Liban
Le Parlement en session pour élire un Président
Privé d'un chef de l'État depuis la fin du mandat de Michel Aoun en octobre 2022, le Liban vit au rythme d'une nouvelle séance non stop du Parlement depuis hier, afin de se doter d'un nouveau président de la République au rôle indispensable pour des raisons à la fois politiques et économiques.
Le pays du Cèdre traverse depuis plusieurs années une crise socio-économique oppressante que l'impuissance des députés à s'entendre sur un candidat consensuel a rendu encore plus grave, alors que l'entité sioniste continue ses agressions meurtrières non seulement dans le Sud du pays mais aussi contre la capitale, Beyrouth, et les grandes villes dont certaines historiques comme Baalbek. Ces derniers temps, le président du Parlement Nabih Berry, par ailleurs chef de la mouvance politique Amal et allié incontournable du Hezbollah, a multiplié les exhortations à l'unité et à la responsabilité, mais les analystes restent circonspects quant à la capacité effective des uns et des autres à transcender les clivages dont certains sont...ancestraux.
Depuis l'assassinat par l'entité sioniste de son chef Hassan Nasrallah et de plusieurs de ses autres dirigeants, le Hezbollah est sorti quelque peu affaibli de la guerre contre un ennemi armé et soutenu inconditionnellement par les États-Unis, le Royaume-Uni et plusieurs autres pays occidentaux, de sorte que l'occasion paraît trop belle pour passer outre ses exigences quant au choix d'un président de la République non inféodé à ces derniers. Pendant que la trêve conclue le 27 novembre 2024 ne cesse de subir les multiples violations sionistes, l'ambiance à Beyrouth demeure incertaine et les paramètres antérieurs ont eu plutôt tendance à se durcir davantage. Il est vrai que le changement intervenu en Syrie peut avoir quelque incidence sur le rapport de forces dans la société comme au sein du Parlement, mais les fortes pressions exercées par les États-Unis, la France ou l'Arabie saoudite risquent de compliquer et non de faciliter l'entente cordiale des élus libanais pour qu'ils s'accordent autour d'un nom inclusif et porteur des réponses auquel le peuple libanais dans son ensemble et sa diversité a droit. Rappelons, à cet égard, que le système institutionnel du pays est tributaire d'un équilibre confessionnel de partage du pouvoir, la présidence de la République étant allouée à un maronite, celle du gouvernement à un musulman sunnite et celle du Parlement à un musulman chiite. Traditionnellement, les parties étrangères tant régionales qu'internationales exercent leurs pressions au moment ultime, de sorte que les députés proches appliquent simplement leur choix mais si le Hezbollah paraît désormais trop affaibli pour imposer le sien, il n'en demeure pas moins qu'il a encore les capacités pour s'opposer à celui qui ne lui convient pas. Ainsi, toutes les options sont de mise: ou le chef de l'armée Joseph Aoun est élu, ou personne ne le sera, ou un candidat restera en ballottage, durant des semaines, voire des mois...