Bruno Retailleau
Un ministre pyromane qui «déshonore» la France
Dans sa folie raciste à l’égard de tout ce qui est algérien, Bruno Retailleau n’a pas hésité à piétiner honteusement tout ce qui était noble dans la justice, la loi et la Constitution françaises.

Nous vivons, aujourd'hui, un extraordinaire paradoxe par lequel «l'accusée» Algérie rappelle aux forces de la haine en France le respect de la loi française, alors qu'un ministre de l'Intérieur de la République française, lui, viole et la loi et la Constitution françaises. Ce qui paraît saugrenu est en fait une réalité tangible que l'on se doit de préciser et souligner.
La Constitution française établit très clairement la séparation des pouvoirs entre le législatif et l'exécutif. À ce titre, un ministre ne peut en aucun cas, et de quelque manière que ce soit, se substituer au droit impératif du seul organe judiciaire, de se prononcer sur la validité ou la non-conformité de cas qui relèvent de son domaine de compétence. L'Algérie, n'en déplaise à certains désignés experts, a donc parfaitement raison de renvoyer en France un «influenceur» qui, bien que de nationalité algérienne, n'a pas bénéficié du respect des accords consulaires algéro-français, des procédures légales bien françaises et du droit international. L'ukase dont il est victime ne saurait justifier une mesure où l'arbitraire le dispute au racisme, à la haine et à l'islamophobie. Le ministre de l'Intérieur Bruno Retailleau, car c'est bien de lui qu'il s'agit, dans sa folie raciste à l'égard de tout ce qui est algérien, n'a pas hésité à piétiner honteusement tout ce qui était noble dans la justice, la loi et la Constitution françaises. La loi française dispose qu'en cas de plainte ou de constat de violation de celle-ci, la justice, en application du principe de présomption d'innocence, doit d'abord se prononcer sur la validité de l'accusation; en cas de confirmation des faits reprochés à l'accusé, l'instance judiciaire soumet alors la décision à la signature de l'arrêté d'expulsion par le ministre de l'Intérieur. Qui plus est, la procédure régulière est de saisir dans ce cas les autorités consulaires algériennes qui ont le droit, selon le droit international et les accords franco-algériens en matière consulaire, de connaître les chefs d'accusation et d'assurer en cas de besoin le droit légitime de son ressortissant à la défense. L'ignorance délibérée de ces obligations constitue une honte pour ce pays dit pays des libertés.
Il sème la haine
La sortie aussi violente que maladroite de Bruno Retailleau, soutenu dans sa démarche par une clique de ministres excités dès qu'il s'agit de l'Algérie, à l'image de Gérald Darmanin et Jean-Noël Barrot, sonne comme une mise en oeuvre d'une feuille de route dont les contours sont contenus dans le livre de l'ancien ambassadeur de France à Alger, le revanchard Xavier Driencourt, intitulé L'énigme algérienne, un titre au demeurant évocateur de son état d'esprit envers notre pays. Ce dernier est monté au créneau depuis un certain temps, pour montrer la voie à emprunter dans les relations avec l'Algérie, en plaidant pour une approche basée sur «la création d'un rapport de force avec Alger», seul langage, selon lui, intelligible du côté sud de la Méditerranée. En effet, si le ministère des Affaires étrangères algérien a clairement relevé tous les manquements à la justice dans cette affaire, il n'en demeure pas moins que cet «appel à la haine de l'Algérien» cache une démarche particulièrement grave, visant à semer la haine de l'Algérie dans les cerveaux de tout le peuple français et l'entraîner dans une situation de rupture irréversible. Mais fort heureusement, c'est méconnaître la résilience du peuple français, capable, en cas de crise nationale grave, de se ressaisir comme il l'a fait lors de notre guerre de libération en désavouant ses propres gouvernants. Ceux, effectivement, qui se souviennent des méfaits de la guerre de 1935-1945 n'ont pas manqué de relever l'étrange ressemblance tant physique que morale de Bruno Retailleau avec un certain Joseph Goebbels, ministre de la Propagande de l'occupant allemand. Visage chafouin de rat d'égout, Goebbels avait fait de la propagande la meilleure arme pour décérébrer le peuple allemand et en faire un troupeau, privé de toute faculté de penser librement, bêlant bêtement en suivant avec ferveur la «pensée», les commandements et les objectifs impérialistes du Führer apôtre de la pureté de la «race» aryenne. Le ministre français de l'Intérieur, en clone presque parfait du maître allemand de la propagande, a fait sienne la devise ô combien significative du groupe crypto-sioniste de Bolloré exprimée par LCI par voie médiatique: «Et si l'information était pensée pour vous»!!! On ne peut être plus clair dans cet aveu du mépris du peuple de France. Un peuple jadis connu pour sa noblesse et ses élans de générosité qualifiée, dans un regrettable élan de colère et de frustration, par Charles de Gaulle de «peuple de veaux» est, aujourd'hui, ramené à l'état de troupeau en état végétatif, incapable, selon les médias de l'Hexagone, de penser par lui-même et qu'il faut forcer à devenir un parangon de haine et d'intolérance. En d'autres temps, une majorité de Français s'étaient soulevés contre la «sale guerre» coloniale que menaient ses gouvernants contre le peuple algérien. Aujourd'hui encore, il est des Français fiers de leur héritage républicain qui s'expriment en amis de l'Algérie et qu'il faut contrôler, voire même museler.
