Partage des eaux de la vallée du M'zab
Un savoir-faire ancestral
Affectée par les inondations d'octobre 2008, la restauration de cet ingénieux ouvrage de répartition des eaux pluviales serait imminente.
L'eau c'est la vie! Une devise de nos anciens et du début de l'humanité. Sans eau, il n'y aurait pas de vie sur Terre. Les populations se sont, depuis la nuit des temps, regroupées et installées autour de points d'eau. Un patrimoine qui est exploité et mis en partage. Certaines communautés l'ont fait avec un degré d'ingéniosité remarquable, c'est le cas de celle qui s'est installée dans la vallée du M'zab et ses cinq ksour. Situés à 600 km au sud de la capitale, Alger, ils forment un ensemble homogène extraordinaire constituant la marque, à la porte du désert, d'une civilisation sédentaire et urbaine porteuse d'une culture originale qui a su, par son génie propre, préserver sa cohésion à travers les siècles. Cette région a conservé depuis environ le XIIIe siècle, pratiquement le même mode d'organisation sociale, les mêmes techniques de construction, dictées aussi bien par des conditions sociales et culturelles spécifiques que par la nécessité d'une adaptation à un milieu particulier. La vallée du M'zab; une région rocheuse connue par les fortes crues drainées occasionnellement par l'oued M'zab. La seule source d'eau de toute la vallée était la nappe phréatique qui se réalimente par les crues. Puis à l'aide des puits à traction animale, les ksour s'alimentent et les jardins s'irriguent, écrit Remini Boualem de l'université de Blida dans son étude «Les Foggaras de l'Oasis de Ghardaïa: le partage des eaux des crues». Pour assurer la distribution et le partage des eaux des crues de l'oued M'zab dans les jardins des propriétaires, un aménagement hydraulique millénaire a été mis en évidence par les Mozabites depuis plus de 7 siècles. Équipé de plusieurs ouvrages hydrauliques (puits, galeries, barrages, déversoirs, canaux), cet aménagement consiste à minimiser les dégâts des crues dans l'oued M'zab et de profiter de ces eaux pour l'irrigation de la palmeraie, ainsi que la recharge artificielle de la nappe. Un bel édifice qui a été mis à mal par les inondations d'octobre 2008. Il est par conséquent question de lui redonner une seconde vie... 16 ans plus tard. Le projet de mise en valeur et de restauration du système ancestral de partage des eaux pour l'irrigation des palmeraies de la vallée du M'zab (Ghardaïa) va passer incessamment à sa phase d'exécution, selon la direction locale de la culture et des arts. La réhabilitation de ce système ancestral d'irrigation, ingénieusement conçu pour capter, stocker et répartir les eaux pluviales et les eaux de crue de l'oued M'zab, ainsi que ses ouvrages, intervient après la décrépitude de ce patrimoine, affecté par les inondations qu'a connues la région en octobre 2008, a indiqué le chef de service du patrimoine à la direction de la culture et des arts, Abdelhamid Amiz. Ce patrimoine hydraulique constitue le témoignage du savoir-faire des aïeux permettant aux palmeraies et jardins familiaux de la région d'être irrigués judicieusement et rationnellement, a souligné, de son côté, le directeur de l'Office de protection de la vallée du M'zab (Opvm), Kamel Ramdane. Il faut savoir que la vallée du M'zab fait partie du patrimoine mondial de l'Unesco. Ses ksour, ses ouvrages hydrauliques, son architecture unique au monde, ses remparts, ses places de marchés, ses mosquées et ses portes, lui ont conféré une notoriété internationale incontestable. Un patrimoine de l'humanité dont peuvent s'enorgueillir les habitants de Ghardaïa, et l'Algérie dans son ensemble. Sachant que son système ancestral de partage d'eau, la foggara, est considérée parmi la plus belle invention de l'histoire de l'hydraulique.