Salon de l’Agriculture
Plaidoyer pour une agriculture résiliente
Il reste encore beaucoup à faire dans nos montagnes et dans nos Hauts-Plateaux...

Dans toute grande épopée agricole, le fellah ne doit pas être le grand oublié de l'histoire. C'est ce que rappelle Omar Bessaoud, docteur en sciences économiques et membre élu de l'Académie d'agriculture de France, à la faveur du panel de la Conférence panafricaine sur la question alimentaire, tenu en marge du Salon international de l'agriculture (Sipsa-Filaha 2024) qui se poursuit, aux Pins maritimes, à Alger.
«En matière de production agricole, ne donnons pas toute la priorité au grand Sud, car il y a d'importants gisements de production agricole dans le nord du pays», poursuit le docteur Bessaoud, économiste statisticien qui travaille depuis quarante ans dans l'agriculture. «Nous avons une agriculture ancestrale, de montagne avec des fellahs qui s'accrochent à développer les oliviers, les arbres fruitiers et qui cultivent des milliers de petites exploitations», poursuit-il en expliquant que l'argent public ne doit pas profiter uniquement aux investisseurs et autres entrepreneurs en agriculture, mais doit également aider cette population de paysans au profil classique. «L'agriculture algérienne ce ne sont pas uniquement les entrepreneurs et les investisseurs. Ils sont un million et demi de petits agriculteurs à exploiter leurs terres, dans nombre de régions. Ils sont nombreux à produire du lait, du blé, des fruits et légumes pour leurs propres ménages en assurant leur sécurité alimentaire et parfois même celle de leurs territoires» dit-il, en ajoutant: «Il faut accorder de l'aide à ces fellahs et inclure les banques publiques dans le processus de soutien. Il reste encore beaucoup à faire dans nos montagnes et dans les Hauts- Plateaux. Bien d'intéressantes initiatives sont à encourager dans ces contrées». D'autres panélistes ont défendu la même approche prônée par le docteur Bessaoud. Ils ont tour à tour rappelé le «Protocole de Maputo» et les améliorations dans le secteur rural, dont le volet relatif aux dépenses agricoles. Les orateurs qui se sont exprimés en présence de Madame Irina Buttaud, représentante de la FAO en Algérie, que seuls 4% des ressources budgétaires vont à l'agriculture en Afrique. En 2003, à Maputo, la Conférence de l'Union africaine avait résolu de mettre en oeuvre le Programme détaillé pour le développement de l'agriculture africaine (Pddaa) et les pays se sont engagés à allouer au moins 10% de leurs ressources budgétaires nationales au développement agricole et rural.. Cette cible est depuis devenue une référence pour évaluer si les gouvernements africains sont assez engagés en faveur de l'amélioration de leur agriculture. Le docteur Halima Oumarou Diadie, de l'université Abdou Moumouni de Niamey (Niger), a quant à elle appelé à «donner l'accès à la terre aux femmes». Elle a en outre estimé que «l'encouragement et l'orientation des jeunes vers l'entrepreneuriat agricole est capital pour garantir la sécurité alimentaire», assurant que «les jeunes peuvent stimuler la croissance économique, réhabiliter les métiers de la terre et réduire la pauvreté en Afrique».L'universitaire a également appelé à assurer àces jeunes des formations et des programmes de soutien financier afin de contribuer à renforcer la résilience des systèmes alimentaires du continent et créer des emplois durables.