Les erreurs et les errances...
À ces Français concernés tout d'abord par la grave crise économique qui érode leur qualité de vie par la croissance continuelle de la cherté de la vie il faut, par la méthode Goebbels, les enivrer de mensonges et cacher l'échec de leur propre gestion catastrophique de l'économie française, en faisant de l'Algérie et des Algériens le bouc émissaire idéal « responsables de tous leurs maux». Et parce que partout dans le monde, et surtout dans l'ancien «pré carré» de la Françafrique, la France par les erreurs et les errances de ses gouvernants est détestée et rejetée et par conséquent, il faut bien détourner l'attention du peuple français de cette situation humiliante en accusant l'Algérie de vouloir humilier la France. Jamais le vieil adage populaire «drabni ou bka ou sbakni ou chka», n'a aussi clairement qualifié le comportement irresponsable de ces hérauts de la haine et du mensonge et qui ont poussé l'insulte jusqu'à accuser les pays africains «d'ingrats». Partout, de N'Djamena à Abidjan et de Niamey à Ouagadougou, les dirigeants et les peuples d'Afrique francophone ont crié leur ras-le-bol des gouvernants français et exigé le retrait des troupes françaises qui ont fait plus de mal que de bien dans la lutte contre le terrorisme dans ces pays. Et pourtant, le président Emmanuel Macron a osé s'en prendre au gouvernement algérien en le qualifiant de comportement honteux à l'égard d'un traître. Monsieur Macron a pourtant subi sans réagir l'injure que lui a faite le génocidaire Netanyahou en le traitant de «honteux».
Magistral De Villepin
Il n'a pas réagi par ailleurs aussi violemment contre l'entité sioniste qui a humilié la France en arrêtant deux de ses fonctionnaires à Jérusalem, pourtant couverts par l'immunité diplomatique.
Faut-il rappeler combien De Gaulle, qui pourtant a tout fait pour garder l'Algérie dans le giron de la France coloniale, a par pur amour de la France accepté l'inévitable indépendance de l'Algérie au prix du sang de tant de chouhada. Faut-il rappeler comment Charles de Gaulle soucieux de «la grandeur de la France» a bouté l'Otan hors de Fontainebleau et prôné «l'Europe de l'Atlantique à l'Oural».
Cet amour de la France héritière des principes de 1789, on le retrouve dans le discours magistral du ministre des Affaires étrangères De Villepin au Conseil de sécurité de l'ONU et aujourd'hui chez l'ex-Premier ministre Dominique de Villepin et tant de Français amis de la Révolution algérienne.
Monsieur De Villepin, cet ardent défenseur de la grandeur de la France véritable, n'a pas échappé à l'ire de ces gens dont la décence et le mépris qu'ils suscitent m'empêchent de citer le nom.
La noblesse des principes d'humanisme et de respect des différents peuples que m'a inculquée la grande Révolution du 1er Novembre 1954 m'a intimement convaincu que l'amitié et le respect mutuel entre ces deux grands peuples que sont le peuple algérien et le peuple français triompheront de ces porteurs de haine et de racisme que l'Histoire jugera comme les honteux fossoyeurs de la grandeur de la France authentique.
*Moudjahid, ancien diplomate, président de l'Association internationale des amis de la Révolution algérienne.