L'Expression

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L’an dernier, la première vague de l’épidémie du Covid-19 était à son summum

Retour sur un Ramadhan apocalyptique

Blida est complètement confinée, le couvre-feu est à 15h dans les autres grandes villes. Les mosquées sont fermées et surtout on compte les morts. Un cauchemar que l’on ne doit pas revivre…

Flashback! On est vendredi 24 avril 2020. C'est le début du Ramadhan, premier de «l'ère Corona». Ce mois sacré arrive dans des conditions très particulières. Cela fait à peine plus d'un mois que le pays s'est confiné. Une ambiance apocalyptique y règne. L'incertitude plane. La première vague de l'épidémie de la Covid-19 est à son summum. On compte les morts! Beaucoup pensent que c'est le dernier Ramadhan de l'humanité. La peur et l'angoisse ont pris la place des habituelles joies ramadhanesques. Même les traditionnels repas de famille sont interdits. «Chacun restait chez soi.
On craignait de provoquer la mort des plus âgés», se remémore, Amina, les larmes aux yeux. Il est vrai qu'à l'époque, les membres de la même
«smala» ne se s'étaient pas vus depuis plus d'un mois, alors qu'ils habitent à quelques pâtés de maisons. Le personnel médical, lui, était au front. «La majorité d'entre-nous, n'avait pas pu voir ses proches, depuis le début de cette «guerre à la mi-mars 2020», se remémore le docteur Omar O, médecin spécialiste ayant rejoint les services «Covid-19» dès les premiers jour de cette guerre. Ils combattaient nuit et jours cet «ennemi -invisible». De l'aveu même de ces soldats blancs, ils n'avaient même pas le temps de «casser» le jeûne. «On ne mangeait presque rien tellement on était épuisé», rapporte ce même médecin. «On était abattus, on se sentait impuissants alors que nos corps commençaient à lâcher», ajoute-t-il. Malgré cela, eux, n'ont rien...lâché! Dans les petits moments de répit qu'ils se permettaient, ils rêvaient de pouvoir faire un câlin à leurs petits, embrasser le front de leurs parents ou juste voir leurs femmes. « On était vite rattrapé par la dure réalité. Le cauchemar prenait la place des rêves», atteste, de son côté, Feriel, aide- soignante dans un hôpital de la capitale. Elle admet que leur plus grande crainte était l'arrivée du Ramadhan qui engendrerait un grand relâchement. Les sahrate de l'après- «f ‘tour» leur donnaient des sueurs froides. Tout comme les regroupements dans les marchés. «Ils risquaient de faire «flamber» l'épidémie», soutient-elle insistant sur le fait que l'on a évité le pire. Car, en avril dernier, beaucoup n'avaient pas encore pris conscience du danger. D'ailleurs, certains ne croyaient pas encore en l'existence de cette pandémie. Sous les recommandations du Comité scientifique, les hautes autorités du pays avaient alors décidé de frapper fort. La wilaya de Blida a été complètement confinée. Les habitants n'avaient le droit de sortir que pour aller faire des courses dans les magasins d'alimentation générale. «On était dans une prison gênante. On est enfermé chez soi à attendre qui sera la prochaine victime», soutient, Salima, résidant dans la ville des Roses. Alger, Béjaïa, Tlemcen, Tizi Ouzou, Sétif, Médéa, Oran, Tipaza et
Ain Defla, ce n'était guère mieux. Le couvre-feu sanitaire est fixé à 15 h. Ceux qui ne sont pas en télétravail bossent jusqu'à 13 h. «On avait à peine deux heures pour rentrer chez nous et faire nos achats», indique, Lotfi qui semble encore traumatisé par le dernier Ramadhan. «C'était la course contre la montre. On se retrouvait presque tous, en même temps dans les commerces», indique t-il rappelant que la distanciation sociale était encore strictement respectée. «Mais cela provoquait d'énormes chaînes humaines à l'entrée des magasins. Les nerfs, déjà très tendus par le jeûne et le coronavirus, tous devenaient très irritables», poursuit-il avec un aire des plus tristes. «On rentrait à la maison énervés, paniqués, avant de subir la désinfection générale», rétorque t-il avec la même rengaine. À 15 h, c'était l'heure de rentrer en résidence surveillée! Les rues devenaient désertes en quelques minutes. Un silence de cathédrale y régnait. Il n'y avait que les sirènes de la police qui venaient le perturber. «On essayait de dormir mais cette ambiance de guerre ne permettait pas de fermer l'oeil malgré la fatigue», raconte Taos, toujours choquée, par ce mois sacré où elle a perdu deux tantes emportées par la Covid-19. «Chaque soir, c'était la même rengaine. On craignait que l'on nous annonce qu'un autre membre de sa famille ou l'un de ses amis est covidé», dit-il avant de fondre en larmes. «Le Ramadhan 2020, le temps s'était arrêté pour tous. L'heure de «l'Iftar» arrivait difficilement. «La nourriture n'avait pas de goût, tout comme ce mois sacré, pourtant considéré comme la période préférée des Algériens», souligne la même jeune femme avec beaucoup d'émotion.
Après le f'tour, l'ambiance n'était guère meilleure. Certains pleuraient leurs proches, d'autres le fait qu'ils ne pouvaient pas accomplir la prière des «Tarawih» dans les mosquées. Il y en a aussi qui priaient, lisaient le Saint Coran, regardaient la télé, ou simplement grignotaient. «Mais tous cherchaient désespérément le sommeil alors que l'angoisse augmente dans ces soirées effrayantes. «On n'espérait qu'une chose: se réveiller en vie le lendemain», avoue n'importe quel personne a qui on posera la question.
Un petit retour en arrière qui nous permet de constater que l'on revient de très loin. Alors essayons de ne pas tout gâcher...

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