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La contestation populaire monte, l’Armée prend position

Les dernières heures au pouvoir

Habillé en djellaba traditionnelle, il remet sa démission en cette fin de soirée du 2 avril 2019. Une lettre qui fait office de message d’adieu au peuple algérien.

Le 2 avril 2019. l'Algérie fait face depuis près d'un mois et demi à des manifestations populaires qui réclament la démission du président en poste, Abdelaziz Bouteflika. L' élection prévue le
18 avril 2019 a été annulée. Bouteflika a retiré sa candidature à un 5e mandat, tout en nommant un gouvernement de transition. Mais rien n'y fait, la rue continue unanimement à demander sa démission. La tension est palpable dans la capitale, qui est sous haute surveillance policière. En ce premier mardi d'avril, les étudiants font une nouvelle démonstration de force en marchant par centaines de milliers pour réclamer le départ du chef de l'État. Dans les coulisses, on tente de trouver rapidement une solution politique pour sortir de la crise. Une rumeur circulait avec insistance sur sa capitulation prochaine. Surtout que 3 jours avant, Gaïd Salah s'était «rangé» du côté du Mouvement populaire. Il avait appelé à «la nécessité de mettre en application les articles 7, 8 et 102 de la Constitution et qu'aucune autre solution en dehors du cadre constitutionnel ne peut être envisagée». Mais le «clan» Bouteflika s'accrochait encore au pouvoir. Dans l'après-midi, une information met le pays en ébullition. Le vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'Armée nationale populaire est en train de présider une réunion au siège de l'état-major de l'ANP, avec les commandants des Forces armées, les commandants des Régions militaires, le secrétaire général du ministère de la Défense nationale et les chefs des deux Départements de l'état-major de l'ANP. Il y prononce le fameux discours qui sonnera la fin de 20 ans de règne de Bouteflika à la tête du pays. «Nous estimons qu'il n'y a plus lieu de perdre davantage de temps et qu'il faut appliquer immédiatement la solution constitutionnelle proposée, à savoir la mise en application des articles 7, 8 et 102 et entamer le processus garantissant la gestion des affaires de l'État dans le cadre de la légitimité constitutionnelle. Aussi notre décision est claire et irrévocable», lance le patron de l'armée. Confiné dans sa résidence médicalisée de Zéralda, Abdelaziz Bouteflika, dont des bruits sur sa prétendue mort faisaient le tour des réseaux sociaux, apprend la triste nouvelle à la télévision, comme le reste de ses compatriotes. Le soir même, les choses s'accélèrent. L'agence de presse officielle (APS) annonce dans une dépêche que «le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a notifié officiellement au président du Conseil constitutionnel sa décision de mettre fin à son mandat en qualité de président de la République». La nouvelle fait vite le tour du monde. Les médias du monde entier ne parlent que de ça. La Télévision nationale, elle, reprend en boucle la nouvelle au même titre que le discours du chef de l'Armée. Il est un peu plus de 22h quand tous les programmes, des télévisons publiques et privées, sont arrêtés. «Abdelaziz Bouteflika va démissionner». À 22h 23mn, on voit les premières images du président, disparu des regards depuis plusieurs semaines. Il est entouré du président du Conseil constitutionnel, Tayeb Belaïz et du président du Conseil de la nation, Abdelkader Bensalah, qui doit assurer l'intérim jusqu'à l'élection d'un nouveau président. Les Algériens y découvrent un vieil homme assis sur son fauteuil roulant, habillé en décontracté avec une djellaba traditionnelle. On croirait qu'on venait de l'arracher de son lit! Toujours en vie, il relit sa lettre de démission avant de la remettre difficilement au président du Conseil constitutionnel. Une lettre qui fait office d'émouvant adieu au peuple algérien.
«Cette décision que je prends en mon âme et conscience est destinée à contribuer à l'apaisement des coeurs et des esprits de mes compatriotes pour leur permettre de projeter ensemble l'Algérie vers l'avenir meilleur auquel ils aspirent légitimement», écrit-il.
«Cette décision procède de mon souci d'éviter que les excès verbaux qui marquent malencontreusement, l'actualité ne dégénèrent en dérapages potentiellement dangereux pour la protection des personnes et des biens qui relève des prérogatives essentielles de l'État», ajoute-t-il avant de conclure en souhaitant le meilleur au peuple algérien. Ce sont là les derniers mots d'un président après plus de deux décennies de pouvoir..

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