L'Expression

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Troc, business et…sorcellerie

TAM : la Capitale de l’Afrique

La plus grande wilaya du pays est aussi la plus cosmopolite. Une ambiance des plus exotiques y règne où les sonorités bien de chez nous se mélangent à celles venues des fins fonds du continent. Ici, il n’y a ni frontières ni barrières. C’est l’Afrique aux… Africains !

L'homme bleu ne règne plus seul sur Tamanrasset. La capitale de l'Ahaggar est devenue celle de la «cosmopolite». On y retrouve les 58 wilayas du pays et presque autant de nationalités! Cette ville singulière de par sa situation géographique n'attire pas que les touristes! Beaucoup ont choisi de déposer leurs valises dans la plus grande wilaya du pays pour faire du business, faire «fleurir» leurs affaires ou simplement y commencer une nouvelle vie! «J'étais livreur pour une société d'agroalimentaire. J'ai fait plusieurs wilayas du pays, mais le jour où j'ai découvert TAM, j'en suis tombé amoureux», raconte, Ferhat, avec des yeux qui pétillent. Ce natif de Béjaïa a alors décidé de tout abandonner par amour, celui d'une ville. Ce coup de foudre dure depuis plus de 15 ans. «Je m'y suis installé en 2004. En 2009, je me suis marié, j'ai décidé de renter au bled, mais je n'ai pas pu y rester plus de 6 mois», souligne-t-il. Depuis, il s'est installé avec sa femme, ses deux enfants y sont nés. «C'est le bonheur total», soutient-il. «Certes, la vie n'est pas toujours rose. Par exemple, presque tout est plus cher que dans le Nord mais il y a une joie de vivre que l'on ne trouve nulle part ailleurs», poursuit-il avec un grand sourire. Un bonheur qu'il n'est pas seul à «savourer», jour après jour!
Djamel a passé son service militaire au niveau de la «célèbre» base de Aïn M ‘guel, située à une centaine de kilomètres au nord du chef-lieu de la wilaya. Malgré la difficulté de l'exercice, il a été envoûté par cette région qui avait charmé bien d'autres avant lui, à l'image du père Charles de Foucauld. Originaire de M'sila, Djamel a alors décidé de s'installer à TAM et d'y lancer un «business». Il ouvre un restaurant de cuisine traditionnelle de sa région où il propose le fameux «z ‘viti», la «chekhchoukha» et la «doubara» de Biskra. Le succès est tel qu'il ouvre un second «resto» du même genre avec l'un de ses cousins. Il vient concurrencer le «melfouf» targui ou encore la fameuse «taguella» qui plaît tant aux touristes!
La bataille «z'viti» -«maïnama»
Une diversité culinaire qui, à elle seule témoigne de la pluralité culturelle de la plus africaine des villes d'Algérie. Car, bien avant les plats de la «Hodna», ce sont des recettes venus droit du Mali qui sont venus ajouter une ligne au «menu» de TAM. Il s'agit de la fameuse «maïnama». Une viande, blanche ou rouge, cuite a l'étouffé, à laquelle on ajoute diverses épices qui viennent des quatre coins de l'Afrique subsaharienne.
Depuis une dizaine d'années, les restaurants qui vendent ce type de plats ont envahi la ville, au point d'en devenir un symbole local. «Si vous venez à Tamanrasset sans manger de la ‘' maïnama ‘', c'est presque comme si vous n'avez pas visité le mont Assekrem», plaisante Zaki, un Targui qui avoue que ce plat est autant apprécié par les touristes que sa communauté. Ce qui a permis à de nombreux migrants de travailler, presque en toute...légalité. Ibrahim, qui dit être originaire de la ville malienne de Nara, a même son propre restaurant. «En 2009, j'ai commencé à travailler chez un Algérien comme cuisinier.
Un de nos fidèles clients a vite fait de me proposer une association. Cela fait plus de 7 ans qu'on a lancé notre restaurant de '' maïnama'' qui est devenu l'un des plus connus de la région», rapporte celui qui assure vivre en grande harmonie avec la population locale.
Tafsit: la «mini- Afrique»
