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Virées ramadhanesques dans le site «les Sablettes»

Un iftar à la brise marine

On est vite agréablement assailli par cet air marin.

Difficile d’imaginer dans ce décor morose et lugubre que vit l’Algérie, depuis quelques mois, que tout n’est pas noir, et qu’il existe une Algérie qui avance, qui vit pleinement, avec peu de moyens surtout. Pourtant, il existe de nombreuses attractions, vraiment alléchantes, qui dénotent un savoir-vivre chez nombre d’Algériens, toutes souches sociales confondues. L’exemple du jour nous vient de la promenade « les Sablettes » où une belle ambiance couve, notamment en ce mois de Ramadhan. En effet, depuis quelques semaines déjà, le site en question ne désemplit pas et on assiste à une tendance enchanteresse à l’occasion du mois sacré.

Un Central Park algérien à l’air marin
Mais avant cela, il y a une première vie des Sablettes. Celle de la matinée, jusqu’à peu avant la rupture du jeûne, accueillant tout au long de la journée différentes catégories de gens, en quête d’évasions, de distractions et d’amusements, de fraîcheur, de sport aussi. On y trouve toutes sortes de gens, vaquant à leurs besognes favorites.
Avec un parking d’une capacité considérable, le site offre une détente confortable et aisée pour les personnes en quête d’évasions. On laisse la voiture sur le parking et on emprunte l’énorme viaduc, qui traverse la moutonnière, l’axe routier reliant Alger-Centre à l’Est d’Alger. On est vite saisi par les vibrations de l’ouvrage sous nos pieds. Impressionnant.
On s’achemine doucement vers le site et on est vite agréablement assailli par cet air marin, qui vous saute au visage, et qui vous rappelle que vous n’êtes plus dans cet engrenage quotidien morose de la ville. Surtout quand on est à jeûn. On ne peut pas s’empêcher de prendre une profonde respiration, histoire de se recharger une bonne fois pour toutes. Il est 15h50mn, des gens ont déjà achevé leurs journées respectives dans ce site. Ils regagnent le parking en groupe, ou accompagnés de leurs enfants ou encore en petits couples… Dans l’autre sens aussi, l’ambiance est ascendante.
Des familles, des jeunes filles et garçons, des couples arrivent sur le parking et commencent à emprunter le viaduc pour rallier la promenade.
Une fois sur les lieux, on est subjugué d’abord, par l’immensité et la beauté du site. Ce n’est plus ce rush estival habituel où un monde rend impossible toute quiétude et rend le séjour insupportable. Le site vous paraît presque vide, bien que grouillant de groupuscules éparses et clairsemés. Un joli coin pour les amateurs de méditation face à la brise marine. Au loin sur les rochers, des pêcheurs lancent de temps à autre leurs lignes. Ils paraissent libres et tranquilles, évoluant dans un monde à part. On aperçoit également au loin, un pêcheur sur le retour en compagnie de sa fillette d’à peine
15 ans, lui tenant sa canne à pêche. Il vient d’achever sa journée, avec un sentiment de mission accomplie. Sur la plage, on aperçoit des groupes qui s’adonnent au sport. Certains en famille. Grâce aux filets dressés à même le sable, des matchs de volley-ball sont improvisés par des jeunes, criant leurs joies et leur soif de distraction. Des rires entrecoupés et des cris sourds fusent, de temps à autre, sur la plage. Entre autres gens rencontrés sur cet espace libre, des pères de familles vraisemblablement, chargés d’éloigner les enfants de la cuisine, qui a tendance à devenir trop électrique en ce mois sacré du Ramadhan. Des pères surveillent leurs progénitures occupées à jouer au bord de la mer. Pantalon plié pour ne pas le mouiller, ils jouent à récolter des coquillages et à les jeter à la mer. Visiblement, une bonne distraction pour ces petits chérubins enchantés par de telles distractions, loin des domiciles étouffants et pleins d’interdits.

Un joli coin pour la méditation, l’évasion et la distraction
De temps à autre, on aperçoit des sexagénaires à vélo arpentant le sentier de la promenade. Ça à l’air agréable et ils ont l’air d’aimer ce qu’ils font. Des groupes de jeunes arborant de jolis ballons, s’éloignent vers les stades clôturés ou terrain matico. Des filles en tenues de sport, équipées d’écouteurs pour la musique, font et refont la promenade en petites foulées. Des garçons en solos également font la même chose. D’autres se prélassent sur la plage, après avoir terminé leurs exercices de sport.
Tout au long de la promenade, les boutiques et restaurants restent fermées. Sans doute à cause de la pandémie. Le manège aussi. La grande roue, le bateau et les grosses machines sont à l’arrêt. L’endroit est clos et désert. Seul hic. Les motos et chiens qui cassent, de temps à autre, cette ambiance féerique. En effet, on est violemment saisi par des scènes de chiens sans laisse et sans muselière. La scène est terrible surtout si on est en face d’un Pit Bull, avec des dents acérées et une gueule féroce. Les bruits de motos assourdissants vous arrachent également à cette ambiance marine. Mais, la plupart ne semble pas prêter attention à ces « détails ».

