La fin d’une brave génération
Au moment où l'on parle avec insistance de la fin d'un cycle de talentueux et excellents joueurs algériens, il est curieux qu'à la même période, certains magistrats touchés par l'âge, n'enfileront plus la fameuse «robe noire», et présider ainsi les audiences tenues au niveau de la Cour suprême. La grande Cour suprême, cette honorable institution, qui vaut beaucoup plus par son rôle de «aire de pratique du droit pur», restera dans les impérissables souvenirs de ces sains magistrats, le symbole de la dignité, de l'honneur, et surtout de l'intégrité. Des juges qui quittent la profession, emmènent avec eux, leur grande, et riche expérience, peut être le coeur gros, avec le secret regret de ne pas avoir tout donné. Surtout pour ceux qui ont exercé durant les années d'insupportables «recommandations» et autres, «instructions orales». Ici, il est bon de préciser la cascade de démissions de magistrats qui ont refusé de servir les «régimes en place», pendant les nombreuses crises qu'a connues notre pays, tout en restant au seul service de l'Algérie! La période la plus ardue, aura été celle de l'hégémonie du parti unique, que des personnes mal intentionnées, ont utilisée à des fins mercantiles, personnelles, loin de tout authentique patriotisme, digne des descendants des initiateurs du 1er novembre 1954. Le magistrat le plus âgé, encore en fonction, ne dépasse pas 75 ans. Sans évoquer le cas des magistrats opprimés à un certain moment de leur carrière. Karima Megari, piétinée, humiliée, puis savamment réhabilitée, par Abderrachid Tabi, garde des Sceaux, ministre de la Jjustice. Abdelghafour Kahoul, alors procureur général-adjoint qui sauta de son poste, de procureur - général près la cour d'Alger, on ne saura jamais pourquoi! Med Mounir Larbaoui, traîné dans la boue, jugé et acquitté trois fois de suite, par le tribunal criminel de Bouira, ce qui fera sursauter son défunt papa, lorsqu'il lira, tranquillement son journal préféré. Il s'écriera sans ponctuation: «Tiens mon fils vient d'être acquitté. J'aurais aimé la date des poursuites, dont il avait fait l'objet.» Aujourd'hui, le grand juge du siège qu'il a été à Blida, Saïda, Chleff et la Cour suprême, Med Mounir Larbaoui s'échine encore à la Cour suprême, avec une lourde responsabilité, qu'il dompte royalement, et sereinement, en tentant d'oublier, les tortures morales qui l'ont certes agacé, mais jamais fait plier l'échine.