La cour d’Alger dans la sérénité
Depuis plus d’un mois, le personnel de la cour d’Alger vogue sur des vagues de la «Grande bleue» d’en face. Une calme Grande bleue que regarde, avec ses douloureux souvenirs de la fameuse année 1957 qui vit tomber sous les balles de l’oppresseur français, à longueur d’années, l’avenue des «Fusillés» du «Ruisseau». Pourtant, il y aura presque deux mois, après la nomination – promotion surprise de Lotfi Boudjemaâ, procureur général, au poste de ministre de la Justice, garde des Sceaux, le vide créé après son départ ne se voit pratiquement pas, car la machine était et est bien huilée. En ne laissant derrière lui que Douniazed Guellati, la présidente de la cour d’Alger, ainsi que sa bande de dévoués magistrats du siège, qui continuent ainsi leur petit bonhomme de chemin, épaulés, il faut le reconnaître, par l’ancien procureur-adjoint, Tahar Messaoudi, et son armada de lieutenants. La cour d’Alger continue ainsi, sa route, au milieu du brouhaha des milliers de justiciables qui prennent d’assaut la bâtisse, dès l’ouverture des portes. Du rez-de-chaussée au neuvième étage, nous avons l’impression que le visiteur du jour a, en face de lui, une véritable ruche qui ne « se taira » qu’après 17 heures. Ne resteront, sur place, que les responsables pour réfléchir à ce qu’ils doivent faire le lendemain. Tout le monde est à son poste de travail. Avant tout, les agents du poste de police de la cour d’Alger, qui veillent au grain, de l’incident le plus anodin au plus gros, tous ont l’œil. Ils sont là, mobiles faisant les cent pas, escaladant parfois, et même prestement, les centaines de marches des quatre premiers étages, pour ramener un courrier urgent. Ils prennent l’ascenseur pour le cinq étages suivants, surtout lorsqu’il s’agit d’une urgence signalée. Les fourgons cellulaires sillonnent à longueur de journée le boulevard Fernane Hanafi (ex-chemin Vauban), en tutoyant la statue du héros mexicain Emiliano Zapata, placée au rond-point.
Les indispensables greffiers, en tête, ahanant chaque jour qui passe, pour rendre leur beau sourire aux Algérois, éternellement insatisfaits, et pour cause. La joie de bosser a boosté tout le personnel de la bâtisse, car un de leurs chefs est monté à El Biar s’occuper de toute la magistrature.