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Le président Tebboune décortique la crise algéro-francaise sur le journal allemand Der Spiegel

«On n'insulte pas les Algériens»

«(...) nous voulons une reconnaissance pleine et entière des crimes commis par les Français», a déclaré, sentencieux le chef de l'État à l'influent hebdomadaire allemand.

Que s'est-il passé entre le président Abdelmadjid Tebboune et Emmanuel Macron après les dérives de ce dernier contre l'Algérie? La réponse a été donnée, hier, par l'hebdomadaire allemand Der Spiegel en titrant l'interview que lui a accordée Tebboune par une révélation: «Quand Macron appelle, il ne répond plus.
Pourquoi?». Ainsi donc, nous apprenons que le président français a obtenu une fin de non-recevoir dans ses tentatives de joindre par téléphone, comme il avait l'habitude de le faire régulièrement, son homologue Abdelmadjid Tebboune. Il a voulu s'expliquer, mais le refus de Tebboune a été en lui-même une réponse signifiant que pour Alger les choses sont claires. Elle ne laissera pas passer cette dérive et les propos de Macron vont altérer durablement les relations entre les deux pays. «On ne touche pas à l'histoire d'un peuple, et on n'insulte pas les Algériens», a déploré le président Tebboune se référant à l'interrogation formulée par Macron: «Est-ce qu'il y avait une nation algérienne avant la colonisation française?», lors d'une rencontre le 30 septembre dernier à l'Élysée avec un groupe de jeunes Français et de binationaux. Tebboune a assimilé ces propos à une vieille haine recuite distillée par des dirigeants coloniaux, accusant Macron d'avoir «repris le même discours», raciste et xénophobe du chroniqueur et auteur de l'extrême droite Eric Zemmour.
Pour le président Tebboune, «Macron est loin de penser ainsi» mais, explique-t-il, il l'a fait pour des raisons électorales. «Malheureusement, M. Macron s'est placé du côté de ceux qui justifient la colonisation en disant cela.», a fait remarquer Abdelmadjid Tebboune.
L'Algérie est à ce point ancrée au coeur de la vie politique française. Et c'est toujours pour des raisons strictement électoralistes que Macron n'a envoyé aucun message à Tebboune à l'occasion du 67e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale. Pour les hommes politiques français, candidats à la prochaine présidentielle, le «dossier Algérie» est d'une extrême sensibilité. Interrogé par l'hebdomadaire allemand s'il regrettait cette crise, Tebboune a répliqué que «je n'ai pas de regrets. Macron a rouvert un vieux conflit de manière totalement inutile».
Dans ces conditions le chef de l'État prévient qu'il ne sera pas celui qui fera le premier pas «sinon je vais perdre tous les Algériens, il ne s'agit pas de moi, mais d'un problème national». «Aucun Algérien n'accepterait que je contacte ceux qui nous ont insultés», explique Abdelmadjid Tebboune. Mieux encore, il rappelle que l'Algérie ne quémande pas d'excuses auprès de Macron pour quelque chose qui s'est passé en 1830 ou 1840. «Nous voulons une reconnaissance pleine et entière des crimes commis par les Français», a déclaré, sentencieux le chef de l'État à l'influant hebdomadaire allemand. «Y a-t-il une perspective de dénouement avec la France?» interroge le Spiegel. Niet rétorque Tebboune et « si les Français veulent aller au Mali ou au Niger maintenant, ils devront juste faire neuf heures de vol au lieu de quatre». Il assure toutefois qu'une «exception» serait faite pour «le sauvetage de personnes blessées».
En revanche, dans le même entretien, il exprime un rapprochement certain avec l'Allemagne qui a toujours traité l'Algérie avec respect. « Les Allemands ne nous ont jamais traités avec arrogance, et il n'y a jamais eu de désaccord sur la politique étrangère», a-t-il confié avant d'exprimer son admiration pour «l'endurance et l'humilité d'Angela Merkel. Je suis vraiment désolé qu'elle parte». Le président de la République a mis en exergue le «potentiel» existant dans la coopération en matière d'énergies renouvelables entre l'Algérie et l'Allemagne, un potentiel qui pourrait permettre d'approvisionner l'Europe entière en énergie solaire. Evoquant les secteurs de coopération pouvant être développés, il a cité, à titre d'exemple, celui de la santé. «Je voudrais que nous construisions ensemble un grand hôpital à Alger. Un établissement qui couvre toutes les spécialités de la médecine», a-t-il affirmé, soulignant que l'Algérie serait disposée à financer une «grande partie» de ce projet.

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