Le bien-vivre ensemble semble donc être le maître- mot qui règne dans cette wilaya de l'extrême sud du pays. Le marché de Tafsit est le meilleur exemple de cette diversité. Certains, le qualifie de marché des horreurs, d'autres de celui de l'exotisme, mais tous sont d'accord sur le fait qu'il s'agisse d'un endroit qui témoigne de la diversité qui fait le charme de cette ville. Dès qu'on y entre, on est attiré par les bons effluves des épices venus des quatre coins du continent, qui couvre vite les odeurs nauséabondes des égouts qui longent ce lieu commercial. Les sonorités africaines viennent se mélanger au raï et autres musiques targuie ou gnaouie. Certes, le marché est partagé en deux parties, une «made in bladi» et une autre subsaharienne. La partie algérienne est un marché aux puces avec divers vêtements, produits cosmétiques et ustensiles de cuisine, tandis qu'on trouve de l'autre côté des épices, des fruits, légumes secs, des tenues africaines, couteaux et autres objets venus des fins fonds du continent noir. Néanmoins, ce «partage» n'est pas une frontière! Les marchands des deux «rives» s'amusent à se taquiner dans une ambiance des plus exotiques. Ils travaillent ensemble, et font surtout du «troc». Ce mode de commerce primaire, qui règne depuis des millénaires dans la capitale de l'Ahaggar, est grandement encouragé par les hautes autorités du pays. «C'est à travers ce troc que sont arrivés à Tafsit, les fruits exotiques que vous voyez à bon prix au niveau des étals du marché», rapportent Djibril, un jeune vendeur d'ananas et noix de coco. Il fait savoir que ces fruits sont échangés contre «des matériaux de construction, de l'électroménager et d'autres produits divers». «Des camions entiers traversent les frontières chaque jour. Ils nous revendent de petites quantités que l'on revend à notre tour au niveau de ce marché», indique-t-il.
Des fruits et des...miracles
Les prix affichés sont très bas par rapport à ceux qui sont pratiqués au niveau des commerçants du nord du pays. Les ananas vont de 150 DA l'unité à 300 DA, selon le calibre. Certains, proposent même des packs de «5 pour 600 DA ou de 10 pour 1000 DA». Le prix de la noix de coco est compris entre 200 et 250 DA l'unité, alors que la mangue est vendue, entre 400 et 500 DA le kilogramme. C'est 4 fois moins cher qu'au niveau des magasins de fruits et légumes d'Alger. Toutefois, Djibril nous fait remarquer que les prix ont connu une nette augmentation, ces dernières semaines. «C'est le réveillon de fin d'année et Yennayer. C'est la période des touristes. De grandes quantités ont été acheminées, ces dernières semaines, mais les prix ont augmenté, car ces fêtes représentent une occasion de faire de bonnes affaires», avoue-t-il non sans assurer que ce sont les «troqueurs» qui se font le plus d'argent. «Nous cela nous suffit pour survivre et envoyer un peu d'argent à nos familles restées au pays», témoigne-t-il. Toutefois, dans ce marché on ne trouve pas que de belles choses. À l'image de ces pommades qui vous font disparaître toutes les imperfections du visage ou de ces crèmes qui vous rendent plus blanches, font pousser les cheveux où les rendent plus lisses. «Ils sont fabriqués par des artisans du Niger. Ce sont des recettes naturelles héritées de génération en génération», lance l'un de ces vendeurs, en nous montrant un produit cosmétique fabriqué en... Chine. D'autres sont plus «osés» en interpellant les couples qui «veulent pimenter leur vie intime». «C'est un savon miracle qui permet d'améliorer ses performances», précise un «padre» en exhibant une savonnette de...1000 DA.
Les «gris-gris» pour Belmadi!
Dans un petit coin sombre, au milieu des poubelles, on découvre le côté «magique» de Tafsit. Des «sorciers» s'y cachent! Ils vous proposent des caméléons, des lézards ou des tortues. Ils sont tous morts et empaillés. «Ils servent à encercler vos proches ou votre bien-aimé», explique l'un de ces commerçants d'un autre genre. Les prix vont de 2000 à 5000 DA la bête. Mais il faudra encore passer chez le «marabout» pour activer ce «Shour». «Il y a un chibani qui vient le soir. Il ne prend pas cher, il est efficace à 100%», ajoute-t-il d'un air des plus sérieux. Croyez- le ou non, certains tombent dans le piège. Comme cette jeune fille que l'on a vu débourser 10 000 DA pour lui mettre sur la main un produit, ainsi qu'une amulette qu'elle offrira à son amant à son retour à Alger. Il est censé venir la demander en mariage dans les jours qui suivront. La CAN s'est aussi invitée dans cette «mini- Afrique». Un jeune homme a, lui, carrément imploré des «gris-gris» pour lever la «malédiction» qui pèse sur Belmadi et ses hommes. Le «Chibani» s'est bien évidemment «exécuté» pour une modique somme. Un véritable dépaysement qui nous plonge dans une ambiance des plus cosmopolites. C'est ce qui fait le charme de Tamanrasset, devenu capitale de l'Afrique... 

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