Annaba
Devoir de mémoire
Le 1er Novembre 1954, cette date phare ancrée dans la mémoire des habitants de la wilaya d’ Annaba est un rappel du tribut payé par de valeureux moudjahidine et glorieux chouhada qui ont payé de leur vie l’indépendance de l’Algérie.
La célébration du 1er Novembre 1954, n'est pas uniquement une date phare pour commémorer un tournant décisif de l'histoire de l'Algérie, mais une époque qui rappelle et continue de rappeler les sacrifices durant plus de 130 ans de colonialisme. En effet, 70 ans après, la wilaya d'Annaba se rappelle une période coloniale dont les coins et les recoins de toute la wilaya gardent encore les séquelles d'une mémoire populaire meurtrie. Sept décennies après, la mémoire collective de la population annabie revient sur ce jour du déclenchement de cette révolution qui a abouti au recouvrement de l'indépendance et de la souveraineté nationales, selon des témoignages des seniors et des cadets de cette wilaya où Mostefa Benboulaïd plus connu sous le nom de Amar Benaouda est une icône de la révolution. Son nom revient dans tous les propos. Marouane, un jeune chômeur, n'a pas honte de déclarer son chômage, mais éprouve une certaine fierté d'être natif de cette wilaya qui a donné naissance à Si Amar Benaouda. «Je suis indépendant et c'est tout ce qui compte pour moi», a lancé Marouane avec un regard plein d'émotion. «Et si la guerre d'indépendance était à refaire, je ferais autant que les chouhada et les moudjahidine'». Des phrases bwrèves mais pleines de sens pour un jeune qui n'a pas vécu l'enfer du colonialisme. Un sentiment éprouvé par plus d'un homme, d'une femme et de jeunes, toutes franges de la société confondues. Parmi nos divers interlocuteurs sur la symbolique de la commémoration de l'anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale, le consensus est «unanime». Le 1er Novembre 1954 constitue un jalon historique pour raviver le souvenir des énormes sacrifices consentis par les Annabis et les grandes épopées menées par Amar Benaouda, Amor Rizzi, Rachid Fellah, Kaâbar Adra, les Kouchouk et bien d'autres parmi les chouhada de Annaba, pour arracher l'indépendance et préserver l'intégrité territoriale du pays, et se débarrassant du joug colonial et de ses crimes odieux. Des massacres qui font toujours mal à la mémoire collective des Annabis lesquels se souviennent encore des crimes commis contre les citoyens, par les juifs, les Espagnols et les Maltais dans les rues des quartiers Elyza ou encore L'Orangerie. Les Annabis se remémorent encore les centaines de cadavres et de squelettes découverts dans la cave de la villa d'un colon juif au quartier Khemisti. La résidence Mauricier témoigne encore des horreurs commises par ce colon dont les principales victimes sont des porteurs, des vendeurs et des marchands, les femmes de ménage qu'ils appelaient «les Fatma», pour ne citer que ces douleurs parmi tant d'autres qui ont marqué, à ce jour, les habitants d'Annaba. Cette wilaya dont le 1er Novembre de chaque année dont la mémoire revient sur tous les massacres de la milice noire sénégalaise dans les rues de la ville où des dizaines de corps de civils annabis tués sont découverts, notamment au niveau du port. Le plus souvent, ce sont des dockers matinaux en quête de travail et des femmes travaillant chez les colons, qui étaient ciblés et à la portée de l'armée française, de paramilitaires et même de simple colons. Bien que la lutte fût disproportionnée par rapport à un ennemi hyperarmé, les Annabis étaient conscients et avaient mené tout de même la lutte avec une volonté et une ténacité d'un peuple uni et épris de liberté. Cela a fait d'Annaba une base-arrière et une zone de repli pour les moudjahidine, et un lieu névralgique d'approvisionnement de la révolution en armement, depuis les frontières limitrophes de la Tunisie. C'est pourquoi, d'un 1er Novembre à l'autre, le souvenir commun revient avec douleur sur un passé qui a forgé le succès et l'unité des rangs dans cette wilaya de l'est du pays où la cérémonie du 1er Novembre 1954 reflète l'attachement des Annabis au sacrifice pour leur patrie, après avoir laissé la flamme de la résistance allumée pendant plus d'un siècle d'occupation. Pour Annaba, chaque 1er Novembre est le rappel d'une indépendance jalousement protégée, grâce à l'esprit collectif dont le devoir est de préserver la pérennité de l'histoire de cette révolution qui a inspiré les nations opprimées dans le monde.