Dans son discours de politique générale devant l’Assemblée nationale française
La profession de foi de François Bayrou
Il prône sans tarder la mise en œuvre d’une « Europe stratégique » face au retour menaçant du président américain Donald Trump, convaincu qu’il ne faut pas « entrer dans la soumission ».

Le rodéo politique en France a pris une nouvelle tournure, hier, avec la déclaration de politique générale du Premier ministre François Bayrou devant l’Assemblée nationale. Alors qu’on attendait la confirmation d’un deal avec le Parti socialiste dont le SG avait annoncé qu’un accord devait intervenir, auquel cas les socialistes ne voteraient pas la censure avec leurs autres partenaires du Nouveau Front Populaire (NFP), Bayrou a plombé, d’emblée, l’atmosphère, déclarant qu’il n’y aura « ni suspension ni abrogation ». Néanmoins, il a assuré que son gouvernement allait remettre «en chantier» l’impopulaire réforme des retraites de 2023, lors d’un discours de politique générale devant le Parlement.
«Je choisis donc de remettre ce sujet en chantier, avec les partenaires sociaux, pour un temps bref, et dans des conditions transparentes», indique-t-il en soulignant qu’il n’y aura «aucun tabou, pas même l’âge» de départ en retraite, fixé à 64 ans lors de la réforme, projet phare du président Emmanuel Macron, malgré un fort mécontentement populaire. Il entérine, par-là même, une semaine de tractations avec la gauche, La France Insoumise (LFI) exceptée. Pendant que les observateurs s’interrogent sur l’attitude face à cette nouvelle donne, Bayrou espère pouvoir compter sur le Rassemblement national de Marine Le Pen qui a encore bien du mal à digérer les résultats contraires des législatives anticipées pour lesquelles les sondages le donnaient « tous derrière et lui devant », comme dans le poème de Paul Fort. Déployant le pedigree des différents ministres de son gouvernement, François Bayrou a clamé que « l’État de droit n’est pas l’État de faiblesse », assurant que son programme « porte un message : l’intérêt général de la France ». Et pour cela, il prône sans tarder la mise en œuvre d’une « Europe stratégique » face au retour menaçant du président américain Donald Trump, convaincu qu’il ne faut pas « entrer dans la soumission ». Humble à tous égards, il reconnaît un certain cafouillage dans les pages de son discours, arguant de son statut de « néophyte » en train d’« apprendre le métier ». Ce qui ne l’a pas empêché d’enfourcher son principal cheval de bataille, autant que son regret, la situation économique déplorable du pays avec un déficit qui a explosé au-delà des 6% du PIB. « La France, dira-t-il, n’a jamais été aussi endettée. La dette est une épée de Damoclès », déplore le Premier ministre qui accuse « tous les partis de gouvernement, sans exception, d’avoir une responsabilité » dans ce désastre. Prenant fait et cause pour la revendication principale des Français qui aspirent à « retrouver la stabilité politique », tout en pointant la « cascade de crises » que traverse le pays, depuis des décennies, il n’a pas manqué, non plus, de tirer sur « tous les partis d’opposition, demandant toujours des dépenses supplémentaires, (d’avoir) dansé le tango fatal qui nous ont amené au bord du précipice ». Reste à se demander si, en évitant une motion de censure, le nouveau gouvernement fera effectivement un pas décisif.