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Rokia Ghimouz, L’icône brûlée vive

Le jour de son départ, elle était sortie vers la Mederssa, du moins c’est ce qu’elle a fait croire à tous…

On la décrit comme une femme charismatique, avec une physionomie remarquable et un visage angélique. Elle était d’une beauté rarissime et faisait partie de ces femmes militantes ayant très tôt pris conscience de l’injustice coloniale. Elle, c’est Rokia Ghimouz, qui n’avait que 16 ans quand elle a décidé de suivre les pas de son père pour adhérer à la révolution, en s’engageant avec dévouement dans la guerre de Libération nationale. Cette combattante, au même titre que Nafissa Belakhel, Louisa Debah, Meriem Bouattoura, les sœurs Fadila et Meriem Saâdane et Hassiba Ben Bouali, fut une militante inconditionnelle et refusait le fatalisme colonial. « Elle a assuré plusieurs missions avant de rejoindre les maquis », nous confie sa sœur, Salima Ghimouz, qui a accepté de revenir des décennies en arrière pour parler de sa sœur. « Ma sœur avait 16 ans seulement quand elle a commencé à faire parler d’elle comme une révolutionnaire », raconte Salima Ghimouz, et de poursuivre : «Avant de rejoindre les maquis ; après avoir été trahie, elle était enseignante à la mederssa de Constantine qui appartenait à l’Association des Ouléma de Abdelhamid Benbadis, moi-même j’étais son élève ». Rokia a été suspectée suite a ses nombreuses activités « entre autres la diffusion de tracts et d’affiches, son nom a été vendu par un mouchard ». Ayant été informée, Rokia décide, avec d’autres amies, de rejoindre les maquis. Son père, à ce moment, était en prison, il n’était pas question de partir sans l’avertir. Il fallait trouver le moyen de lui communiquer sa décision et faire de son mieux pour rejoindre la zone ouù il se trouvait à El Djorf. Son père ne s’est pas opposé, mais lui a imposée deux conditions : garder sa chevelure et éviter le mariage, « promesse que la martyre tiendra jusqu’à son décès », raconte sa sœur. Le jour de son départ, elle était sortie pour la méderssa, du moins c’est ce qu’elle a fait croire à tous, mais elle n’y mettra plus les pieds. L’alerte a été donnée. « On la cherchait partout, en vain, jusqu’au jour où un messager des moudjahidine est arrivé chez nous et a informé ma mère que Rokia était au maquis d’El Milia, dans le Nord Constantinois », soulève sa sœur. Elle n’était pas seule, elle était partie avec d’autres militantes et on raconte, selon ce qui a été rapporté par la mou-
djahida Leïla Sedira « une journée avant qu’elle ne regagne le maquis, j’avais invité à notre maison sept étudiantes de cette école (la méderssa) dont Louïsa Debbah et Rokia Ghimouz, et nous avons discuté de la révolution et de l’obligation de secret ». Sur son départ aux maquis, elle confirme ce qui a été rapporté par sa sœur. «Le lendemain, et avec l’absence collective des sept jeunes filles, l’alerte a été donnée à l’établissement qui fut fermé pendant plus de deux années par l’administration coloniale ». Elle est tombée au champ d’honneur en 1960 aux côtés de cinq autres moudjahidine au cours d’un accrochage qui avait coûté la vie à 13 soldats français dont certains ont été l’œuvre de Rokia. Sa sœur révèle : « Ma sœur et ses frères combattants ont été trahis, par quelqu’un de connu. Ce jour-là elle était en déplacement à la ferme de Benlabjoui, vers Aïn Smara à Constantine pour la collecte de médicaments, ma sœur avait pour mission de livrer notamment les médicaments pour les soins des moudjahidine, qu’elle prenait en charge elle-même », raconte Salima Ghimouz, avant d’ajouter : «Ils ont été encerclés par l’armée coloniale. Ils se sont alors abrités derrière une botte de foin. Un violent accrochage s’en est suivi et c’est sous ce déluge de feu que les soldats français ont négocié la reddition de ma sœur et de ses « frères ». Ces derniers sont tombés l’un après l’autre, mais de l’autre côté aussi il y avait des soldats qui tombaient, ma sœur en a touché plusieurs, refusant de se rendre, on a alors fait intervenir l’aviation qui a bombardé toute la zone, l’endroit où était Rokia compris, le foin a pris feu et elle est tombée en martyre, brûlée vive par les flammes, cétait en 1960 », regrette Salima Ghimouz. Rokia restera, comme beaucoup d’autres femmes, une icône de la révolution.

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