L'Expression

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L’école du XXIe siècle

Un défi du futur président

« Celui qui ouvre une porte d’école, ferme une prison. » Victor Hugo

Evénement exceptionnel dans la morosité actuelle ! Nos enfants mettent leurs plus beaux atours pour aller à l’Ecole. Les parents aussi stressés que leurs enfants sont au rendez-vous. Ces enfants qui partent avec un capital de confiance immense, mais qui au final sont souvent déçus au vu des performances faibles tant qualitatives que quantitatives. Pourquoi ? Mille raisons peuvent être invoquées. Si la massification après l’indépendance était explicable, aujourd’hui, on est à 9,1 millions et demi d’élèves, 25000 écoles, 5000 CEM et 3 00 lycées. Un Algérien sur quatre est à l’école ou à l’université . L’aspect quantitatif devient de plus en plus difficile à satisfaire du fait d’une démographie galopante, débridée et d’un sujet tabou que les gouvernants n’osent pas invoquer par démagogie et par crainte des gardiens du temple qui sont là pour dicter la norme sans participer à la gestion.
L’aspect qualitatif est superbement ignoré, le système éducatif est en roue libre, chaque année c’est le même rituel, l’acte pédagogique est resté ignoré, parce qu’«on n’a pas été assez exigeant» à l’encontre des personnels enseignants, dont il relève un manque de rigueur dans la formation. « Le problème, constate l’intervenant, c’est qu’on a fait dans la démagogie, parce que, on n’a pas été juste avec les enseignants, considérés comme des moins que rien, alors que le système éducatif représente «la colonne vertébrale d’un pays». S’il faut être extrêmement rigoureux dans le recrutement, la formation des enseignants et leurs performances, tout au long de carrière – il ne saurait y avoir de titularisation à vie dans le système éducatif – l’enseignant devant être performant- , il n’en demeure pas moins que les enseignants sont très mal payés . En Europe l’enseignant est payé pratiquement cinq à dix fois plus. Nous devons réhabiliter le système éducatif algérien, les universitaires et les intellectuels étaient longtemps marginalisés», Avec un budget de 780 milliards de dinars, il est loin de pouvoir permettre un enseignement de qualité les enseignants n’ont pas les moyens, notamment pédagogiques, ni, pour certains parmi eux, les compétences pour dispenser un enseignement de qualité.
Les assurances du ministre
Et si l’école en est arrivée à la situation de marasme dans laquelle elle se trouve enfoncée, c’est parce qu’on n’a jamais prêté la moindre considération à l’enseignant, ce «formateur des générations futures». Pour le gouvernement ce qui est important est qu’il n’y ait pas de vague à la rentrée. Ensuite on oublie les jeunes pendant une année, sauf en cas de grèves des enseignants pas pour des motifs pédagogiques mais surtout pour des mobiles pécuniaires. On ne parle pas de la performance si ce n’est d’admettre des quotas de promotion d’enseignants Pour se convaincre de ce fait, examinons le communiqué de l’APS. Le ministre de l’Education nationale, Abdelhakim Belabed, avait assuré que toutes les conditions étaient «réunies» pour accueillir les élèves, faisant état de la réception de 656 établissements éducatifs, dont 426 primaires, 137 collèges et 93 lycées, outre 161 autres prévus à la fin de l’année en cours. Dans le but de garantir un meilleur encadrement pédagogique, les nouveaux établissements éducatifs se verront renforcés par  040 nouveaux postes budgétaires, dont 1061 postes pédagogiques venant s’ajouter au 749000 fonctionnaires au niveau des établissements éducatifs, qui s’élèvent à plus de 27 000 établissements. Les diplômés des Ecoles normales supérieures (ENS) seront recrutés, en vertu d’une autorisation accordée par le Premier ministre.
