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Les marches hebdomadaires désormais encadrées par la loi

Hirak : la nouvelle donne

L’intention n’est pas restrictive des libertés, et encore moins une manœuvre destinée à interdire les marches.

Rendu public, avant-hier soir, le communiqué du ministère de l'Intérieur fixant les modalités et conditions d'organisation des manifestations de rue remet les pendules à l'heure. C'est bien de cela qu'il s'agit, puisqu'il est fait référence à la Constitution. Celle-ci n'interdit en aucune manière l'exercice du droit à manifester. Ce droit n'est fixé par aucune demande ou autorisation préalable de l'administration compétente. Mais pour éviter des situations d'anarchie et pour préserver la sécurité publique, la seule obligation faite aux organisateurs de manifestations est d'en faire la déclaration, sans plus. «Les organisateurs des marches sont tenus à la déclaration, auprès des services compétents, des noms des responsables de l'organisation de la marche, des heures de son début et de sa fin, de l'itinéraire et des slogans à lever», note le communiqué du ministère. Cette pratique n'est pas restrictive des libertés, et encore moins une manoeuvre destinée à interdire les marches. Le principe de la déclaration vaut dans les plus grandes démocraties de la planète. Aucune marche ne saurait être autorisée, sans que l'autorité publique ne sache de quoi il retourne pour sécuriser le parcours et éviter des comportements attentatoires à la sécurité publique, à la morale, ainsi qu'aux institutions de la République. Aux USA, en France, en Allemagne et ailleurs dans les pays à démocratie avancée, ces principes sont sacrés et tout individu qui les enfreigne s'expose à des sanctions, ainsi qu'à la dispersion de la manifestation par les forces de l'ordre. On a vu cela, tout au long du feuilleton des gilets jaunes en France, aux Etats-Unis, lors des «émeutes raciales» ou encore en Allemagne lors des marches anti-confinement. Les services de sécurité de ces pays font usage de la force légitime contre des manifestations non déclarées ou en cas de violation de l'itinéraire. L'intervention de l'Etat se justifie, en ce sens que les manifestants ont le droit d'user de leur droit, mais pas empiéter sur celui de citoyens qui ont aussi le droit de jouir de sécurité et de tranquillité. Bref, la liberté des uns s'arrête là ou commence celle des autres.
Ramenée à la situation que vit le pays trois jours par semaine, pour la capitale et deux pour certaines autres villes du pays, l'instruction ministérielle n'interdit pas ces manifestations, mais entend les intégrer dans un contexte démocratique global, au même titre que ce qui se pratique dans les démocraties avancées. Laisser les marches se dérouler sans identifier de responsabilité, a conduit à une dangereuse dérive en matière de slogans. Il est, en effet, plus qu'évident que des organisations malintentionnées ont profité de cette absence de responsabilité pour réveiller les démons de l'islamisme radical et proférer des insultes inexcusables à l'endroit des institutions de la République, à l'image de l'ANP et la présidence de la République. Le communiqué ouvre la possibilité aux collectifs sociaux et politiques, de protester, soutenir, revendiquer, se solidariser avec la cause qu'ils désirent, mais dans un cadre organisé. Une marche qui dure 5 heures de temps, où l'on fait du tort à la nation et ses institutions et finit en queue de poisson est systématiquement récupérée et peut tomber dans l'anarchie. La démocratie est l'exact contraire de l'irresponsabilité individuelle et collective.
De fait, ce communiqué a la particularité, plus de 2 ans après le début du Hirak, d'établir des règles du jeu démocratique, telles que pratiquées dans les grandes démocraties. Dans ces pays donneurs de leçons en la matière, pancartes, banderoles et slogans font l'objet de consensus entre les organisateurs et les participants et sont préalablement communiqués aux autorités. Ceci explique les manifestations, jusqu'aux grilles de la Maison-Blanche, à Washington. Il n'y a pas de hasard en démocratie. Celle-ci autorise, voire encourage les manifestations, parce qu'elles sont l'expression directe et majeure de revendications et de desiderata de catégories sociales, professionnelles ou politiques. Mais juste l'expression, pas l'imposition d'un point de vue ou l'insulte. Dans les pays respectueux des droits de l'homme, l'insulte est réprimée par la loi. La sanction pénale est plus grave que la diffamation.
En Algérie, le pacifisme dont fait montre une bonne majorité des Algériens est un avantage exceptionnel pour les organisateurs des marches. Il reste que le dernier vendredi, l'itinéraire a été soudainement changé. Les force de l'ordre étaient prises de court. Les manifestants s'étaient retrouvés sans protection. Un incident fâcheux aurait pu se produire. Cela en plus des groupes infiltrés qui ont totalement dénaturé les slogans, avec l'intention évidente de monter le peuple contre son Etat. Ce sont là deux graves entorses à la liberté de manifester.
Enfin, il y a lieu de souligner que ce communiqué annonce un grand changement dans les manifestations du vendredi. Les intellectuels qui sont partie prenante du Hirak, dont beaucoup d'hommes de loi, doivent prendre leur responsabilité et se conformer à la Constitution en déclarant ces marches, leurs itinéraires, leurs slogans et l'heure de la dispersion. Aurons-nous enfin une marche réellement démocratique et sans risque sur les institutions de la République?

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