Chiens et motos, seuls bémols
Des familles entières préfèrent marquer la rupture du jeûne dans ce joli espace de détente, face à l’air marin, loin des vapeurs cuisinières et claustrophobes de leurs maisons. Quand on dit familles entières, ce n’est plus les familles nucléaires, ou les petits couples disparates. Là, on parle des vraies familles d’antan, à savoir les parents, les enfants, les petits-enfants, les beaux-parents, les grands-parents et, parfois même les tantes et les oncles des deux côtés. Une vraie ambiance familiale qui a retrouvé ses droits dans ce petit bout de terre, débordant superbement sur la grande bleue. L’astuce étant de prendre place dans les huttes érigées tout au long de la promenade. Malgré une certaine fraîcheur et un temps capricieux, ces familles en quête de changement bravent, parfois l’éloignement et le manque de moyens pour passer des heures mémorables sur ce site. Il est 17 h 45mn sur les Sablettes. L’ambiance embellit de plus en plus. Certains quittent le site, après avoir passé de bons moments, en compagnie de leurs femmes, ou accompagnés de leurs enfants ou de leurs amis. Le but étant de se défouler avant la rupture du jeûne. Dans les huttes, on est surpris par des jeunes hommes et femmes attablés, couverts en place. D’autres sont carrément allongés en bas de la table, certainement anéantis par une dure journée de jeûne. Après les salutations d’usage, on demande gentiment si on peut prendre des photos. On s’en donne à cœur joie. « Je suis là depuis un moment. Je prends place, en attendant la deuxième équipe qui est déjà en route. Normalement, ils seront là d’un moment à l’autre », nous rétorque un jeune le sourire aux lèvres, le regard sur sa montre. En fait, c’est l’astuce de nombreuses familles qui se départagent les rôles, en vue de garantir une place dans cet espace convivial. Certains sont chargés de garder les places, les meilleures, afin de garantir une meilleure ambiance. Certaines huttes donnant sur la plage, offrent une vue imprenable sur le site. D’autres préfèrent par contre, des huttes éloignées et à l’écart des yeux indiscrets. Mais pour les uns et les autres, l’objectif est commun. Profiter à fond et au maximum de leur séjour sur ce site.
18h30mn. L’afflux des familles vers le site est, de plus en plus, important. Au loin, le parking commence à connaître davantage de trafic de véhicules, arrivant bondés de monde.
On aperçoit également un groupe de jeunes filles en hidjab, accompagnées de fillettes, portant des sacs encombrants, hâtant le pas pour rallier la promenade. Renseignements pris. Elles viennent de débarquer du bus. Elles arrivent des bananiers et elles n’ont pas de voitures. Mais ce n’est pas pour autant qu’elles ont abandonné. Elles s’organisent comme elles peuvent. L’essentiel étant de rompre le jeûne aux Sablettes. 18h55mn, la cadence est vite passée à la vitesse supérieure. Les familles affluent en masse sur le site.
On patiente encore un peu pour savourer la suite des événements. Et notre patience a été payante. Subitement, les tables des huttes s’ornent de jolies couleurs bigarrées. Des nappes de toute beauté et des couverts de toutes sortes décorent les allées de la promenade. Là encore, on découvre un autre phénomène. Les femmes n’aimant pas faire les choses à demi, dressent des tables majestueuses. Tout y est et rien ne manque. « Comme on dit chez nous, les yeux mangent avant la bouche… Donc, on met le paquet. En plus, on est là pour décompresser et souffler après les rudes journées passées dans les cuisines, devant les fours et les micro ondes. Pour nous, c’est une véritable délivrance » nous rétorque une dame d’un certain âge, qui a bien daigné nous répondre.

Guerre de cocottes et de couverts
Du coup, on assiste à une sorte de guéguerre de tables, de cocottes et de couverts. Les femmes semblent se surpasser afin de réaliser des chefs-d’œuvre sur la table, au grand bonheur des membres de la famille. 19h20mn. Certaines continuent d’affluer sur le site. Le même décor est en place, avec moins de pertinence cependant, jusqu’à l’appel à la prière. Au loin le beau minaret verdâtre de la Grande mosquée est là pour annoncer la fin de la journée de jeûne. Le silence s’installe sur les lieux, laissant la place au bruit des flux et reflux des vagues. De temps à autre, le crépitement des cuillères et des vaisselles fusent dans le ciel de ce site pour rappeler que l’heure n’est plus à la rigolade. C’est l’heure de la rupture du jeûne, l’heure de manger tout simplement.
Ainsi, la vie continue pour de nombreux Algériens, loin des vicissitudes du quotidien et des influences négatives, qui dépeignent une Algérie à genoux.

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