Grève générale depuis hier
Le Maroc sur une poudrière
C’est un avertissement qui sera suivi d’actions plus radicales si le gouvernement ne revient pas à la raison, a averti la Confédération Démocratique du Travail (CDT).

Est-ce l’étincelle qui va faire vaciller le trône ? Flambée des prix, pauvreté, marginalisation, répression, tyrannie, retard en matière d’éducation, système de santé défaillant...À cette conjoncture socio-économique explosive s’est greffée la normalisation des relations avec l’entité sioniste qui a eu comme effet collatéral l’expropriation de Marocains. Sommés de libérer leurs biens immobiliers et fonciers au profit d’Israéliens qui prétendent en être les propriétaires légaux. Des juifs marocains qui ont émigré en Israël en 1948, ou leurs descendants sont retournés au Maroc pour réclamer « leurs biens » après les accords de normalisation signés en 2020 entre Rabat et Tel Aviv. Une situation qui s’apparente à celle que subissent les Palestiniens de la part de l’entité sioniste. C’est en tous les cas, ce qu’expriment ceux qui en sont victimes. Bref. Le peuple marocain en a ras- le-bol ! Son quotidien est devenu un enfer. Les organisations syndicales et professionnelles mènent, depuis hier, une grève générale, massive et à grande échelle, à travers tout le royaume. Une action de colère populaire sans précédent depuis près une décennie. La dernière grève générale au Maroc remonte à 2016, lorsque Aziz Akhannouch, richissime homme d’affaires, contesté pour ses politiques impopulaires, sa mauvaise gestion et la corruption, est devenu Premier ministre fin 2021. Cette action intervient dans un contexte de tensions croissantes autour de plusieurs projets de loi ayant suscité la colère des travailleurs marocains, notamment le projet de loi encadrant le droit de grève, ont indiqué quatre grandes centrales syndicales marocaines. À savoir la Confédération Démocratique du Travail (CDT), l’Union Nationale du Travail au Maroc (Untm), l’Organisation Démocratique du Travail (ODT), et la Fédération des Syndicats Démocratiques (FSD). De leur appel, s’en dégage un sentiment de dépit. Au lieu de se pencher sur la crise sociale aiguë que vivent les Marocains, marquée par le chômage et la hausse des prix, le gouvernement cherche à imposer une loi « restrictive du droit de grève » tout en refusant d’écouter les syndicats, a fait remarquer Younès Firachane, membre du bureau exécutif de la CDT, soulignant que ce dernier a fait passer des lois impopulaires sans prêter attention à la voix de la rue. Le régime du Makhzen, antinational, antidémocratique et antipopulaire, poursuit son attaque féroce contre le peuple marocain de diverses catégories sociales, déplore l’Association Nationale des Diplômés Chômeurs du Maroc (Andcm). Les statistiques l’attestent. En 2019, près de 45% des Marocains se considéraient comme pauvres (38,6% en milieu urbain et 85,4% en milieu rural), alors que plus de 40% des jeunes âgés entre 15 et 24 ans étaient au chômage tandis que le système éducatif se montrait largement défaillant. La durée moyenne de scolarisation y est de 4,4 ans, soit deux années de moins que la moyenne des pays arabes, souligne-t-on. Une situation qui s’est exacerbée avec la crise sanitaire. Le Maroc est revenu «au niveau de pauvreté et de vulnérabilité de 2014 », au terme de la pandémie de Covid-19 et de l’inflation, souligne une note du Haut-commissariat au plan (HCP). Quatre enfants sur 10 vivent dans une situation de pauvreté multidimensionnelle au Maroc, indique une enquête menée conjointement par l’Observatoire marocain du développement humain (Ondh), le ministère marocain de la Famille, de la Solidarité, de l’Egalité et du Développement social et l’Unicef (Fonds des Nations unies pour l’enfance). Un cliché, une face cachée d’un royaume en ébullition écrasé de surcroit par une dette de 70 milliards de dollars selon les données de la Banque mondiale de 2023. Le Maroc est sur une poudrière. « La grève de mercredi (hier Ndlr) est un avertissement, suivi d’actions plus radicales si le gouvernement ne revient pas à la raison », a prévenu la Confédération Démocratique du Travail (CDT). La balle est dans le camp d’Akhannouch. Mais il semble qu’il est trop tard…