L'Expression

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Média culpa

Les pouvoirs publics doivent donc comprendre que ce n’est pas en imposant les «bonnes» nouvelles ou en diffusant un communiqué sur les risques des fake news, que le problème se règle. Car la confiance, on ne peut l’imposer au citoyen mais la gagner.

Dans cette crise de pénurie d’oxygène, les médias ont été appelés par l’Autorité de régulation de l’audiovisuel, à éviter de se concentrer excessivement sur les nouvelles négatives. Le ministère de la Santé, lui, a diffusé sur sa page facebook un communiqué mettant en garde contre les «fausses nouvelles et les fausses rumeurs» qui constituent « le plus grand obstacle au processus de lutte contre le virus Covid-19». Mais entre l’alarmisme des uns et les fake news des autres, il y a des vérités qui sont dites. Non pas seulement par les médias, mais par des professeurs, des spécialistes et même de simples citoyens, via les réseaux sociaux. Face au flux important des nouvelles et vidéos qui circulent sur la toîle, les citoyens, qui sont en droit de rester informés de la situation épidémiologique et d’échanger sur la gravité de son évolution dans le pays, risquent d’être victimes de fake news, d’angoisser en raison de rumeurs infondées ou même d’être pris de panique face à des images erronées. Mais, comme on dit, le risque en vaut la chandelle, car on ne peut se couper du monde par peur de se faire intoxiquer ! Les pouvoirs publics doivent donc comprendre, que ce n’est pas en imposant les «bonnes» nouvelles ou en diffusant un communiqué sur les risques des fake news, que le problème se règle. Car la confiance, on ne peut l’imposer au citoyen, mais la gagner. Pari difficile si l’on cite le dernier cafouillage de la direction de la santé de Skikda, qui a démenti son propre communiqué, publié sur sa page facebook. Non seulement, la DSP s’est rétractée sur l’information donnée portant sur le décès de patients des suites du manque d’oxygène, mais elle attribue cela «à une manipulation des réseaux sociaux». Ce méli-mélo, qui vient de se produire en pleine détresse sanitaire, rappelle étrangement la confusion qui a eu lieu dans la gestion du stress hydrique. La Seaal n’avait-elle pas, aussi, été amenée à retirer un communiqué annonçant une dure restriction dans la distribution de l’AEP ? Il semble bien que nos dirigeants n’ont rien appris de la gestion des crises et qu’ils confirment leur statut de «mauvais élèves» de la pandémie. On dit bien qu’il faut beaucoup de vérités pour gagner une confiance mais il suffit d’un mensonge pour la perdre. Ne faudrait-il pas alors penser à dire la vérité au peuple qui saura apprécier le courage de ce geste ? Celui qui aura assez de confiance en soi pour dire des vérités ne gagnera pas seulement le respect des Algériens, mais mettra fin aux rumeurs et fake news et accélèrera aussi la solution du problème qu’il pose. Car ce n’est pas en détournant le regard qu’on cachera « ce sein» que l’on refuse de voir ni en cassant le thermomètre qu’on fera baisser la température. Pour soigner un mal, il faut d’abord le diagnostiquer, pour pouvoir, par la suite, lui prescrire le remède adéquat. Lorsque d’éminents professeurs avancent des chiffres qui donnent froid dans le dos sur le nombre de contaminations ou qu’ils crient au manque manifeste de l’oxygène, peut-on simplement leur dire qu’il ne faut pas être alarmiste ? Va-t-on croire qu’ils sont tous comploteurs ? Manipulateurs ? Lorsque des centaines de messages sont publiés sur les pages facebook par des anodins, à la recherche désespérée d’une bouteille d’oxygène, est-il possible de penser qu’ils se jouent tous de la détresse humaine ? Ou faut-il considérer qu’il s’agit là d’une nouvelle «négative» ? Dans la gestion d’une crise, il faut tous y mettre du sien. Il faut s’échanger la bonne information, la communiquer et permettre à chacun de participer à la solution. Il suffit, pour s’en convaincre, de voir l’élan de solidarité citoyen qui s’est manifesté à travers tout le pays et chez la communauté algérienne à l’étranger. En un laps de temps très court, des hommes et des femmes d’affaires, des syndicats, des associations, la diaspora, tous ont mis la main à la poche pour importer des concentrateurs d’oxygène. Ces gestes honorables, tout autant que ceux du personnel médical, qui s’échinent chaque jour à sauver des vies humaines, doivent être mis en avant par les médias. Ces «bonnes» nouvelles, qui redonnent de l’espoir, ne peuvent, cependant, être mises en avant, que si l’on s’avoue toutes les vérités. Car si la mobilisation historique des Algériens s’est manifestée, c’est pour parer au manque d’oxygène et si l’abnégation et le sacrifice des médecins se sont illustrés dans des vidéos où, larmes aux yeux, ils demandaient de l’aide en «live», c’est parce que leurs patients suffoquaient par manque d’oxygène. La réalité peut être amère, mais elle est toujours meilleure qu’un mensonge.
Média culpa

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