L'Expression

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Massacres du 8 mai 1945

Un traumatisme permanent

«Je n’ai pas retrouvé jusqu’à ce jour une vie normale en Algérie», témoignera Hocine Ait Ahmed un des chefs historiques de la révolution algérienne.

La colonisation de l'Algérie a été jalonnée d'événements tragiques durant 132 années. Parmi les dates qui les auront marqués, celle du
8 mai 1945 demeurera un repère incontournable, qui attestera de la face barbare de la France coloniale. Plus de 45 000 Algériens qui manifestaient pour leur indépendance seront assassinés, des centaines seront arrêtés et d'autres portés disparus. Le jour même où le monde libre, dont la France, célébrait sa victoire sur l'Allemagne nazie. Un drame se jouait à huis clos à Sétif, Guelma et Kherrata villes martyres et symboles de ce génocide. Les Algériens qui ont participé, versé leur sang pour libérer la France des griffes du nazisme ont cru le moment venu de revendiquer à leur tour le droit à la liberté, à leur indépendance. Ils sont sortis par milliers pour le manifester pacifiquement le 8 mai 1945. Ils seront nombreux à le payer de leur vie. Un génocide qui accouchera d'un traumatisme permanent. «Je n'ai pas
retrouvé jusqu'à ce jour une vie normale en Algérie», témoignera Hocine
Ait Ahmed un des chefs historiques de la révolution algérienne. Une tragédie qui sera le détonateur d'un destin révolutionnaire exceptionnel pour l'ex-chef de l'Organisation spéciale (OS), bras armé du Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques, qui a officiellement vu le jour en février 1947 avant d'être démantelée par la police coloniale en 1950. «J'ai quitté mes études au lendemain des événements de Sétif. La tragédie de Sétif a été tellement forte que personnellement, j'étais convaincu que penser à son avenir personnel, à sa carrière personnelle n'avait pas de sens. Le parti avait demandé des volontaires et j'ai quitté mes études en 1945.» confiera le leader emblématique du Front des forces socialistes dans un documentaire diffusé par France Culture en 1989. C'est de cette repression sanglante des manifestations pacifiques du 8 mai 1945 que naîtra et sera entretenue cette flamme révolutionnaire qui accompagnera ses frères d'armes tout au long de leur vie. Des images atroces qui les hanteront en permanence. Des fantômes qui ressurgissent tous les 8 mai pour que nul n'oublie leur martyre. À l'origine, le 8 mai 1945 à Sétif c'était jour de marché. La manifestation pacifique, qui célébrait la Fête de la victoire sur le nazisme et le fascisme, s'est ébranlée de la mosquée «Langar», elle s'est dirigée vers l'artère principale de la ville, rue de Constantine. Chemin faisant, elle atteint le café de France. Un jeune homme, membre des Scouts musulmans algériens brandit l'emblème national. Des coups de feu retentissent. C'est le drame. Saâd Bouzid tournoie sur lui-même et s'effondre. Un inspecteur de police l'a abattu de sang-froid. La manifestation pacifique tourne à l'émeute. Les villageois venus des bourgades environnantes, faire leur marché, Aïn Kebira, Bougaâ, Amoucha, Beni Aziz, Kherrata, propagent la nouvelle. La répression s'organise, se met en marche pour accoucher de crimes abominables. Du 12 au 13 mai 1945, les canons des bateaux français ont tonné sur les monts de Kherrata. À Guelma, les arrestations abusives se multipliaient. A tel point que les lieux de détention ne suffisaient plus. Des locaux furent réquisitionnés (caserne, local des scouts, garage, huilerie...) Pour les y entasser après avoir été tabassés à mort. Des procès expéditifs furent prononcés contre eux. Ceux qui ont été condamnés étaient embarqués par camions entiers pour être exécutés en dehors de la ville. Des fours à chaux seront utilisés par l'armée française pour se débarrasser des cadavres d'Algériens aux mains nues. L'élève surpassera le maître. La France coloniale fera siennes les méthodes nazies de son bourreau d'hier. La terrible répression qu'ils ont subie avait pour objectif de circonscrire toute velléité révolutionnaire. L'étouffer dans l'oeuf. «Les Algériens ne relèveront pas la tête pendant au moins 10 ans» avaient déclaré les autorités coloniales de l'époque. Les Algériens en décideront autrement en déclenchant le 1er novembre 1954, une guerre de libération qui conduira l'Algérie à son indépendance le 5 juillet 1962. «Le premier novembre a commencé le 8 mai 1945 avec une répression démente...», dira Hocine Ait Ahmed. Une page tragique que la France officielle doit assumer.

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