L'Expression

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Abdelaziz Bouteflika est décédé dans la nuit d’avant-hier, à l’âge de 84 ans

Splendeurs et déchéance d’un Président

L’Histoire retiendra qu’il avait été l’homme de la Réconciliation nationale. Une œuvre politique majeure qui a sauvé l’Algérie du chaos.

Annoncée, avant-hier, en fin de soirée, la mort de l'ancien président de la République, Abdelaziz Bouteflika, est venue clore un chapitre de la vie de la nation. À travers un parcours de vie tout à fait exceptionnel, il a marqué son époque et les postes qu'il a occupés: commandant de l'ALN et l'un des principaux adjoints du président Boumediene, brillant ministre des Affaires étrangères et président de la République sur une période de 20 ans. C'est là un CV qui peut paraître anodin dans n'importe quel pays, sauf que Bouteflika ne s'est pas contenté d'exercer toutes ces fonctions. Ministre des Affaires étrangères, il ne passait pas inaperçu. Invitant le leader palestinien, Yasser Arafat à prendre la parole au siège des Nations unies et excluant la délégation du régime raciste, l'Apartheid, de l'Assemblée générale de l'ONU, Bouteflika a écrit de belles pages de la diplomatie algérienne. Il était le visage de l'Algérie dans le monde et tout un chacun convenait, à l'époque, de son savoir-faire et de son génie politique.
Son arrivée à la présidence de la République a coïncidé avec un contexte terrible pour le pays: au bord de la faillite, englué dans une affreuse guerre contre le terrorisme et profondément divisé. Son oeuvre historique était, sans contexte la Réconciliation nationale. Bouteflika a sillonné le pays de part en part et parlé au peuple. Ce dernier l'a compris et suivi dans une formidable aventure qui restera dans les annales de la République. Deux référendums et au bout, la paix enfin retrouvée.
Dans le même temps et face à la montée de la revendication identitaire et la blessure du Printemps noir de 2001, Bouteflika a entrepris de répondre aux millions de citoyens qui ne demandaient en fait que le rétablissement d'une vérité historique. C'est sous sa présidence que tamazight est entré dans la Constitution en tant que langue nationale, puis officielle. Et c'est également lui qui a décrété le 12 janvier, correspondant à Yennayer, jour férié, chômé et payé. Une réconciliation des mémoires, du reste très bien accueillie par l'ensemble des Algériens aux quatre coins du pays. Si aujourd'hui, le pays est apaisé par rapport aux dimensions religieuse et identitaire qui font ses constantes, c'est en partie grâce à l'intelligence politique d'un homme qui a compté dans la vie de la nation sur les deux décennies de sa présidence.
Profitant de la manne financière toute aussi historique, il a réussi à sortir des millions d'Algériens de la misère et reconstitué la classe moyenne. Les grandes infrastructures, les millions de logements, les hôpitaux, les universités, les barrages et tant d'autres réalisations ont sensiblement amélioré les conditions de vie des citoyens.
Cela étant, une vie, une oeuvre ne sont pas faites que de choses positives. Bouteflika a également péché par un rapport maladif au pouvoir. Indépendamment de sa stature d'homme d'État, il s'était accroché au pouvoir. S'il avait été d'un précieux apport sur les fronts politique et social, durant les deux premiers mandats, il a cédé à son amour du pouvoir en amendant la Constitution, dans le but de s'éterniser à la tête de l'État. Une décision politique qui s'est révélée dangereuse pour l'équilibre de l'État. En se présentant pour un 5e mandat, il a provoqué le courroux des Algériens qui ne voulaient pas d'un président absent. À cette erreur politique majeure, Bouteflika, qui a laissé un pays sans dette et avec des réserves de change appréciables, en assume une autre, celle de n'avoir pas constitué une base industrielle solide, à même de prétendre à une alternative aux hydrocarbures. De plus, les dernières années de sa Pprésidence ont été entachées par des comportements crapuleux de certaines personnes de son entourage proche. Trahi par les siens et très affaibli par la maladie, Bouteflika a perdu sa dernière bataille, face un Mouvement populaire historique qui lui demandait de passer la main. 29 mois après son départ du pouvoir, il s'en est allé définitivement, laissant de lui un souvenir mitigé. Il sera enterré au Carré des martyrs, au cimetière d'El Alia, en présence de son frère Saïd, actuellement incarcéré pour des faits liés à une gestion contestable durant le dernier mandat présidentiel. Avant sa mise en terre, son cercueil sera exposé au Palais du peuple pour l'hommage populaire. L'Histoire retiendra qu'il avait été l'homme de la Réconciliation nationale. Une oeuvre politique majeure qui a sauvé l'Algérie d'un chaos annoncé par les forces du mal. 

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