L'Expression

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L’homme qui aimait l’Afrique

La mémoire collective africaine retiendra que Bouteflika avait privé la délégation du régime de l’Apartheid de l’Afrique du Sud de participer à l’Assemblée générale de l’ONU en 1974.

Mieux que tout, plus que personne, Abdelaziz Bouteflika résume, à lui seul, une séquence historique de 70 ans... De son brillant surgissement sur la scène internationale, à son lent engourdissement par l'effet d'une pesanteur bureaucratique, à sa dégénérescence, enfin, par la mortification de ses circuits de décision, Abdelaziz Bouteflika, l'un des plus brillants diplomates du monde, avait insufflé une dynamique contestataire dans les relations internationales, matérialisée par une diplomatie multilatérale qui imposera Yasser Arafat, en novembre 1974 à l'ONU, offrant au chef du combat national palestinien une tribune pour s'adresser au monde depuis New York, la plus grande ville juive du Monde. Une action d'éclat. Le propre d'un coup de force d'un guérillero diplomate. En effet, quand les tam-tams africains retentissaient à Alger, les présidents du continent rappliquaient en nombre pour se regarder dans le miroir algérien. La captation de l'héritage révolutionnaire, de même que la rente pétrolière, au profit d'une diplomatie offensive. Un demi-siècle durant, Alger a été la Mecque des révolutionnaires. Des mouvements de libération jusqu'aux processus de paix, Abdelaziz Bouteflika a épousé toutes les phases des relations entre l'Algérie et le continent africain. Une idylle entamée en 1961, lors de sa première sortie clandestine de ce qui était alors l'Algérie française, en pleine guerre d'indépendance. Direction plein Sud, en mission secrète au Mali, tout juste indépendant. De Gao, dans le nord du Mali, où l'avait dépêché le Front de Libération nationale (FLN), il revient avec un nom de guerre, Si Abdelkader El-Mali. La légende se forgeait et déjà se nimbait de brume. Le jeune homme révolté venait de faire un pas, celui que faisait aussi l'Algérie vers le sud du continent. En effet, au lendemain de son indépendance, l'Algérie se devait de rester fidèle à elle-même, dans ses engagements à l'égard de toutes les causes justes et de la liberté des peuples. La conduite de la politique étrangère de l'Algérie obéit à cette double réalité historique et géopolitique. Une position longtemps incarnée par Abdelaziz Bouteflika, aussi bien en tant que ministre des Affaires étrangères pendant quinze ans (jusqu'en 1979), puis comme président, vingt ans plus tard. Sous sa houlette de figure du «tiers-mondisme», la diplomatie algérienne fut une diplomatie de combat sur tous les fronts de la lutte anticoloniale, de l'Angola à la Palestine, de l'Afrique du Sud au Vietnam. Elle était, aux yeux du courant «progressiste», alors majoritaire au sein de l'opinion africaine, aussi populaire que respectée. De la recherche des voies d'un développement rapide et harmonieux pour l'Afrique, il fait son fil d'Ariane. C'est ainsi qu'il sillonna le sol des capitales, y fut reçu par les hommes et les femmes qu'il avait côtoyés, estimés, inspirés. Ceux des années 1960, dans la fièvre rouge des temps de révolution. Ceux des années 2000, dans la communion autour de la construction d'une Afrique en renaissance, dont il était l'un des parrains. N'est-il pas l'inspirateur, en juillet 2001, sous la tutelle de l'Union africaine, du Nepad (Nouveau partenariat pour le développement de l'Afrique), en compagnie du Sud-africain, Thabo Mbeki, du Nigérian Olusegun Obasanjo et du Sénégalais Abdoulaye Wade? Un projet devant combler le fossé séparant l'Afrique du reste du monde. Diplomate chevronné et reconnu, Bouteflika impulsera la politique étrangère qui donnera à l'Algérie une notoriété au niveau international. Élu, à l`unanimité, président de la 29e session de l`Assemblée générale des Nations unies en 1974, Bouteflika obtient la mise au ban, par la communauté internationale, du régime sud-africain pour sa politique de l'apartheid. À la tête de l'OUA, il joue un rôle clé dans la transformation de cette dernière en Union africaine (UA) et fait d'Alger un carrefour de négociation pour les conflits qui déchirent la Corne de l'Afrique, le Sahel et la Libye. Au plan arabe, l'on retiendra qu'en 1975, l'Algérie, grâce à ses efforts diplomatiques, a joué un rôle de médiateur entre l'Irak et l'Iran. L'Irak lui doit la reconnaissance pour ces efforts. 

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