Le temps des rafistolages

Chaque rentrée sociale apporte ses particularités et ses problématiques en termes de conflits sociaux et de négociations. Pour cette année, le dialogue social et la négociation doivent constituer la trame de fond. Le mode opératoire reste à trouver avec les protagonistes et partenaires sociaux et les pouvoirs publics dans la perspective d'asseoir les jalons d'une paix sociale qui tiendra compte de la situation précaire.
La grogne sociale est le symptôme d'une situation où les indicateurs socio-économiques sont au rouge. C'est le propre d'un front social dont les tenants et les aboutissants sont l'émanation d'une réalité insoutenable. Le chômage, la baisse de la valeur du dinar et ses retombées sur le pouvoir d'achat ne font que creuser davantage le fossé entre les pouvoirs publics et la grande masse livrée à elle-même. Il est connu de par le monde que chaque situation conflictuelle de ce genre finit, inexorablement, par des négociations autour d'une table réunissant les forces représentatives de la dynamique sociale et les pouvoirs publics. Mais cette démarche est conçue d'une manière préventive, à partir d'une large consultation impliquant toutes les forces sociales incarnant ladite dynamique sans que cela se transforme en un folklore et une sorte d'effet d'annonce pour amuser la galerie.
C'est aux concernés et représentants du front social d'être la matrice de ce dialogue et de la négociation sur la base d'une approche concrète et pragmatique quant à la satisfaction des revendications légitimes en rapport avec la condition socio-économique de millions d'Algériens qui subissent les fatras et retombées de la dégradation de leur vie sociale. La mise en place d'une instance chargée de suivre et de proposer des solutions objectives en concertation avec les premiers concernés de la chose sociale, s'impose avec acuité et urgence,car nécessaire. C'est à travers ce dialogue concret, en assumant la démarche d'une manière instituée et organique, que les solutions mêmes graduelles pourraient prendre un sens palpable d'une issue sérieuse et concrète. Les pouvoirs publics et les partenaires sociaux sont interpellés a ouvrir les canaux de dialogue et de négociation sans ambages et sans condition préalable. Il ne suffit plus de dire que le dialogue et la négociations sont des vertus qu'il faut promouvoir et encourager pour juguler les conflits pendants. La crise est telle que la sémantique ne peut plus suffire pour absorber les poches de grondes et de contestations qui commencent à se faire sentir au niveau national.
La situation exige qu'il y ait un plan concret et réalisable pour donner du crédit à la démarche consistant à prôner le dialogue et la négociation comme moyen de règlement des conflits sociaux et de crises en relation avec le front social et ses retombées.
Les atermoiements et tergiversations risquent d'envenimer le front social et le transformer en poudrière. Les mesures d'urgence pour éteindre dans l'oeuf le brasier social en gestation sont exigées mordicus.