L'Expression

{{ temperature }}° C / {{ description }}

Cité introuvable.

Un taux de participation de 30,20% au niveau national

Des messages non codés

Le premier message est que cet abstentionnisme constitue un comportement électoral révélateur d’une profonde crise de confiance. Le fossé, aujourd’hui abyssal, a été l’œuvre de 20 ans de pillage et de gabegie.

Engagée dans une laborieuse opération de décompte des bulletins, l'Autorité nationale indépendante des élections (Anie), n'a livré les premières estimations que dans la nuit d'avant-hier avançant un taux moyen de participation dans les élections législatives de 30,20%. Un taux faible, voire même trop faible commentent de nombreux observateurs au vu des défis que charrient ces élections, des moyens mobilisés par l'Etat et du nombre de candidats engagés dans ce scrutin. Le premier message est que cet abstentionnisme constitue un comportement électoral révélateur d'une profonde crise de confiance. Se gargariser avec l'idée que l'abstentionnisme est, de toutes les manières, une tendance mondiale, c'est faire preuve d'une déconcertante légèreté d'analyse d'un phénomène qui nous délivre des messages clairs et qui n'ont besoin d'aucun décryptage. Il ne faut pas se voiler la face, il y a une dégradation de la situation et des relations entre la société et le pouvoir. Le fossé, aujourd'hui abyssal, a été l'oeuvre de 20 ans de pillage et de gabegie. Comment rétablir les ponts rompus? Comment reconstruire cette confiance? C'est le grand chantier post-électoral qui nous interpelle à travers ces résultats. Certes, on peut faire dire aux chiffres à peu près ce que l'on veut, mais trancher que le taux de 30% est une grande victoire, c'est mentir à soi-même. Et quand c'est de sa propre main que l'on se frappe, on n'a aucune chance de se rater, même en fermant les yeux. Ce taux de 30,20%, même provisoire, reste le score le plus faible depuis au moins vingt ans pour des législatives, selon le président de l'Anie lui-même. Le message de la crise de confiance est clair, il faut l'écouter et lui apporter des réponses tout aussi claires et urgentes. Une fois ce constat admis sans détourner la tête, une deuxième étape s'impose: il s'agit de savoir quelles seront les conséquences de cette distanciation entre les institutions et les citoyens. Le fossé qui est en train de se creuser accentue au passage des zones de fragilité qui peuvent engendrer des ruptures très graves. Plus un Etat est faible au plan interne, plus il est « éligible» aux convoitises externes. Pays riche en ressources énergétiques (gaz et pétrole) et minières, dont l'or et surtout l'uranium, l'Algérie devient une proie à une concurrence internationale féroce. Cette faiblesse interne engendrée par la crise de confiance est gravement accentuée par les messages de haine qui sont légion sur les réseaux sociaux. Quand un chef de parti politique, un sénateur et une députée taxent une région du pays, la Kabylie, de «cancer qu'il faut extirper de la nation», sans qu'ils ne soient inquiétés, il y a de quoi trembler pour l'avenir de cette même nation. L'urne de ce 12 juin a lancé une alerte qu'il faut prendre très au sérieux. Le taux de participation des électeurs est un indicateur de l'engagement civique des citoyens envers leur pays. Avons-nous perdu cet engagement en Algérie? La fibre citoyenne s'est-elle brusquement éteinte? Rappelons-nous de l'incroyable sursaut patriotique durant l'élection présidentielle de 1995. Le spectacle des citoyens algériens jouant des coudes devant les bureaux de vote, a émerveillé le monde au moment où l'Algérie allait sombrer dans la guerre civile.

De Quoi j'me Mêle

Placeholder

Découvrez toutes les anciennes éditions de votre journal préféré