Nous remarquons que nulle part il n’est fait cas de l’acte pédagogique de la performance, on inaugure des classes, des cantines – préoccupation qui doit être celle du ministère de l’Habitat- et on met à disposition 60 millions d’exemplaires dont la durée de vie est d’une année, les programmes n’ayant pas évolué, fondamentalement nous avons toujours le quantitatif avec une efficacité faible, les documents étant peut attrayants et, à la limite, inutile. Pas un mot d’une éventuelle avancée sur des méthodes révolutionnaires en phase avec le développement scientifique mondial notamment dans le domaine de l’informatique et de l’équivalent des cours en ligne pour tous les niveaux, ce qui évitera les cartables fastidieux et les manuels sans importance que l’on réimprime chaque année en ne donnant même pas une durée de vie au manuel d’au moins 4 ou 5 ans pour donner le temps aux scientifiques de concevoir les manuels. C’est au total près de 30000 tonnes de papier perdues chaque année à 500 $/tonne c’est au total
15 millions de dollars qui pourraient être épargnés. Les exemplaires utilisés ne sont par récupérés et ce n’est pas passé de mode que chaque année, les enseignants récupèrent les manuels et les remettent dans le circuit une fois traités. Dans tous les cas, rien ne doit être gratuit, l’élève doit savoir la valeur de l’ouvrage, en échange de l’ouvrage, il doit déposer une caution.
Cartables fastidieux
En tout état de cause, ce n’est pas au Premier ministre de décider du recrutement, ce sont des concours objectifs avec des normes. Ce n’est pas au président de décider de l’ouverture d’une Faculté de médecine, c’est encore une fois un problème de la stricte compétence des scientifiques de la discipline. Nous avons trop souffert de la démagogie où le président intronise des établissements qui ne disposent pas du smic de compétence de prétendre à être université. On s’étonne ensuite que l’on soit les derniers partout . Nous l’avons voulu, car la légitimité historique révolutionnaire, la légitimité de la force brute a stérilisé toute velléité de parler vrai. Dans 10 ans, à Dieu ne plaise, si on ne fait rien pour sauver le système éducatif, les élèves qui entrent aujourd’hui en première primaire trouveront en 2030 à la fin de leurs études secondaires un désert, où rien ne pousse où la rente n’est plus qu’un souvenir du fait d’un pompage frénétique, où les spécialités et programmes ne correspondent à aucun métier du XXIe siècle.
Plus que jamais, si l’on veut que le pays s’en sorte, il ne faut plus faire dans la démagogie, un état des lieux sans complaisance devra être fait et expliqué au peuple en lui indiquant à la fois les insuffisances et les défis à relever pour sortir du goulag actuel où l’école est prise en otage par l’idéologie qui en fait un fonds de commerce.
Un consensus sans démagogie
L’élève, qui comme un bourgeon, doit éclore à la vie d’une façon harmonieuse, pour lui expliquer rationnellement la nature, la vie la nécessité de l’effort et des valeurs universelles, est malheureusement pris en charge dans un formatage qui en fait un zombie qui ne réfléchit pas, qui ne pense pas, mais qui est bridé dans un siècle qui ne fait pas place aux losers ( perdants) alors qu’il faut se battre scientifiquement pour pouvoir avoir une visibilité et être un peuple autonome. C’est dire si le prochain président aura la difficile tâche de s’attaquer en toute honnêteté à la formation de l’élite du pays avant toute autre priorité tant il est vrai qu’elle conditionne l’existence de l’Algérie, pays qui veut garder son rang ou comme zone grise véritable, proie pour toutes les nations qui nous veulent du bien aussi bien au Nord qu’à l’Est. Sans un consensus global en dehors de toute démagogie, nous ne pourrons pas aller de l’avant et mettre en œuvre un projet qui nous tient tant à cœur.
Celui d’une Algérie du savoir, fascinée par l’avenir, qui n’abdique rien de ses repères culturels, de son islam maghrébin vieux de quatorze siècles fait de tolérance et d’appel à l’unité, à faire le bien et repousser le mal. Bref, une Algérie qui donne sa chance à ceux et celles qui font des efforts, qui met en œuvre une école qui fait réussir, qui est un vrai ascenseur social, une école que l’enfant est impatient de rejoindre. C’est cela le deal qui doit nous rassembler.
Bonne rentrée à nos enfants qui sont la prunelle de nos yeux et l’espérance du pays, en souhaitant que cette promotion de la révolution tranquille soit celle de la naissance de la nouvelle Algérie. 

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