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Relations algéro-françaises

Chronique d’un éternel recommencement

Soixante ans après l’indépendance, les relations algéro-françaises demeurent un objet politique hautement sensible. Relations animées par la question de la mémoire, la passion, l’incompréhension des rapports d’amitié, le ressentiment et des déclarations politiques irréfléchies.

Il ne s'agit pas là certes, de décortiquer soixante ans de relations bilatérales entre l'Algérie et la France, toutefois les rapports politico-historiques des deux pays sont, depuis toujours, à l'origine des tensions qu'elles traversent. Mais qu'en est-il de la suite donnée par les différents gouvernements français à la question de cette relation née après la décolonisation? La France du temps du général de Gaulle avait, depuis l'indépendance de l'Algérie essayé de rendre la coopération post-coloniale exemplaire aux yeux du monde, au moins sur le plan symbolique. «Il s'agissait, pour les gouvernants français, sauf un temps sous Giscard d'Estaing, de transformer la défaite politique de la France en Algérie en victoire universelle sur le terrain des principes et de la pratique des nouveaux rapports Nord-Sud», analyse le chercheur français Jean-François Daguzan.
Des accords ont été même signés entre Paris et Alger en l'occurrence l'accord franco-algérien de décembre 1968 fixant le régime spécifique de la circulation, du séjour et du travail des Algériens en France. Cet accord concernait la nature et la durée des titres de séjour en facilitant leur obtention avec des mesures étendues aux familles. Plus tard, abordant l'histoire commune, le président français François Mitterrand avait déclaré le 8 novembre 1983, lors de la visite du président algérien Chadli Bendjedid en France: «Cette histoire! Elle plonge, vous le savez, loin ses racines dans un passé très longtemps partagé. Nous le connaissons bien, ce passé, votre passé, notre passé. Ses bons et ses mauvais moments, ses passions et ses tourments. Mais il n'y a pas de raison de rejeter ce passé que nous avons vécu. Et à ceux qu'il a réunis, à ceux qu'il a déchirés, je redis comme naguère à Alger, construisons donc le présent et regardons résolument vers l'avenir.» Cependant, les belles intentions du président français n'avaient pas eu d'impact sur le terrain. Elles n'ont pas pu franchir les portes de l'Élysée. Aucune initiative concrète n'a été entamée. Par un souci d'apaisement, le président Jacques Chirac avait fait preuve de bonne foi en soutenant le 16 avril 2004 que «la Déclaration d'Alger, signée le 2 mars 2003», lors de sa visite d'Etat en Algérie, pour refonder les relations, se transforme en «un traité d'amitié», à la manière du traité de l'Élysée franco-allemand (1963)». Le traité d'amitié n'avait pas vu le jour. Qui d'entre nous ne se rappelle-t-il pas de la loi du 23 février 2005 et son célèbre «article 4» qui soulignait ainsi «le rôle positif de la colonisation»? Pour y remédier; les années 2007-2010 ont donné lieu à la tentative de mettre en place une «Fondation pour la mémoire de la guerre d'Algérie». «Cet organisme devait constituer un centre de documentation autour du conflit, réunir des historiens français et algériens, accueillir des conférences, encourager l'édition, servir d'outil commun de recherche à la France comme à l'Algérie. L'initiative n'a pas eu de suite comme si personne, au fond, ne souhaitait rouvrir le dossier», commentait la presse française d'alors. Plus tard encore, en octobre 2012, le président François Hollande reconnaît: «Le 17 octobre 1961, des Algériens qui manifestaient pour le droit à l'indépendance ont été tués lors d'une sanglante répression.» Suivi par l'actuel président, Emmanuel Macron, alors candidat,qui a qualifié la colonisation de «crime», de «crime contre l'humanité» et de «vraie barbarie». Aussi, le rapport Stora est né et certaines de ses recommandations ont vu le jour, mais cela n'empêche pas que les relations algéro-françaises soient revenues à la phase de reconstruction suite aux dernières déclarations du président Macron accusant les dirigeants algériens de faire dans «la rente mémorielle» et la réplique immédiate de l'Algérie suivie de tensions diplomatiques. «La volonté du président français de réconcilier les mémoires autour de la guerre d'Algérie aboutit paradoxalement à une crise sans précédent entre Paris et Alger», écrit le quotidien Le Monde. Sommes-nous alors dans une situation du recommencement de l'échec?

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