpellation du présentateur, hommes d'affaires, banquiers, juristes et des diplomates étrangers se sont joints aux appels de sa famille et de ses confrères pour sa libération. Vendredi, le Comité de protection des journalistes (CPJ) a dénoncé l'arrestation du journaliste, jugeant «inacceptable que les autorités n'aient pas révélé le lieu où il est détenu ni la raison de son arrestation». Minée par l'insécurité et les divisions depuis la chute du régime de Maammar El Gueddhafi en 2011, la Libye est gouvernée par deux exécutifs rivaux: l'un à Tripoli (ouest) dirigé par Abdelhamid Dbeibah, et l'autre dans l'Est, incarné par le Parlement et affilié au camp du maréchal Khalifa Haftar.